Bridges inlays-onlays pour le traitement des édentements unitaires : formes cliniques - Cahiers de Prothèse n° 145 du 01/03/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 145 du 01/03/2009

 

Prothèse fixée

Tomasz Kondracki*   Jean-Luc Pigot**   Michel Machureau***  


*Attaché d’enseignement associé
Département de prothèse fixée et d’implantologie
Institut de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris
Clinique dentaire « Art Dental » à Varsovie, Pologne
**Chef de département d’implantologie, professeur à l’UFR de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris
***Ancien chef de département prothèse fixée, professeur à l’UFR de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale, CHU Pitié-Salpêtrière, Paris
Institut de stomatologie et de chirurgie maxillo-faciale
CHU Pitié-Salpêtrière
47-83, Boulevard de l’hôpital
75651 Paris Cedex 13

Résumé

La conception des bridges inlays-onlays métalliques est le fondement de la prothèse fixée non invasive et esthétique. Le protocole de réalisation, tout en restant simple, s’est amélioré avec le développement de nouveaux biomatériaux et permet d’obtenir des résultats cliniques éprouvés. Les inlays-onlays, utilisés comme moyens d’ancrage de petits bridges, allient le souci d’économie tissulaire à celui d’une résistance et d’une rétentivité de haute performance, permettant de bénéficier d’un scellement traditionnel. Dans la réhabilitation d’édentements unitaires par des bridges inlays-onlays, la vitalité pulpaire des dents piliers est préservée et le risque de déséquilibre des conditions occlusales antérieures est insignifiant. Les bridges inlays-onlays constituent une solution avantageuse dans les situations où l’emploi d’autres techniques est contre-indiqué, limité ou se trouve simplement en concurrence avec les premiers. Par ailleurs, le grand nombre de configurations possibles des bridges inlays-onlays permet d’apporter une solution à la plupart des cas cliniques, d’où leur intérêt majeur.

Summary

Inlay-onlay bridges for replacing a single missing tooth : comparative analysis with other technics

Metallic inlay-onlay bridges are a solution for non-invasive and aesthetic dentistry. The procedure of their realization, while remaining simple, was improved with the development of modern biomaterials and allows to reach highly predictable results, based on long-term follow-up period. The partial coronal preparations used as anchorage for small bridges ally tissue preservation with the resistance and the high performance of the retainers, hence allowing a traditional cement luting. When a single missing tooth is treated with inlay-onlay bridges, the tooth vitality is preserved, hence diminishing the impact on preexistent occlusal conditions. It’s an advantageous option when others therapeutic methods are contraindicated, limited or alternatives. Moreover, thanks to the many possible configurations of inlay-onlay bridges, a solution can be proposed to any given clinical case.

Key words

adhesive bridge, inlay-onlay bridge, single implant restoration, single missing teeth

Pour traiter les édentements unitaires par prothèse fixée, les solutions thérapeutiques actuelles sont très nombreuses. Elles dépendent d’une part de l’état pulpaire des ancrages potentiels et de l’état osseux de la zone édentée et, d’autre part, du choix du biomatériau. Parmi les solutions prothétiques les plus fréquemment utilisées, on peut citer :

– les bridges à ancrage périphérique complet ou corono-radiculaire ;

– les bridges à ancrage coronaire partiel ;

– les bridges collés ;

– les couronnes unitaires sur implant.

Ce vaste choix de solutions thérapeutiques permet la sélection de l’option la mieux adaptée aux conditions cliniques présentes, mais peut aussi poser le problème du choix du traitement le plus approprié aux besoins du patient. Dans cette optique, les compétences du praticien et son devoir de conseil restent décisifs dans le juste choix du traitement prothétique. Les bridges inlays-onlays ont été les premières reconstructions prothétiques permettant de préserver l’esthétique naturelle des dents piliers, et en même temps leur vitalité.

