Un ou deux temps chirurgicaux pour le traitement de l’édentement complet mandibulaire par prothèse fixée ? - Cahiers de Prothèse n° 141 du 01/03/2008
 

Les cahiers de prothèse n° 141 du 01/03/2008

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Le but de cette étude est de comparer les taux de survie et de complications d’un système implantaire utilisé avec une technique enfouie (2 temps) ou non enfouie (1 temps) pour traiter un édentement complet mandibulaire. En effet, la seconde intervention est souvent mal perçue par les patients et génère des coûts supplémentaires. Seule la partie chirurgicale est ici différente. La prothèse est réalisée pour les 2 groupes après 3 à 4...


Pourquoi ?

Le but de cette étude est de comparer les taux de survie et de complications d’un système implantaire utilisé avec une technique enfouie (2 temps) ou non enfouie (1 temps) pour traiter un édentement complet mandibulaire. En effet, la seconde intervention est souvent mal perçue par les patients et génère des coûts supplémentaires. Seule la partie chirurgicale est ici différente. La prothèse est réalisée pour les 2 groupes après 3 à 4 mois.

Comment ?

Un total de 80 patients a été inclus dans cette étude au sein de 9 cliniques en Suède et en Norvège. L’examen préopératoire a été réalisé par un chirurgien et un prothésiste. L’attribution du traitement a été réalisée de façon aléatoire par enveloppe. Au total, 404 implants usinés du système Brånemark (standard et MKII) ont été posés sous anesthésie locale, 198 selon un protocole non enfoui et 206 en 2 temps. Le suivi a été de 36 mois après la mise en fonction de la prothèse. Des piliers classiques et leurs coiffes de protection ont été posés dans le protocole en 1 temps. Les prothèses complètes ont été rebasées à 1 et 3 semaines. Le suivi des prothèses durant la cicatrisation n’est pas bien décrit. Les prothèses fixées ont été réalisées dans les 2 groupes après 3 ou 4 mois. Des radiographies péri-apicales ont été réalisées pour suivre le niveau osseux.

Et alors ?

Sur les 404 implants posés, 241 étaient standard et 163 des MKII. Pendant la phase de cicatrisation, un total de 22 implants a été perdu (5,4 %). Après la pose de la prothèse, aucun implant n’a été perdu.

Dans le groupe en 1 temps, 17 implants ont été perdus avant la connexion de la prothèse, ce qui représente un taux de survie cumulatif de 91,4 %. Dans le groupe en 2 temps, 5 implants ont été perdus avant la connexion de la prothèse, ce qui représente un taux de survie cumulatif de 97,6 %. Les échecs ne sont pas corrélés au type ou à la longueur des implants ni à la densité osseuse. Les examens radiographiques n’ont pas été réalisés comme prévu.

À RETENIR :

Il existe historiquement deux conceptions du traitement implantaire. Le système Brånemark était l’initiateur d’un implant avec une partie intra-osseuse posée lors d’une première intervention et une partie transgingivale posée lors d’une seconde intervention. Un autre groupe utilisait des implants avec une partie transgingivale solidaire de la partie intra-osseuse qui ne nécessitaient qu’une seule intervention. Les deux systèmes présentent des études cliniques à long terme bien documentées. L’utilisation d’un système implantaire en deux parties selon un protocole en 1 temps chirurgical semble montrer des résultats prometteurs. Au moment où cette étude a été initiée, il n’existait aucune étude prospective comparative entre les protocoles en 1 ou 2 temps chirurgicaux. Un groupe de 80 patients consécutifs a été inclus dans l’étude. Des implants Brånemark ont été posés (241 standard et 163 MK II). La prothèse a été réalisée selon le protocole standard après 3 à 4 mois.

Pour le groupe des implants enfouis, on note un taux de survie de 97,6 % et pour le groupe non enfouis, un taux de survie de 91,4 %. Tous les implants ont été perdus avant la connexion de la prothèse. Selon ce protocole, la technique en 2 temps chirurgicaux entraîne moins de pertes d’implants. Un autre protocole avec mise en charge immédiate ou précoce des implants serait utile pour évaluer un autre paramètre essentiel.

L’attribution du type de traitement est bien randomisée, mais il existe 2 types d’implants dont le critère de choix n’est pas précisé. On retrouve des résultats dans la méthodologie, ce qui nuit à la qualité de l’étude.

La conclusion de l’étude sur l’équivalence des deux options est discutable. En effet, une différence de 6,2 % de taux de survie est importante cliniquement. La méthodologie de l’étude explique probablement ce faible taux de survie. L’utilisation d’implants usinés, avec leurs piliers classiques sous une prothèse amovible dont le suivi est mal assuré, génère des forces nuisibles à une bonne ostéointégration initiale. La connexion rapide des implants semble désormais, selon d’autres études, la règle dans la zone antérieure mandibulaire.