Évaluation de deux systèmes implantaires de chirurgie guidée : NobelGuide® et Facilitate™ - Cahiers de Prothèse n° 146 du 01/06/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 146 du 01/06/2009

 

Implantologie

Daniel Leibar  

DCD23, avenue de Garris
64120 Saint-Palais

Résumé

Cette étude clinique rétrospective évalue et compare 2 méthodes de chirurgie guidée, NobelGuide® (Nobel Biocare) et Facilitate™ (Astra Tech), suivant un protocole de mise en charge immédiate et sans élévation de lambeau. Elle porte sur 30 patients traités par la méthode NobelGuide® et 30 patients traités par la méthode Facilitate™ par un seul particien entre novembre 2005 et mars 2008. Chaque groupe inclut 6 édentements unitaires, 12 partiels et 12 complets. Le recul clinique est de 1 an au minimum.

Protocole NobelGuide® (12 femmes, 18 hommes, 119 implants)

Pour la planification, la technique computer-based avec le logiciel Procera® cab design a été utilisée.

Pour la phase chirurgicale, 2 types d’implants (Nobel Biocare), Brånemark MK III TiUnite® (connexion externe) et des Replace Tapered® (connexion interne), ont été posés.

Pour la phase prothétique, 2 options ont été testées pour la mise en charge immédiate avec fabrication d’une prothèse en amont de la chirurgie : prothèse définitive par le concept « teeth in an hour » ou prothèse provisoire. Après un délai de 2 à 6 mois, une prothèse définitive a été mise en place.

Protocole Facilitate™ (14 femmes, 16 hommes, 128 implants)

Pour la planification, le logiciel Simplant® (Materialise) a été utilisé.

Pour la phase chirurgicale, des implants Osseospeed® (Astra Tech) droits et coniques à connexion interne ont été posés.

Pour la phase prothétique, une prothèse provisoire scellée ou transvissée a été mise en place, puis a été remplacée, de 2 à 6 mois plus tard, par une prothèse définitive.

Le taux de survie des implants posés par la technique NobelGuide® est de 96,6 % avec 4 échecs (tous avec des implants Brånemark System®). Le taux de survie des prothèses est de 86,6 % avec 4 échecs concernant le concept Teeth in an hour®. Des ajustages occlusaux ont été nécessaires pour toutes les prothèses immédiates.

Le taux de survie des implants posés par la technique Facilitate™ est de 97,6 % avec 3 échecs. Le taux de survie des prothèses est de 100 %. Des ajustages occlusaux plus ou moins importants ont été nécessaires pour toutes les prothèses immédiates.

Les deux méthodes s’avèrent être, du point de vue statistique, fiables et reproductibles. La méthode NobelGuide® est plus simple d’utilisation, mais plus limitée du point de vue thérapeutique. Dans tous les cas, le concept de chirurgie sans lambeau avec mise en charge immédiate s’adresse à des praticiens expérimentés.

Summary

NobelGuide® versus Facilitate™ : a retrospective 1 to 3 years follow-up clinical study

This study evaluates 60 patients of a private practice who have received an immediate prosthesis ® for the rehabilitation of full, partial and single-tooth edentulism following to 2 different guided surgery protocols : NobelGuide® (Nobel Biocare) and Facilitate™ (Astra Tech).

Each protocol included 30 patients each (6 single tooth, 12 partial and 12 full-arch edentulism). Patients for which oral implantology was a systemic contraindication have been excluded. Periodontal disease and planned extractions were not exclusion criteria.

NobelGuide® group (12 female and 18 male patients, 119 implants): all implants were loaded immediately after surgery with a final prosthesis (Teeth in an hour®) or with a temporary prosthesis replaced after 2 to 6 months by a final prosthesis. Two implant types were used : Brånemark MK III TiUnite® and Replace Tapered®.

Facilitate™ group (14 female and 16 male patients, 128 implants): all implants were loaded immediately after surgery with a temporary prosthesis which was replaced after 2 to 6 months by a final prosthesis. Only Osseospeed® implants (Astra Tech) were used.