L’utilisation des préparations coronaires partielles a marqué ainsi le début du développement de la dentisterie non invasive et esthétique. Avec les progrès dans le domaine des biomatériaux, nous avons assisté à l’évolution des systèmes de connexion des pièces prothétiques sur les dents piliers. Cette évolution, ayant pour but de limiter la mutilation des tissus durs et d’améliorer le résultat esthétique, a abouti à diminuer l’ampleur des formes géométriques de rétention pour les remplacer par des moyens physico-chimiques de collage. Actuellement, l’utilisation des implants a bouleversé cette situation, où la préparation des dents adjacentes n’est plus nécessaire. La relative simplicité et la fiabilité du traitement avec des bridges inlays-onlays traditionnels, qui est cependant devenu moins usité de nos jours, méritent qu’on rappelle son utilisation et qu’on porte quelques regards critiques sur d’autres techniques, utilisées dans la réhabilitation d’édentements unitaires.

Description

Les inlays-onlays piliers de bridge sont des dispositifs de prothèse fixée s’agrégeant sur les dents piliers par incrustation partielle mixte : intrinsèque et extrinsèque. Il est nécessaire de faire une distinction entre ces derniers et les inlays-onlays d’obturation destinés à la reconstruction partielle des dents cariées.

Tout d’abord, les inlays-onlays, moyens d’ancrage de bridge, allient le souci d’économie tissulaire à celui de rétention de haute performance lors de la préparation des piliers [1-8]. Cette dernière est obtenue grâce à la variation et à la complexité de forme des préparations : épaulement/congé ou biseau simple, rainures occlusales et proximales, boîtes, tenons dentinaires, cannelures, queue d’aronde. Les bridges inlays-onlays peuvent être prescrits dans la réhabilitation des édentements unitaires postérieurs et antérieurs bien que ces derniers demandent plus de maîtrise de la part du praticien.

Les modalités des préparations varient selon le secteur de la zone édentée et la configuration voulue par leurs concepteurs, dont elles portent souvent le nom [1, 4, 9-14] :

• les préparations coronaires partielles des dents antérieures intègrent des rainures comme les onlays 3/4 (fig. 1 et 2) ou des tenons dentinaires (fig. 3, 4, 5, 6 et 7) comme les onlays en Y, onlays de Knabik, inlays de Bourges ;

• parmi les préparations des dents postérieures, figurent l’onlay de Mac Boyle, voire l’inlay-onlay 3/5 (fig. 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17 et 18), l’onlay à reconstruction occlusale de Peter Thomas, l’onlay à arçon de Boisson (fig. 19 et 20) et l’onlay MOD de Ward.

Dans les cas de contre-indications locales relatives aux bridges inlays-onlays, il est possible de recourir à :

– l’onlay de Klaffenbach dans les cas d’une malposition dentaire ;

– l’inlay/taquet d’appui (contre-inlay) dans les cas de mobilité et/ou de malposition d’un des piliers (fig. 21 et 22).

Indications et contre-indications

Dans le cadre de la réhabilitation intéressant un édentement unitaire par un bridge inlay-onlay, l’âge est un facteur essentiel en raison du volume de la pulpe dentaire. Il conditionne donc la réalisation d’ancrages qui ne doivent pas porter atteinte à la vitalité des dents. Ceci explique que les sujets adultes ou d’âge mûr, à la pulpe rétractée, voire atrophiée, soient mieux adaptés à ce traitement. Cependant, cette indication pourrait aussi être retenue chez des patients jeunes présentant physiologiquement une pulpe rétractée. Les inlays-onlays métalliques présentent un champ d’indications large et peuvent servir d’ancrage pour :

– un petit bridge ;

– une attelle ;

– un bridge-attelle ou une attelle-bridge ;

– une reconstruction occlusale globale ;

– un petit bridge mixte, associant une coiffe complète avec une coiffe partielle.

Quant à la réalisation d’un bridge inlay-onlay sur dents pulpées, théoriquement, il n’existe pas de contre-indication médicale absolue. Pourtant, parmi les contre-indications majeures, il faut citer : les cardiopathies à haut risque, hémopathies graves, insuffisance rénale chronique, état cancéreux évolutif, troubles immunitaires et neurologiques importants. Dans les cas de cardiopathies à risque, leur réalisation est possible si les conditions pulpaires et parodontales sont favorables à la préparation. Il faut bien considérer le volume pulpaire à l’aide de clichés rétroalvéolaires précis, éviter les rainures trop profondes afin de réduire au maximum le risque de nécrose pulpaire. Si l’acte thérapeutique est garanti exsangue (préparation supra-gingivale), l’antibioprophylaxie est inutile [15].

