Mouvements observés après la perte d’une dent postérieure chez l’adulte au niveau des dents collatérales. 2e partie : paramètres cliniques associés aux mouvements des dents adjacentes à la dent manquante - Cahiers de Prothèse n° 141 du 01/03/2008
 

Les cahiers de prothèse n° 141 du 01/03/2008

 

revue de presse

Caroline Floris  

Les migrations dentaires physiologiques consécutives à la perte d’une dent postérieure sont bien connues chez les enfants et adolescents. En effet, l’ODF permet grâce à des extractions programmées de compenser partiellement ou totalement un encombrement. Ces mécanismes de compensation sont cependant mal connus chez l’adulte.

Une précédente étude de Cragg et al. réalisée en 2004 s’était intéressée aux mouvements non verticaux des dents adjacentes à un...


Les migrations dentaires physiologiques consécutives à la perte d’une dent postérieure sont bien connues chez les enfants et adolescents. En effet, l’ODF permet grâce à des extractions programmées de compenser partiellement ou totalement un encombrement. Ces mécanismes de compensation sont cependant mal connus chez l’adulte.

Une précédente étude de Cragg et al. réalisée en 2004 s’était intéressée aux mouvements non verticaux des dents adjacentes à un édentement. Ils ont démontré que l’amplitude de ces mouvements est maximale lors des 2 années suivant la perte de la dent, puis décroît fortement. De toute évidence, il serait très intéressant de pouvoir prédire ces mouvements. Ils sont, en effet, souvent générateurs de complications (problèmes d’axe, d’espace disponible…) lors des reconstitutions prothétiques de compensation de l’édentement.

Objectifs

Cette étude cherche à mettre en évidence les différents mouvements non verticaux (de version ou de rotation) des dents bordant un édentement afin de mieux comprendre et appréhender nos traitements prothétiques.

Méthodologie

Cette étude a été réalisée à partir de modèles d’étude en plâtre de 100 patients présentant au moins 1 dent postérieure sans antagoniste comparés à 100 modèles de patients témoins (même répartition des 2 populations en âge et en sexe). L’âge moyen des populations étudiées est de 50 ans.

A été considérée comme « postérieure » toute dent à partir de la première prémolaire et comme « sans antagoniste » toute dent dont moins de 20 % de la face occlusale est en contact avec une dent antagoniste en IOIM.

Les patients inclus dans l’étude avaient tous plus de 18 ans et un édentement antérieur d’au moins 5 ans.

Pour chaque modèle, ont été évalués : le surplomb, l’éventuelle béance, l’encombrement et la classe d’Angle ainsi que les degrés de version et de rotation des dents bordant l’édentement.

Résultats

• Au niveau de la dent bordant mésialement l’édentement

Les auteurs montrent que cette dent présente de manière significative une version distale et une rotation plus importantes que son homologue du groupe témoin. On ne note pas de différence significative dans les mouvements de version dans le sens VL.

La version distale de cette dent est plus importante :

– lors de rapports interarcades de type bout à bout ;

– au maxillaire.

Cette version est dépendante des forces appliquées par les antagonistes au cours de la fonction.

La rotation de cette dent est :

– plus marquée au niveau des prémolaires que des molaires ;

– plus marquée à la mandibule.

• Au niveau de la dent bordant distalement l’édentement :

Cette dent présente de manière significative une version mésiale et une rotation plus importantes que son homologue du groupe témoin.

On ne note pas de différence significative dans les mouvements de version en VL.

La version mésiale de la dent distale est significativement plus importante chez :

– les patients présentant un recouvrement antérieur réduit (inférieur à 1/3) ;

– lors de l’absence de guidage antérieur ;

– à la mandibule.

La rotation de cette dent est plus importante :

– au maxillaire ;

– lorsque la dent mésiale a déjà subi une rotation ;

– lorsque le recouvrement antérieur est réduit.

Bien que la différence ne soit pas très significative, les dents bordantes mandibulaires ont tendance à subir plus de versions et de rotations que leurs homologues maxillaires.

Conclusion

Les dents bordant un édentement subissent des mouvements non verticaux au niveau de leur partie coronaire, et leur importance dépend, entre autres, du contexte occlusal. Cette étude permet d’évaluer les facteurs influençant la rotation ou la version des dents bordantes, ce qui est capital dans notre pratique quotidienne.

Il serait intéressant de connaître aussi l’influence d’un édentement au niveau de la partie radiculaire des dents bordantes. En effet, une version des racines des dents bordantes peut minorer un espace nécessaire à une éventuelle mise en place d’un implant.