The success criteria were :

– implant osseointegreation according to Albrektsson et al.’s criteria revised by Misch in 2008 ;

– patient overall satisfaction ;

– bone loss < 1 mm after 6 months ;

– prosthetic stability after 6 months.

The marginal bone level to implant contact [radiographic (Rx) bone level] was measured, and Rx bone level change over time was evaluated.

It was demonstrated that both techniques had a high success rate. Few implants have been lost. The Rx bone level at the implants was maintained. The NobelGuide® concept seems to be easier to handle but the therapeutical indications are more limited than with the Facilitate™ concept. The computer-guided technique leads to a predictable result and outstanding patient satisfaction but the learning curve being of greater concern when treating edentulous patients with immediate loading.

Key words

clinical evaluation, guided surgery, immediate loading, NobelGuide®, Facilitate™

Voici plus de 40 ans que l’équipe du Pr Brånemark a implanté les premiers patients édentés suivant un protocole clinique reproductible, avec un taux de succès élevé. Même si, de nos jours, bon nombre des 9 paradigmes de départ ont été abandonnés, il n’en reste pas moins que l’abord technique et philosophique du traitement implantaire a peu évolué. Toutefois, les progrès de l’informatique ont considérablement modifié les moyens disponibles. L’odontologie dans son ensemble connaît une véritable révolution technologique, et l’implantologie n’échappe pas à cette dynamique.

Depuis quelques années, les industriels de l’implantologie ont mis sur le marché des systèmes de chirurgie assistée par ordinateur conçus pour améliorer les étapes de planification implantaire, réduire le temps chirurgical et, enfin, simplifier le protocole de mise en charge immédiate. Ils permettent de transposer en bouche un projet implantaire et prothétique virtuel. Le scanner constitue la clef de voûte du concept puisqu’il sert à positionner les implants et à fabriquer un guide chirurgical. Ce dernier, issu donc du virtuel, sera utilisé pour la réalisation d’un maître modèle et d’une prothèse provisoire implanto-portée.

Cet article rapporte les résultats d’une étude rétrospective qui évalue et compare 2 méthodes : NobelGuide® (Nobel Biocare) et Facilitate™ (version Astra Tech de Simplant®). Ont été analysés :

– le potentiel thérapeutique ;

– le succès clinique en termes de taux de survie des implants et de la prothèse ;

– les moyens techniques mis en œuvre pour ces 2 systèmes, actuellement leaders dans le domaine de la chirurgie guidée.

Au total, 60 patients ont reçu 247 implants. Le recul clinique est d’au moins 1 an.

Matériel et méthodes

Les traitements ont tous été réalisés par un seul praticien dans 2 centres de soins : l’un à Saint-Palais (France), l’autre à Irun (Espagne) entre novembre 2005 et mars 2008. Pour chaque technique, 30 patients ont été traités pour des édentements unitaires, partiels et complets. Le recul clinique est de 1 an au minimum.

Les critères d’inclusion et d’exclusion sont ceux communément employés en implantologie. Ont été écartés de l’étude les patients présentant une maladie systémique ou parodontale non stabilisée. Un enseignement à l’hygiène buccodentaire a été effectué, et des séquences de contrôle à 3 mois, puis à 1 an après la mise en charge ont été systématiquement programmées.

Les critères de succès clinique sont ceux définis par Albrektsson et al. en 1986 [1] et révisés par Misch en 2008 [2].

1er protocole : technique NobelGuide®

Ce protocole a concerné 30 patients (12 de sexe féminin et 18 de sexe masculin), âgés de 24 à 73 ans dont 6 édentements unitaires, 12 partiels et 12 complets. Au total, 119 implants ont été posés. Le protocole était le même que celui proposé par van Steenberghe et al. en 2005 [3].