En ce qui concerne les bridges inlays-onlays, la présence d’une hyposialie et de xérostomie primaire ou secondaire (traitement pharmacologique sialoprive ou radiothérapie) favorise le développement d’une flore hautement cariogène et expose les patients au risque important de reprise des caries et des surinfections. C’est pourquoi les troubles sévères de la sécrétion salivaire, responsables de la sécheresse buccale, doivent être considérés comme des contre-indications à la réalisation de bridges inlays-onlays. Il existe aussi une catégorie de contre-indications relatives, dans laquelle un certain nombre de complications potentielles peut survenir dans l’avenir, notamment celles en rapport avec l’évolution de la pathologie et le pronostic de l’état systémique du patient (par exemple : le traitement en cours, l’hygiène de vie, la profession).

L’indication essentielle des bridges inlays-onlays est le remplacement d’une dent postérieure maxillaire ou mandibulaire et d’une incisive, le plus souvent mandibulaire. Les indications des bridges inlays-onlays en secteur antérieur sont envisageables, mais exigent beaucoup d’habileté lors de la préparation des ancrages (fig. 3, 4, 5, 6 et 7). Le remplacement d’une incisive ou d’une canine maxillaire est considéré comme le plus difficile à réaliser en raison des exigences esthétiques et biomécaniques. Le résultat esthétique objectif dépend de la position relative des piliers (rotation axiale) et des propriétés optiques des tissus durs (translucidité). En pratique, pour éviter la préparation des dents antérieures, on utilise le plus souvent 2 coiffes partielles jumelées, sur les dents postérieures, portant un inter en extension fig. 12 et 13). Le principe de l’extension n’est évidemment valable qu’en position mésiale par rapport aux piliers. Une extension en forme d’entretoise peut exceptionnellement être envisagée si on veut éviter la préparation d’une canine saine prenant en charge le guidage antérieur. Cette conception implique l’absence totale de sollicitation occlusale sur la dent en extension et des mesures d’hygiène efficaces évitant tout dépôt de plaque bactérienne sous l’entretoise (fig. 15, 16 et 17).

La technique de bridge inlay-onlay, outre le remplacement d’une dent manquante, permet aussi d’immobiliser un bloc de dents, le bridge devient alors un bridge-attelle ou une attelle-bridge. Cette indication concerne le plus souvent la région mandibulaire antérieure.

Les contre-indications locales aux inlays-onlays en tant que piliers de bridges sont les suivantes :

– dents dépulpées ;

– dents trop courtes et fragiles ;

– dents à pulpe volumineuse ;

– sensibilité à la carie ;

– dents hypersensibles ;

– malposition trop prononcée par rapport aux autres piliers ;

– synthèse des données de l’examen de l’occlusion défavorable ;

– mobilité excessive d’un ou des piliers ;

– visibilité évidente du métal ;

– absence d’hygiène.

Rôle de l’alliage

Le choix de l’alliage doit être exclusivement fait par le praticien. La résistance mécanique du métal doit être élevée (supérieure à 200 dans l’échelle de Vickers), il doit être rigide, de faible élasticité, l’inverse pouvant entraîner une déformation des ancrages ou une fracture de l’extension au cours de la mastication. Dans le cas d’une extension en forme d’entretoise, la forme de celle-ci et son diamètre sont à prendre en considération. L’alliage utilisé doit également reproduire parfaitement des détails apportés à la préparation et garantir leur ajustage à celle-ci. Les inlays-onlays métalliques confectionnés en alliage à haute teneur en or et platine présentent une très bonne biocompatibilité et une excellente étanchéité due à la technique de coulée. Il faut donc utiliser un alliage d’or platiné et palladié. Le Verinor® (Degussa), par exemple, qui est un alliage blanc, répond à toutes ces exigences. L’aspect métallique des bridges inlay-onlays est perçu quelquefois comme peu élégant. Le choix de l’alliage de couleur jaune peut atténuer cet inconvénient. Pour des raisons esthétiques et sociales, des bridges inlays-onlays, surtout réalisés dans le secteur antérieur, peuvent être coulés en alliage jaune – Degudent H® (Degussa) par exemple – qui tout en ayant de bonnes propriétés mécaniques peut améliorer le résultat esthétique et le confort du patient.

