Étude prospective sur 10 ans d’implants posés chez des patientes atteintes de parodontite agressive - Cahiers de Prothèse n° 142 du 01/06/2008
 

Les cahiers de prothèse n° 142 du 01/06/2008

 

revue de presse

Sarah Amr  

Objectifs

Différentes études ont été réalisées sur l’ostéointégration des implants chez des sujets, à parodonte sain, traités dans le cadre d’une réhabilitation prothétique suite à des édentements partiels ou totaux. Cependant, très peu d’études mentionnaient un suivi à long terme des implants posés chez des sujets traités pour une parodontite agressive généralisée.

Cette étude prospective a pour objectif de comparer, sur une période de 10 ans,...


Objectifs

Différentes études ont été réalisées sur l’ostéointégration des implants chez des sujets, à parodonte sain, traités dans le cadre d’une réhabilitation prothétique suite à des édentements partiels ou totaux. Cependant, très peu d’études mentionnaient un suivi à long terme des implants posés chez des sujets traités pour une parodontite agressive généralisée.

Cette étude prospective a pour objectif de comparer, sur une période de 10 ans, l’ostéointégration des implants entre 5 sujets à parodonte sain et 5 sujets atteints de parodontite agressive généralisée. La comparaison portait sur des aspects cliniques, microbiologiques et radiologiques.

Méthodologie

Le groupe témoin était formé de 3 femmes et de 2 hommes, âgés de 20 à 51 ans. Tous présentaient au niveau parodontal un sondage n’excédant pas 3 mm et une absence totale de saignement au sondage sur toutes les dents présentes, 121 au total.

Les dents absentes pour des raisons traumatiques ou d’agénésie ont été remplacées par 7 implants : 3 à la mandibule et 4 au maxillaire.

Le groupe étudié était formé de 5 femmes, âgées de 31 à 44 ans, atteintes de parodontite agressive généralisée. Cette parodontopathie a été diagnostiquée selon les critères de Page et al. Aucune des participantes n’était sujette à des pathologies systémiques. Au début de l’étude, ces 5 femmes ont été examinées 2 à 4 semaines avant les extractions programmées des dents non conservables, puis 3 semaines après la pose d’implants.

Un suivi régulier tous les 3 mois et sur 10 ans a été réalisé.

À chaque séance, des paramètres cliniques (l’indice de plaque, l’indice gingival, la profondeur des poches, les récessions parodontales, le niveau de perte d’attache, le saignement au sondage) ont été notés au niveau des 4 faces pour chaque dent (mésiale, distale, vestibulaire et linguale). Outre ces paramètres cliniques, la composition de la flore microbienne a été déterminée et des clichés radiologiques ont été pris le jour de la pose, puis après 1, 3, 5, 8 et 10 ans.

Résultats

Les sujets atteints de parodontite agressive généralisée présentaient un indice gingival autour des implants significativement plus élevé que les sujets à parodonte sain. Aucune différence n’a été relevée entre les 2 groupes concernant la profondeur au sondage autour des implants qui ne dépassait pas 4 mm. L’indice de plaque était le même pour les dents et les implants, mais aussi pour les 2 groupes étudiés. La profondeur au sondage, autour des dents, était plus élevée chez les sujets atteints de parodontite agressive par rapport au groupe témoin. Dans le groupe test, les implants ont montré une perte d’attache significativement plus importante de 2,4 mm. La perte osseuse autour des implants était supérieure de 2,07 mm dans le groupe test la première année suivant la pose et sur les 9 ans de suivi (+ 1,3 mm). Concernant les tests microbiologiques, on observait chez les sujets malades moins de cocci, un nombre croissant, au fil des années, des spirochètes et des bactéries fusiformes autour des dents et des implants par rapport aux sujets sains.

Le taux de survie des implants chez les sujets atteints de parodontite agressive généralisée était de 83,3 % à 10 ans. Celui des sujets à parodonte sain était de 100 %.

Conclusion

Cette étude clinique prospective sur 10 ans montre que les sujets partiellement édentés et traités pour une parodontite agressive généralisée peuvent être réhabilités, avec succès, par des implants. Cependant, la perte osseuse ainsi que la perte d’attache observées chez ces sujets sont plus élevées que chez les sujets à parodonte sain et les taux de survie implantaire sont plus bas. Cette étude mériterait un échantillon plus large pour donner davantage de poids aux résultats.