Mouvements observés après la perte d’une dent postérieure chez l’adulte : étude des paramètres cliniques associés à la présence d’interférences occlusales au niveau de la dent antagoniste à l’édentement - Cahiers de Prothèse n° 142 du 01/06/2008
 

Les cahiers de prothèse n° 142 du 01/06/2008

 

revue de presse

Caroline Floris  

Objectifs

Les mouvements dentaires consécutifs à la perte d’une dent postérieure peuvent altérer la forme des arcades ainsi que les courbes occlusales. Ces phénomènes peuvent être responsables d’interférences occlusales.

Le but de cette étude est de déterminer les paramètres cliniques en rapport avec des prématurités en RC et des interférences occlusales associées à la perte d’une dent postérieure.

Méthodologie

Cette étude a été...


Objectifs

Les mouvements dentaires consécutifs à la perte d’une dent postérieure peuvent altérer la forme des arcades ainsi que les courbes occlusales. Ces phénomènes peuvent être responsables d’interférences occlusales.

Le but de cette étude est de déterminer les paramètres cliniques en rapport avec des prématurités en RC et des interférences occlusales associées à la perte d’une dent postérieure.

Méthodologie

Cette étude a été réalisée à partir de modèles d’étude en plâtre de 100 patients présentant au moins 1 dent postérieure sans antagoniste comparés à 100 modèles de patients témoins (même répartition des 2 populations en âge et en sexe). L’âge moyen des populations étudiées était de 50 ans.

Était considérée comme « postérieure » toute dent à partir de la première prémolaire et comme « sans antagoniste » toute dent dont moins de 20 % de la face occlusale était en contact avec une dent antagoniste en ICM.

Les patients inclus dans l’étude avaient tous plus de 18 ans et un édentement antérieur d’au moins 5 ans.

Pour chaque modèle, ont été évalués : le surplomb, l’éventuelle béance, l’encombrement et la classe d’Angle ainsi que les degrés de version et de rotation des dents bordant l’édentement.

Les examens cliniques cherchaient à mettre en évidence (grâce à du papier articulé 8 µ de différentes couleurs) d’éventuelles prématurités en RC ou interférences occlusales au niveau de la dent antagoniste à l’édentement.

Les paramètres cliniquement étudiés au niveau de cette dent étaient :

– la présence de contacts en RC ;

– les interférences lors des mouvements de propulsion ;

– les interférences lors des mouvements de diduction : du côté travaillant et non travaillant.

Résultats

1. Contacts prématurés en RC

Comme les auteurs s’y attendaient, ils sont associés de façon significative au degré de supra-éruption de la dent antagoniste à l’édentement. Ont été relevés 53 % de contacts prématurés en RC sur cette dent dans le groupe édenté versus 12 % sur son homologue du groupe contrôle.

2. Interférences lors des mouvements de propulsion

Ces interférences ne sont notables que dans le cas des édentements encastrés. En effet, s’il n’existe pas de dent bordant distalement l’édentement, la dent antagoniste sera complètement affranchie de tout contact occlusal lors de la cinématique de propulsion.

Ces interférences occlusales sont corrélées à la présence et à la position de la dent bordant distalement un édentement encastré. Les auteurs ont constaté que plus cette dent est versée mésialement, moins elle a de risque d’entrer en contact avec la dent antagoniste lors des mouvements d’excursion mandibulaires (on notera donc moins d’interférences en propulsion), mais plus la restauration de l’édentement sera complexe.

On constate que ces interférences lors de la propulsion sont influencées négativement par la présence de contacts prématurés en RC et sont généralement associées à la présence de contacts non travaillants lors des diductions.

3. Interférences lors des mouvements de diduction : du côté travaillant

Elles sont significativement associées à la version distale des cuspides de la dent bordant mésialement l’édentement ainsi qu’à la présence de contacts en RC.

4. Interférences lors des mouvements de diduction : du côté non travaillant

Elles ne sont associées, mais de manière peu significative, qu’à la présence d’interférences lors de la propulsion.

Conclusion

Les dents postérieures sans antagonistes sont significativement responsables de plus de contacts prématurés en RC ou d’interférences que leurs homologues du groupe contrôle. Nombre de ces dents présentent plusieurs types d’interférences qui sont interdépendantes.

La présence de ces multiples types d’interférences joue un rôle dans la stabilité occlusale, peut générer des traumas occlusaux et complexifie la restauration prothétique de l’édentement. Il paraît alors important, avant d’envisager la restauration prothétique d’un édentement postérieur non compensé depuis plus de 5 ans, de prendre le temps d’une analyse occlusale précise. Elle permettra certainement de gagner beaucoup de temps au moment des essais et réglages de la prothèse.