Complications

Au cours de la réalisation ou du fonctionnement des bridges inlay-onlays, les complications peuvent conduire à l’échec. Elles sont d’ordre biologique, mécanique ou esthétique.

Les premières peuvent survenir immédiatement, suite à la lésion pulpaire accidentelle, soit à court terme, par nécrose spontanée (secondaire à la préparation sur dents pulpées), soit à moyen terme, par la reprise de carie liée à une insuffisance de nettoyage des bords ou défaut d’ajustage du bord métallique sur la ligne de finition de la préparation.

Le descellement du bridge inlay-onlay est la principale complication d’ordre mécanique. Elle est due essentiellement à la faible rétention du bridge inlay-onlay (une faible profondeur de la préparation, le non-respect du parallélisme des parois, l’absence de contours anguleux et complexes, la différence de valeur de rétention entre les types d’ancrage). La déformation plastique ou la fracture de l’armature métallique interpiliers ou de l’extension risquent de survenir quand la résistance de l’alliage utilisé est insuffisante. Enfin, la prévention des complications d’ordre esthétique (visibilité directe et indirecte de l’armature) est fonction des conditions anatomiques (morphologie et position des piliers) et de la position de la ligne de sourire. Elles doivent être prises en compte dans l’indication des bridges inlays-onlays du secteur antérieur. La maîtrise de la technique par le praticien est également prépondérante.

Discussion

La démarche prothétique a évolué, tentant de répondre à la demande esthétique tout en intégrant le concept de moindre mutilation dentaire. Les bridges inlays-onlays à ancrage coronaire partiel sur dents pulpées offrent un compromis avantageux, en ce sens qu’ils ne sont pas trop invasifs, et que les risques d’agression pulpaire ou parodontale restent minimes [12, 16, 17]. Du point de vue biomécanique, la rétention des préparations est élevée, et le système prothétique travaille dans la sécurité offerte par la proprioception naturelle grâce au desmodonte (tableau I). Grâce à la complexité géométrique de la préparation, tous les mouvements de liberté de la pièce prothétique sont bien neutralisés, et sa rétention est très performante.

À l’époque de la description des bridges inlays-onlays métalliques, le scellement traditionnel était le seul moyen de fixation « définitif » d’une reconstruction prothétique. Il constituait un facteur essentiel dans la recherche et la réalisation des ancrages coronaires de haute performance rétentive, qui s’inscrivent dans le concept de moindre mutilation. Actuellement, le ciment traditionnel reste un moyen suffisant de fixation définitive, et joue le rôle d’un simple joint dans ce type de reconstruction, mais l’utilisation d’un matériau adhésif peut être aussi envisagée. Ces bridges restaurant une molaire ou une prémolaire non seulement résistent bien dans le temps aux charges occluso-fonctionnelles, mais sont aussi les restaurations potentiellement les moins déstabilisantes pour l’équilibre occlusal parmi toutes les reconstructions de prothèse fixée. Si les conditions d’occlusion doivent être favorables pour retenir l’indication du bridge inlay-onlay, elles sont moins exigeantes que celles requises dans le cas d’un traitement implantaire ou d’un bridge collé.

Le traitement est particulièrement indiqué en présence de petites caries ou d’obturations qui peuvent être bien incorporées dans la préparation, mais leur absence n’exclut pas la possibilité de réalisation des ancrages. Il faut plutôt les considérer comme une opportunité dans ce choix de traitement (fig. 5, 6 et 7, 10, 11 et 12).

Les préparations coronaires partielles présentent un avantage majeur : elles peuvent être associées aux autres genres de reconstructions fixées classiques (coiffe complète ou coiffe corono-radiculaire). Cette précieuse possibilité permet d’opter pour un choix prothétique conventionnel : remplacer une dent au moyen d’un bridge inlay-onlay mixte. En pratique, elle sert très souvent à restaurer une canine incluse ou une prémolaire maxillaire (fig. 1, 2 et 18). Les prémolaires maxillaires (ayant un taux élevé de fractures) et les molaires (atteintes précocement par la carie) nécessitent plus souvent d’être couronnées. Elles peuvent donc servir de piliers de reconstruction dans les bridges inlays-onlays mixtes. En dernier lieu, bien que le temps d’exécution soit incontestablement réduit par rapport à la technique implantaire, la réalisation des bridges inlays-onlays doit être réservée à des praticiens avertis et à l’utilisation du matériel adapté.

