Greffes osseuses et implants - Cahiers de Prothèse n° 145 du 01/03/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 145 du 01/03/2009

 

bibliographie

Erik Le Sueur  

L’implantologie imposant désormais de trouver de l’os là où l’on souhaite placer un implant, les greffes osseuses sont devenues une étape parfois incontournable dans un plan de traitement global.

Le livre du Dr Seban, Greffes osseuses et implants, offre un panorama très complet de ces techniques, dites avancées. Son atout essentiel tient à l’abondante iconographie qui en fait un formidable atlas clinique.

Après une courte présentation des greffes,...


L’implantologie imposant désormais de trouver de l’os là où l’on souhaite placer un implant, les greffes osseuses sont devenues une étape parfois incontournable dans un plan de traitement global.

Le livre du Dr Seban, Greffes osseuses et implants, offre un panorama très complet de ces techniques, dites avancées. Son atout essentiel tient à l’abondante iconographie qui en fait un formidable atlas clinique.

Après une courte présentation des greffes, l’auteur consacre un excellent chapitre au bilan préchirurgical et au dossier médical. Et, en amont de tout le traitement, l’on souligne la place essentielle du praticien prothésiste, qui n’est pas toujours le praticien chirurgien, pour analyser les rapports interarcades et définir le projet prothétique. En effet, c’est cela au final qui conditionne la greffe osseuse. L’examen scanner permettra d’évaluer le site receveur, ainsi que le site donneur si le prélèvement endobuccal est indiqué.

Les 2 prélèvements intrabuccaux sont le site symphysaire et l’angle mandibulaire.

L’abord chirurgical du site symphysaire est expliqué et iconographié en détail. Pour le Dr Seban, une lésion du nerf incisif lors de la récupération de l’os spongieux peut entraîner une hypoesthésie labio-mentonnière le plus souvent transitoire (cf. p. 36). [Pour le Pr Gaudy, dans la 2e édition de son livre Anatomie clinique publié aux Éditions CdP, « la section du pédicule incisif se traduit par une perte de sensibilité dentaire donnant la sensation de « dents de bois » (cf. p. 122) ; « seules des lésions des branches mentonnières du V3 peuvent provoquer (…) des pertes de sensibilité labio-mentonnière. Il s’agit donc de lésions lors du temps muqueux (incision de décharge verticale se prolongeant au-delà de la gencive attachée) et non osseux » (cf. p. 115).]

Le second site de prélèvement est l’angle mandibulaire. Il est, lui aussi, bien décrit. Le risque neurologique étant important, le Dr Seban prend soin de préciser que le nerf alvéolaire chemine dans « une enveloppe ostéopériostée » et non « dans un canal très corticalisé ».

Les prélèvements osseux extra-oraux (iliaques, pariétaux) nécessitent l’intervention sous anesthésie générale d’autres spécialistes.

Dans un souci d’exhaustivité, l’auteur aborde aussi les allogreffes (où l’on utilise un matériau dit issu de la même espèce), les xénogreffes (où l’on utilise un matériau dit issu d’espèces différentes : bovins, équidés, porcins), et enfin les matériaux alloplastiques ou synthétiques.

Pour terminer ce tour d’horizon, les facteurs biologiques de croissance osseuse ne sont pas oubliés, en particulier l’utilisation du PRF comme membrane, tout en soulignant « l’absence à l’heure actuelle de consensus scientifique » à son sujet.

Le chapitre 4 est judicieusement intercalé pour traiter de la prévention de la résorption postextractionnelle. C’est l’enjeu principal de l’extraction-implantation immédiate. Pour les implantations différées, l’auteur montre un penchant pour les comblements d’alvéoles avec un matériau à base de phosphate tricalcique.

Les reconstructions des pertes osseuses horizontales et verticales sont abordées séparément.

Le chapitre 7 est dédié aux comblements sinusiens. Pour les petits sinus, l’origine du greffon est sans incidence sur le résultat. En revanche, en dessous de 3 mm de hauteur d’os crestal, dans les sinus de grand volume, l’os autogène est privilégié.

Le comblement par voie crestale est expliqué au travers d’un cas clinique ; la discussion concernant l’utilisation ou non d’un matériau de comblement aurait pu être étoffée.

De précieux conseils relatifs au choix et à la mise en place des implants dans les sites greffés, une bibliographie abondante et un index confortent l’esprit pédagogique de cet ouvrage. Aussi, est-il dommage que l’auteur n’ait pas ajouté un chapitre sur les suites opératoires normales ainsi que sur les complications et échecs auxquels pourra être confronté tout débutant s’attaquant à ces techniques complexes !