Patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) sous traitement à long terme par corticothérapie orale : quelle influence sur la qualité osseuse ? - Cahiers de Prothèse n° 145 du 01/03/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 145 du 01/03/2009

 

revue de presse

Caroline Floris  

Objectifs

Cette étude détermine l’état de minéralisation de mandibules, de fémurs ainsi que de la colonne vertébrale de patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) sous traitement à long terme par corticothérapie orale.

Le mercredi 19 novembre 2008 est la 7e journée mondiale de la BPCO. Trois millions de Français souffrent chaque année de cette maladie encore mal dépistée. En quoi les chirurgiens-dentistes sont-ils...


Objectifs

Cette étude détermine l’état de minéralisation de mandibules, de fémurs ainsi que de la colonne vertébrale de patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) sous traitement à long terme par corticothérapie orale.

Le mercredi 19 novembre 2008 est la 7e journée mondiale de la BPCO. Trois millions de Français souffrent chaque année de cette maladie encore mal dépistée. En quoi les chirurgiens-dentistes sont-ils concernés ?

Un des principaux facteurs étiologiques connus de l’ostéoporose est la corticothérapie systémique à long terme. En effet, les corticoïdes diminuent l’absorption du calcium et dérèglent l’équilibre d’activités ostéoclastes/ostéoblastes en faveur des ostéoclastes conduisant à des processus ostéoporotiques. On sait aussi que l’ostéoporose entraîne, au niveau mandibulaire, une perte de la masse osseuse ainsi que des défauts de structure. Une corrélation entre la densité osseuse et la masse, structure et épaisseur osseuse a été largement décrite dans la littérature.

Le traitement des édentements par des prothèses implanto-supportées est plus délicat chez les patients ostéoporotiques. Une période de cicatrisation plus longue est nécessaire au moment de l’ostéointégration.

Les auteurs notent que l’effet de corticothérapie par inhalation à long terme n’est que peu documenté. C’est pourquoi ils s’intéressent aux patients atteints de BPCO traités par inhalation de corticoïdes sur de longues périodes.

Méthodologie

L’étude a porté sur 30 patients (20 hommes et 10 femmes) atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) et traités par corticostéroïdes par inhalation depuis au moins 1 an (durée moyenne : 10 ans). Au total, 15 patients étaient d’anciens fumeurs et 3 étaient toujours fumeurs au moment de l’étude (5 à 10 cigarettes/jour) ; 12 autres n’ont jamais fumé.

Le groupe contrôle était constitué de 30 patients correspondant à ceux du groupe test.

Toutes les femmes de l’étude étaient en postménopause.

Les mesures réalisées ont été :

• tests de capacité pulmonaire

• prélèvement de sang artériel avant toute administration d’O2 ;

• prélèvement de sang veineux (pour l’étude des taux sériques d’ostéocalcine, de phosphatase alcaline, de calcium, de phosphate et de cortisol) ;

• mesure de la densité osseuse par densitométrie aux rayons X en 3 points :

– vertèbres lombaires ;

– col du fémur ;

– mandibule.

Résultats

• Tests de capacité pulmonaire

Tous les patients atteints de BPCO avaient des capacités pulmonaires significativement plus basses que celles du groupe contrôle. Au total, 8 patients présentaient une forme modérée, 11 une forme sévère, 11 une forme très sévère de la maladie.

• Prélèvements de sang artériel avant toute administration d’O2

Ils ont montré que les patients tests présentaient une saturation en O2 significativement plus faible que celle du groupe témoin.

• Prélèvements de sang veineux

Le niveau moyen d’ostéocalcine (marqueur de la formation osseuse), de calcium et de cortisol était significativement plus faible chez les patients atteints de BPCO. Les différences notées au niveau des taux sériques de phosphatase alcaline et de phosphate n’étaient pas significatives.

Les auteurs ont noté une corrélation positive entre les taux d’ostéocalcine, de calcium et de cortisol. De plus, le taux de calcium était corrélé à celui d’oxygène ainsi qu’à la densité osseuse.

• Mesure de la densité osseuse par densitométrie aux rayons X en 3 points

La densité osseuse était significativement plus faible chez les patients atteints de BPCO tant chez les hommes que chez les femmes, surtout au niveau mandibulaire.

Conclusion

Les auteurs montrent que cette perte de densité osseuse peut s’expliquer par l’inhalation de corticostéroïdes à long terme. Cependant, on sait aussi que la maladie en elle-même peut être un facteur de risque d’ostéoporose. D’autres biais sont à noter : la cohorte n’est pas très importante et seulement 10 femmes ont participé à l’étude. Pour des raisons éthiques, le groupe contrôle n’était pas constitué de patients atteints de BPCO non traités par inhalation de corticostéroïdes, mais de patients sains, ce qui représente un biais possible.

Cette étude montre que chez ces patients traités par inhalation de corticostéroïdes, l’activité ostéoblastique est amoindrie. Ceci peut affecter les traitements par prothèse implanto-portée. En effet, la cicatrisation osseuse sera plus longue dans un site osseux peu dense et peu propice à sa régénération. Les auteurs concluent que la pose d’implants chez ces patients est possible afin de rétablir une mastication fonctionnelle, mais que les périodes de mise en nourrice après la pose de l’implant doivent être allongées d’au moins 2 mois.