Planification

La planification s’est déroulée selon le principe du « computer based » (Nobel Biocare) :

– fabrication d’une prothèse amovible adéquate afin de valider les positions dentaires sur le plan esthétique, phonétique et occlusal. Au total, 6 à 8 marqueurs (gutta percha) radio-opaques de 1 mm de diamètre environ ont été répartis sur la prothèse (fig. 1). Un index occlusal, en silicone non radio-opaque, s’adapte sur la prothèse et permet au patient de la stabiliser sur les surfaces d’appui avec l’antagoniste dans une position fiable et reproductible ;

– technique du double scannage : ont été réalisés un premier scanner du patient avec la prothèse et l’index occlusal en bouche et un second scanner de la prothèse seule dans une position proche de la position précédente.

Les données informatiques (« CT datas ») de ces 2 scanners ont alors été converties grâce au logiciel Procera® cab design. Des modélisations tridimensionnelles du maxillaire et de la prothèse (fig. 2) ont alors été obtenues.

À partir de ce modèle sur l’ordinateur, les implants ont été placés virtuellement en fonction des critères anatomiques et prothétiques. Lorsque la planification a été finalisée, les données ont été envoyées par Internet à une unité de production pour fabriquer un guide chirurgical (à appui muqueux) par un procédé de stéréolithographie (fig. 3).

Ce guide contenait toutes les informations concernant la position des implants. Il a alors été essayé sur le patient pour vérifier son ajustage correct ainsi que sa solidité (dans les cas où cela s’avérait nécessaire, il a été renforcé).

Il a ensuite été envoyé chez le prothésiste qui coule un maître modèle à l’aide d’un outillage de laboratoire spécifique (fig. 4).

Protocole chirurgical

Une anesthésie locale a été réalisée sur les 30 patients. Un délai de 20 minutes a été respecté avant le début de l’intervention pour réduire le gonflement des tissus mous causé par l’anesthésie et donc obtenir une parfaite adaptation du guide chirurgical. Le guide chirurgical une fois mis en place doit obligatoirement être stabilisé au moyen de systèmes spécifiques en fonction de la particularité de l’édentement (anchor pins, template abutments, fenêtres d’inspections…). Les implants sont des Brånemark MK III TiUnite® et des Replace Tapered® (Nobel Biocare).

Le couple de serrage n’a jamais dépassé 35 Ncm. Nous avons préféré, dans les cas de mise en charge immédiate par une prothèse définitive (Teeth in an hour®), nous arrêter à 30 Ncm. Au-delà, un risque de déformation du guide chirurgical était en effet possible (fig. 5, 6 et 7).

Enfin, après la dépose du guide chirurgical, on a supprimé les interférences issues des résidus de tissus mous (fig. 8).

Phase prothétique

• Deux options

Mise en fonction immédiate par une prothèse définitive Teeth in an hour®.

Une mise en charge immédiate grâce au concept Teeth in an hour® a été proposée à 13 patients : 9 édentements complets et 4 édentements partiels.

La prothèse était composée d’une armature Procera® en titane usiné : l’armature a d’abord été réalisée en résine par le prothésiste de laboratoire, puis elle a été scannée (Procera Forte®). Les données ont ensuite été envoyées à une unité de production (fig. 9). Au retour au laboratoire, la partie cosmétique a été réalisée par une cuisson de résine ou de céramique.

Des piliers spécifiques (Guided Abutment®) ont été utilisés pour la connexion prothèse/implant. Ces derniers permettent de compenser les petits décalages possibles entre la planification virtuelle et la réalité clinique (fig. 10). Cette différence ne doit pas excéder 1 mm dans tous les axes. Ils ne peuvent pas, non plus, compenser une différence d’angulation interimplants supérieure à 15°.

Pour ces raisons, la préparation du site implantaire lors de la phase chirurgicale Teeth in an hour® doit être spécifique : il n’est pas conseillé de « sous-forer » dans le but de rechercher une très forte stabilité primaire, mais il faut plutôt utiliser quasi systématiquement le taraud pour éviter les possibles déviations parasites lors de la mise en place des implants.

