Suivi sur plus de 20 ans de patients totalement édentés traités à l’aide d’implants - Cahiers de Prothèse n° 145 du 01/03/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 145 du 01/03/2009

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Les résultats des traitements implantaires sont souvent très bons avec des taux de survie compris entre 85 et 99 %. Néanmoins, des complications biologiques et prothétiques sont décrites dans la littérature. Par ailleurs, peu d’études sont disponibles avec un suivi sur plus de 10 ans. Le but de cette étude est de décrire le devenir des traitements implantaires réalisés il y a plus de 20 ans, particulièrement les taux de survie implantaire et prothétique et...


Pourquoi ?

Les résultats des traitements implantaires sont souvent très bons avec des taux de survie compris entre 85 et 99 %. Néanmoins, des complications biologiques et prothétiques sont décrites dans la littérature. Par ailleurs, peu d’études sont disponibles avec un suivi sur plus de 10 ans. Le but de cette étude est de décrire le devenir des traitements implantaires réalisés il y a plus de 20 ans, particulièrement les taux de survie implantaire et prothétique et la prévalence des cas de péri-implantite.

Comment ?

Le groupe original de 48 patients de cette étude a été décrit en 1990 lors de l’exposé des résultats après 2 ans pour des patients traités par prothèse implanto-portée de type pilotis ad modum Brånemark. Pour ces patients, 50 prothèses ont été réalisées (2 cas bimaxillaires) sur 269 implants. Au moment de la réalisation de cette étude, 19 patients étaient morts (102 implants). Sur les 29 patients restants, 8 ne pouvaient pas se rendre au contrôle (44 implants). Les 21 patients, les 23 prothèses et les 123 implants examinés ont été suivis entre 20 et 24 ans. Le protocole utilisé pour la réalisation des prothèses implanto-portées a été le protocole standard initial décrit par Brånemark. Pour le contrôle après 20 à 24 ans, l’examen clinique a enregistré la stabilité de la prothèse, les profondeurs de poche, l’hyperplasie de la muqueuse péri-implantaire, le dépôt de plaque et le saignement au sondage. L’examen radiographique a enregistré la perte osseuse autour de l’implant. La mesure a été réalisée avec comme point de référence la jonction implant/pilier. La lecture a été réalisée avec une loupe grossissant 7 fois par 2 opérateurs indépendants. Ces mesures ont été comparées aux mesures initiales lors de la connexion de la prothèse et après 1 an de fonction.

Et alors ?

Les 21 patients revus après plus de 20 ans avaient reçu 123 implants. Seul un a été perdu, ce qui représente un taux de survie de 99,2 %. Toutes les prothèses étaient encore en fonction et stables (100 %) même si elles ont dû être revissées dans 3 cas. La plaque était présente sur 22 % des surfaces implantaires et le saignement au sondage observé dans 20 % des cas. Pour 45 % des implants, il y avait au moins une zone qui saignait au sondage. La profondeur moyenne de poche était de 3,4 mm. Pour 83 % des implants, elle était inférieure à 4 mm et seuls 8 implants présentaient des poches de plus de 5 mm. Neuf implants (7,4 %) présentaient une hyperplasie muqueuse péri-implantaire. Lors de l’examen après 20 ans, le niveau osseux marginal était situé à 2,33 mm du point de référence sans différence entre les 2 arcades. La perte osseuse était en moyenne de 1,21 mm la première année et de 0,53 mm entre la première et la vingtième année. Sur toute la période, la perte osseuse est de 1,72 mm en moyenne (± 0,16). La perte osseuse est inférieure à 3 mm pour 89 % des implants. Trois implants ont présenté des signes de péri-implantite (soit 2,4 %). Certains patients ont présenté des fractures de cosmétique. Dans un cas, l’armature a été refaite et dans 4 cas, les dents résine ont été changées.

À RETENIR :

Les prothèses sur implants sont de nos jours souvent utilisées pour compenser des édentements partiels ou complets. Chacun (patient et praticien) aimerait que celles-ci durent toute la vie des patients. Des études sur le très long terme sont indispensables pour pouvoir l’affirmer. C’est l’intérêt de cette étude sur une période de suivi de plus de 20 ans pour un groupe initial de 48 patients traités par 50 prothèses fixées implanto-portées entre 1981 et 1985. Des mesures ont été réalisées lors de la connexion de la prothèse, après 1 et 2 ans. Le taux de survie des 123 implants était de 99,2 %. Toutes les prothèses étaient encore en fonction et stables (100 %). La plaque était présente sur 22 % des surfaces implantaires et le saignement au sondage observé dans 20 % des cas. La profondeur moyenne de poche était de 3,4 mm. Pour 83 % des implants, elle était inférieure à 4 mm et seuls 8 implants présentaient des poches de plus de 5 mm. Neuf implants (7,4 %) présentaient une hyperplasie muqueuse péri-implantaire. La perte osseuse était en moyenne de 1,21 mm la première année et de 0,53 mm entre la première et la vingtième année. Sur toute la période, la perte osseuse était de 1,72 mm en moyenne (± 0,16). La perte osseuse était inférieure à 3 mm pour 89 % des implants. Trois implants présentaient des signes de péri-implantite (soit 2,4 %). Les problèmes prothétiques étaient rares et faciles à traiter avec des prothèses vissées.

Cette étude confirme les excellents résultats sur le très long terme, obtenus dans le traitement des patients totalement édentés avec le protocole initialement décrit par Brånemark avec des implants usinés. Disposera-t-on d’études sur des périodes aussi longues pour comparer les protocoles plus récents ?