Taux de survie et facteurs influençant le devenir d’implants placés dans des sites ayant précédemment perdu un implant
 

Les cahiers de prothèse n° 141 du 01/03/2008

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Les implants dentaires font partie de notre arsenal thérapeutique. Leur taux de survie moyen la première année varie entre 92 et 97 %. Ensuite, environ 1 % des implants initialement intégrés sont perdus chaque année (Perry et Lenchewski, 2004). Avec une estimation de 2 millions de nouveaux implants posés par an et des dizaines de millions actuellement en fonction, l’estimation du nombre d’implants en situation d’échec est de 200 à 250 000 par an. Les...


Pourquoi ?

Les implants dentaires font partie de notre arsenal thérapeutique. Leur taux de survie moyen la première année varie entre 92 et 97 %. Ensuite, environ 1 % des implants initialement intégrés sont perdus chaque année (Perry et Lenchewski, 2004). Avec une estimation de 2 millions de nouveaux implants posés par an et des dizaines de millions actuellement en fonction, l’estimation du nombre d’implants en situation d’échec est de 200 à 250 000 par an. Les sites en situation d’échec sont des challenges passionnants pour les praticiens.

Cependant, il n’existe que très peu de données sur ces situations cliniques, car les auteurs communiquent peu sur les échecs. Le retraitement endodontique est bien documenté, les réinterventions en médecine sont décrites pour certaines disciplines. Il semble que pour celles-ci, les taux de succès soient plus faibles que pour les premières interventions. Divers facteurs liés au patient ou au site sont impliqués. En implantologie, il existe une théorie de facteur lié au site (Miyamoto et al., 2005) et une liée au patient (Chuang et al., 2005). Le but de cette étude est d’évaluer le taux de survie des implants posés dans des sites qui avaient reçu un implant qui a échoué et a été retiré. De plus, des facteurs qui pourraient influencer le devenir de ces implants ont été analysés.

Comment ?

Il s’agit d’une étude rétrospective qui porte sur les implants placés dans des sites en situation d’échec. Au total, 85 implants ont été perdus chez 59 patients ; 3 patients n’ont pas souhaité reposer des implants (6). Les 56 patients restants (79 implants) ont satisfait aux critères d’inclusion de l’étude. La même marque d’implant a été reposée (3I, Miss, Steri-Oss, ou Zimmer dental) par le même opérateur que lors de la première intervention. Les patients ont reçu un traitement parodontal préalable à la repose de l’implant.

Et alors ?

Sur les 56 patients inclus dans l’étude, 79 implants ont été reposés et suivis sur une période de 7 à 78 mois (moyenne 30 mois). Treize de ces implants ont dû être déposés ce qui représente un taux de survie de 83,5 %. Parmi les patients de l’étude, 35 étaient non-fumeurs, 15 fumeurs et 6 anciens fumeurs. Les premiers implants perdus avaient une longueur médiane de 13 mm et de 4 mm de diamètre. La plupart ont été perdus avant la mise en charge (médiane : 3 mois). Les raisons du retrait étaient la mobilité 69,5 %, l’inflammation et la suppuration (23,2 %), une douleur chronique (7,3 %). Les implants reposés l’ont été en moyenne 4 mois après la dépose. Ils mesuraient 13 mm de long et 4 mm de diamètre en moyenne. Trente-cinq de ces implants ont été posés enfouis, et 24 ont été exposés pendant la cicatrisation sans que cela n’affecte le taux de survie. Le type d’implant, la connexion prothétique, le type de chirurgie, le tabac et la localisation sur l’arcade ne semblent pas influencer le taux de survie.

À RETENIR :

La plupart des conférences ou articles communiquent sur des succès cliniques et très peu de publications relatent des situations d’échecs. Les échecs implantaires représentent néanmoins de 200 à 250 000 implants par an dans le monde ! Existe-t-il des sites à risque ou des patients à risque ? Existe-t-il des facteurs qui influencent le devenir des implants qui sont reposés dans des sites en situation d’échec initiale ? Cette étude analyse de façon rétrospective 79 implants reposés sur 56 patients qui ont perdu précédemment 1 ou plusieurs implants. Le même type d’implant (médiane : 13 mm de long et 4 mm de diamètre) a été reposé par le même opérateur 4 mois après la dépose du premier. Le taux de survie de cette seconde série d’implants est seulement de 83,5 % (13 pertes). Le type d’implant, la connexion prothétique, le type de chirurgie, le tabac et la localisation sur l’arcade ne semblent pas influencer le taux de survie. D’autres études pour déterminer les facteurs de risques de pertes d’implants sont indispensables.

Cette étude, bien que rétrospective, analyse les facteurs susceptibles d’influencer le taux de survie des implants placés dans des situations d’échec.

Les taux de survie des implants reposés dans des sites qui ont déjà perdu un implant sont plus faibles (83,5 %) que ceux des implants placés en première intention (92 à 97 %). Les facteurs d’influence ne sont pas mis en évidence par cette étude. Le débat sur l’influence du site ou du patient n’est pas tranché. D’autres études sont nécessaires.