Mise en fonction immédiate par une prothèse provisoire

Au total, 17 patients ont bénéficié d’une mise en fonction immédiate par une prothèse provisoire en résine avec des piliers définitifs ou provisoires (Guided abutment®, Procera® abutment, etc.). Ces cas se répartissaient en 6 édentements unitaires, 8 partiels et 3 complets. Les contacts occlusaux ont été réduits au maximum entre la prothèse implantaire et l’antagoniste. Après une phase d’ostéointégration variable (de 2 à 6 mois) en fonction d’un certain nombre de critères (typologie osseuse, stabilité primaire des implants, secteur traité…), une prothèse définitive a été mise en place selon une technique prothétique classique (fig. 11, 12, 13, 14 et 15).

Dans tous les cas, une alimentation molle pour une durée de 1 mois à partir de la pose des implants a été formellement recommandée aux patients.

2e protocole : Facilitate™ Simplant®

Ce protocole a porté sur 30 patients (14 de sexe féminin, 16 de sexe masculin), âgés de 22 à 71 ans dont 6 édentements unitaires, 12 partiels et 12 complets. Au total, 128 implants ont été posés.

Planification

Pour commencer, des empreintes des 2 arcades ont été prises à l’alginate avec un enregistrement de la relation centrée par l’intermédiaire de bases dures et d’une cire de type Aluwax® (Dentsply De Trey). Un arc facial a été utilisé pour replacer facilement les modèles sur un articulateur.

Une réplique en cire (wax-up) de la prothèse a alors été réalisée au niveau de la zone édentée à implanter. Ce wax-up sert à définir la stratégie prothétique lors de la mise en charge immédiate, mais il sert également à fabriquer un guide radiologique en résine, indispensable dans les cas d’édentement complet.

Un examen tomodensitométrique du maxillaire à traiter avec le guide en bouche (si édentement complet) a ensuite été réalisé par un centre de radiologie. Le scanner a été délivré au praticien sur CD-Rom avec des données au format Dicom.

Les fichiers Dicom ont été convertis par le logiciel Simplant®, en vue de modéliser le maxillaire et la prothèse en 3 dimensions. Il a alors été possible de planifier, c’est-à-dire de positionner les implants sur les bases osseuses virtuelles en fonction de critères anatomiques, mais également prothétiques (fig. 16, 17 18).

Lorsque la planification a été finalisée, les données informatiques correspondant au projet ont été envoyées par Internet à une unité de production. Dans le cas des patients partiellement édentés, un maître modèle en plâtre a également été envoyé. Il a été scanné optiquement et superposé au scanner du patient pour réduire les artéfacts dentaires.

Un guide chirurgical a été réalisé suivant le procédé de stéréolithographie (apposition de couches de résine de 0,1 mm) (fig. 19).

Dès réception du guide, le prothésiste de laboratoire a coulé un maître modèle à partir du guide chirurgical. Un outillage de laboratoire a été prévu à cet effet. Ce maître modèle a servi de base de travail pour la conception et la fabrication de la prothèse provisoire immédiate (fig. 20 et 21).

Protocole chirurgical

La chirurgie proprement dite a été effectuée sous anesthésie locale. Le matériel employé était spécifique à la technique. Les implants ont été forés et mis en place au travers du guide chirurgical. Il s’agissait d’implants Osseospeed® (Astra Tech Dental), droits et coniques à connexion interne. Aucun lambeau n’a été élevé (fig. 22, 23 et 24).

Phase prothétique : mise en charge immédiate par une prothèse provisoire

La phase prothétique a suivi immédiatement la mise en place des implants. Le choix de l’outillage, du type de piliers (définitifs ou provisoires), du type de prothèse (transvissée ou scellée) était fonction du type de cas traité. En règle générale, les patients totalement édentés ont été traités provisoirement par une prothèse transvissée. Pour un édentement unitaire, les patients ont reçu une prothèse scellée avec un pilier définitif. Aucune règle particulière n’a été appliquée aux patients partiellement édentés ; le choix dépendait des conditions locales et générales (biotype parodontal, parafonctions, etc.) (fig. 25, 26 et 27).

Dans tous les cas, une alimentation molle pour une durée de 1 mois à partir de la pose des implants a été formellement recommandée aux patients.

Après un délai de cicatrisation de 2 à 6 mois nécessaire à la maturation des tissus durs et mous, une prothèse définitive scellée ou transvissée a été mise en place (fig. 28 et 29).