Avantages des bridges inlays-onlays

• piliers naturels : propriétés viscoélastiques (amortissement des charges occluso-fonctionnelles et même parafonctionnelles) ;

• préparation des piliers a minima :

– préservation de la vitalité pulpaire ;

– économie tissulaire ;

– préservation d’un choix thérapeutique plus large pour l’avenir ;

• reconstruction altérant la surface anatomique et les tissus parodontaux de façon insignifiante et, par conséquent, risque minimal de pathogénicité de la prothèse ;

• absence d’incidence sur les conditions occlusales existantes ;

• circonstances extrêmement propices au traitement : exploitation dans la préparation des ancrages des petites caries ou obturations existantes sur les dents bordant la zone édentée ;

• court délai de réalisation (2-3 séances) ;

• confort de la prothèse fixée ;

• théoriquement, absence de risque infectieux à distance ;

• seule alternative de prothèse fixée (avec le bridge collé) valable dans les cas de contre-indications générales absolues à la chirurgie buccale ;

• très grand recul, longévité particulièrement élevées parmi les reconstructions de prothèse fixée.

Inconvénients du bridge inlay-onlay

• atteinte à l’intégrité du tissu dentinaire dans le cas d’une dent intacte ;

• risque de nécrose pulpaire, aussi minime soit-il ;

• quelquefois légère visibilité directe ou indirecte du métal ;

• difficulté et rigueur lors de la réalisation ;

• nécessité d’une expérience solide de la part du praticien et du prothésiste.

Comparaison des bridges inlays-onlays aux bridges à ancrage périphérique complet

Les restaurations par bridge à coiffes complètes offrent une bonne fonctionnalité et une esthétique remarquable. Elles sont néanmoins considérablement destructrices pour les tissus dentaires, et le recours à leur usage devrait être repoussé au plus tard. Leurs inconvénients sont liés :

– au problème de parallélisme des piliers (qui peut majorer davantage la mutilation) ;

– aux complications pulpaires ;

– aux problèmes parodontaux (dans le cas des limites juxta et sous-gingivales).

La difficulté d’une réintégration occluso-fonctionnelle parfaite de telles reconstructions dans le schéma occlusal existant demande plus d’attention par rapport aux bridges inlays-onlays métalliques. Quand 1 ou 2 dents adjacentes à la dent unitaire manquante sont intactes, cette indication n’est pas judicieuse et d’autres propositions doivent être étudiées en priorité.

Comparaison des bridges inlays-onlays avec les bridges collés

Dans la technique de collage stricto sensu, la rétention d’une pièce prothétique est obtenue grâce à l’adhésif tandis que la recherche d’une rétention maximale est à la base des projets des inlays-onlays métalliques piliers de bridge par une opposition des parois. Habituellement, la préparation des bridges inlays-onlays est plus étendue (couche énamelo-dentinaire) par rapport à celle d’un bridge collé où elle est pelliculaire et ne concerne que la couche superficielle de l’émail. Cependant, dans certaines conditions cliniques (importance de la zone édentée, morphologie coronaire, mobilité, charge occlusale), la préparation des bridges collés doit être plus importante et l’adjonction de moyens secondaires de rétention s’avère souvent incontournable pour éviter une trop grande disparité d’adhérence entre 2 points d’appui [17-20]. Ainsi, nous pouvons remarquer que l’étendue des préparations des bridges collés et des bridges inlays-onlays est très souvent similaire. Le facteur capital qui les différencie est le moyen d’assemblage sur les dents piliers. Pour désigner les inlays-onlays destinés au collage, le terme de « bondlay » a été proposé par A. Rochette [20].

Même si la préparation des piliers d’un bridge inlay-onlay est parfois plus mutilante, elle offre à la pièce prothétique une rétention propre (essentielle surtout dans les secteurs postérieurs), permettant un scellement définitif de type traditionnel. Ce dernier est plus simple à effectuer que le collage dont le protocole est plus rigoureux.

