Taux de survie implantaire plus faible à 10 ans pour des patients implantés après traitement chirurgical de tumeurs cancéreuses, par rapport à d’autres patients implantés, non malades
 

Les cahiers de prothèse n° 141 du 01/03/2008

 

revue de presse

Stéphane Viennot  

Objectifs

Dans le cadre des restaurations prothétiques en odontologie, les thérapeutiques implantaires sont plus fréquemment utilisées après résections tumorales et radiothérapie postchirurgicale, bien que ce lourd contexte médical ait longtemps contre-indiqué ce type d’intervention. Aussi, trop peu d’études à long terme se sont intéressées au suivi de ces implants et des thérapeutiques prothétiques associées. Le but de cette étude est d’évaluer le taux de...


Objectifs

Dans le cadre des restaurations prothétiques en odontologie, les thérapeutiques implantaires sont plus fréquemment utilisées après résections tumorales et radiothérapie postchirurgicale, bien que ce lourd contexte médical ait longtemps contre-indiqué ce type d’intervention. Aussi, trop peu d’études à long terme se sont intéressées au suivi de ces implants et des thérapeutiques prothétiques associées. Le but de cette étude est d’évaluer le taux de survie à long terme des implants dentaires et des prothèses implanto-portées, chez les patients ayant subi une résection tumorale suite à des cancers oro-faciaux.

Méthodologie

Au total, 93 patients (63 hommes, 30 femmes), âgés en moyenne de 59 ans (de 26 à 89 ans), ont reçu 435 implants après résection d’une tumeur de la tête ou du cou. Parmi eux, 29 patients ont également été traités par radiothérapie postchirurgicale avant la mise en place des implants. Les facteurs liés à la survie ou à la perte des implants ont été étudiés pendant une période moyenne de 10,3 ans (de 5 à 161 mois). Les restaurations prothétiques ont été évaluées en tenant compte des complications habituelles et des problèmes techniques les plus fréquents. Les résultats ont été statistiquement analysés.

Résultats

Parmi les 435 implants étudiés, 43 ont été perdus. Les taux de survie étaient de 92 % à 3,5 ans, 84 % à 8,5 ans, 69 % à 13 ans. Pour 6 patients décédés, leurs 28 implants ont été comptabilisés comme perdus ; 29 patients irradiés ont reçu 124 implants parmi lesquels 6 ont été perdus avant la restauration prothétique. Un nombre peu élevé de complications techniques a été observé sur les 78 prothèses amovibles sur barre implantaire réalisées chez 68 patients. Parallèlement, il n’a pas été relevé d’échec technique ou de problèmes liés aux composants sur les 25 restaurations prothétiques fixées sur implant.

Conclusion

Cette étude montre qu’après résection de tumeurs cancéreuses oro-faciales et sans tenir compte des protocoles de traitement anti-cancéreux, les prothèses implanto-portées affichent des taux de survie à long terme inférieurs à ceux existant chez les patients non malades. La fixation rigide des prothèses implanto-portées (prothèse scellée ou vissée) semble minorer le taux de complications. Le faible taux de survie implantaire est dû au taux de mortalité plus haut parmi ces patients et non pas à un manque d’ostéointégration.