Les bridges inlays-onlays en matériaux composites et céramiques semblent présenter une alternative aux bridges inlays-onlays métalliques. Ce sont des solutions qui répondent parfaitement à la demande esthétique. Néanmoins ces types de reconstruction impliquent la mise en place de préparations assez massives et mutilantes afin de répondre aux exigences mécaniques du matériau. Les résultats cliniques sont prometteurs, mais la longévité de ces procédés est encore assez mal connue.

Les résultats, en particulier esthétiques, des traitements prothétiques des édentements unitaires antérieurs par bridges de type inlay-onlay sont similaires et comparables à ceux obtenus par la technique de collage. Cependant, les indications de collage appliquées dans le secteur postérieur ont rencontré de nombreux échecs. Les restaurations à ancrage coronaire partiel résistent, en revanche, parfaitement aux charges occlusales et fonctionnent bien.

Comparaison des bridges inlays-onlays et des reconstructions unitaires sur implant

Le traitement de l’édentement unitaire par une prothèse sur implant est devenu un traitement plus fréquent en raison des avantages importants qu’il présente par rapport aux autres solutions de prothèse fixée ou de prothèse amovible. Cependant, cette technique présente plus d’exigences et de contraintes sur le plan de l’état général du patient et des conditions locales (volume osseux suffisant, biofonctionnalité) [19, 21-23]. En ce qui concerne un projet de réhabilitation implanto-prothétique, il faut respecter une limite d’âge minimale des patients. Les contre-indications relatives comme les contre-indications absolues sont, en l’occurrence, plus restrictives dans la technique implantaire que dans la technique conventionnelle des bridges inlays-onlays. Le risque potentiel lié au traitement implantaire est aussi plus important [24, 25]. Dans tous les cas, la pose d’implant nécessite une étude préimplantaire parfaitement cohérente qui pronostique le résultat prothétique et esthétique. L’implant unitaire pose des problèmes particuliers de biofonctionnalité liés aux conditions anatomiques du site implantaire [22, 26]. Contrairement aux idées reçues, le résultat esthétique dans le cadre de la restauration d’une incisive centrale ou latérale au maxillaire n’est pas forcément meilleur avec la technique implantaire [27, 28].

Dans le cas d’une incisive mandibulaire ou d’une molaire maxillaire, le traitement implantaire paraît plus difficile à mettre en œuvre pour des raisons anatomiques. En outre, le taux de survie des bridges inlays-onlays remplaçant des incisives mandibulaires est particulièrement élevé. Même si les conditions sont objectivement favorables à l’implant, d’autres procédés prothétiques conventionnels doivent également être pris en compte, car ils constituent des solutions thérapeutiques durables ayant fait leurs preuves dans le temps [17, 20, 29, 30].

Conclusion

Les progrès biotechnologiques tentent de mettre en place des solutions thérapeutiques de plus en plus standardisées et sophistiquées, y compris dans le domaine de la réhabilitation occluso-prothétique. Bien qu’elles présentent tout leur intérêt pour les patients (cf. le traitement implantaire, les bridges inlays-onlays en céramique ou composite), elles ne doivent constituer au premier abord ni la priorité ni l’exclusivité dans le choix thérapeutique. Les bridges inlays-onlays métalliques – des solutions prothétiques conventionnelles qui sont plus anciennes, mais qui ont parfaitement démontré leur fiabilité par des résultats cliniques à long terme – méritent de retenir la plus grande attention des praticiens. Ils ont l’avantage d’être relativement simples dans leur réalisation, ne demandant pas d’investissement considérable en matériel, mais avant tout s’inscrivent toujours dans un concept de dentisterie non invasive et esthétique. Le grand nombre de configurations possibles des bridges inlays-onlays (et des modifications possibles pouvant y être apportées par le praticien) permet de proposer une solution à de nombreux cas cliniques présentés. En pratique, les bridges inlays-onlays métalliques présentent un intérêt particulier dans le remplacement d’une molaire, site où la technique de collage et le traitement implantaire démontrent le plus souvent leurs limites, et dans le remplacement des canines maxillaires incluses. Ils constituent des solutions thérapeutiques alternatives au traitement implantaire dans le remplacement d’une prémolaire ou d’une incisive.

N.B. Les travaux prothétiques ont été réalisés au laboratoire de G. Vittori à Paris et de J. Celej à Varsovie.

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