Résultats

Au total, 247 implants ont été posés : 128 avec le système Facilitate™ et 119 avec le système NobelGuide®.

Le taux de survie des implants Osseospeed® de Astra Tech mis en charge immédiatement à 1 an était de 97,65 % (3 échecs) (fig. 30) : 2 échecs se sont produits sur des implants de 13 mm de longueur et 4,5 mm de diamètre avec des piliers définitifs ZirDesign™ et une prothèse scellée sur des sites extractionnels ; l’un sur un édentement unitaire antérieur (22), l’autre sur un édentement partiel antérieur (42). Le troisième implant perdu était également un implant de 13 mm et 4,5 mm sur un édentement complet maxillaire avec un pilier Uni 20° et vissé à un bridge implanto-porté par l’intermédiaire d’un cylindre provisoire titane (secteur 12). Tous les échecs se sont produits dans un délai inférieur à 1 mois après la pose des implants. Sur le plan prothétique, un ajustage occlusal a été nécessaire pour toutes les prothèses, mais le temps de correction n’a jamais excédé 15 minutes au fauteuil. Aucun échec n’est à signaler sur les prothèses définitives (fig. 31).

Le taux de survie des implants Nobel Biocare (Brånemark® et Replace®) mis en charge immédiatement à 1 an est de 96,6 % (4 échecs) (fig. 32). Deux échecs concernaient des implants Brånemark System® (13 mm RP et WP) sur des édentements unitaires dans des sites osseux extractionnels (22) et cicatrisés (37). Les prothèses employées étaient provisoires, scellées sur des piliers Procera® en titane. Le troisième échec concernait un implant du système Brånemark RP® de 13 mm sur un édentement partiel antérieur (secteur 13) avec un pilier et une prothèse provisoire. Enfin, le quatrième échec concernait un implant du système Brånemark RP® de 11 mm sur un édentement complet maxillaire traité par le concept Teeth in an hour® (secteur 15). Des retouches occlusales ont été nécessaires pour tous les cas traités. Quatre bridges complets maxillaires définitifs, immédiats (armature Procera®-résine + piliers Guided Abutments®) n’ont pas pu être mis en bouche, les 6 implants concernés ne pouvant être vissés simultanément : l’insertion prothétique ne pouvait être qu’unilatérale (fig. 33). À noter également 2 fractures de guides pendant le protocole chirurgical (fig. 34).

Discussion

Même si les résultats sont assez semblables pour les 2 systèmes, des différences importantes existent.

Le système NobelGuide® est assez bien documenté et même si les résultats cliniques des différentes études sont encourageants, certains points semblent controversés. Ainsi, Maló et al. obtiennent de très bons résultats (97,8 %), mais le nombre de cas traités est limité [4]. L’étude de Komiyama et al. affiche, en revanche, des résultats médiocres (89 %) avec dans 42 % des cas des complications techniques ou chirurgicales [5]. L’étude la plus complète est celle de Johansson et Friberg où le taux de survie des implants est de 99,4 % sur un nombre de patients important (52) dans 8 centres de soins [6].

Sur le plan informatique, le logiciel est facile d’accès et sa compréhension est rapide. Les solutions prothétiques sont adaptées, notamment les connexions implants/prothèse grâce aux piliers Guided Abutment® ainsi que les moyens de stabilisation des guides (anchor pins, template abutments). Ces derniers piliers permettent souvent de compenser les écarts entre planification virtuelle et positionnement réel, évitant ainsi un rebasage de la prothèse transitoire.

Le système Replace® semble plus performant, car il possède des forets plus courts, à butée intégrée ainsi qu’une irrigation interne fort utile pour éviter l’échauffement des forets dans le guide chirurgical. Néanmoins, ces derniers sont à usage multiple et il est difficile de déterminer leur degré d’usure et, par conséquent, la nécessité de leur remplacement.

En matière de complications, nous avons pu noter que les guides chirurgicaux sont réalisés à l’image des guides radiologiques. Or, lorsque le guide radiologique n’est pas suffisamment épais, un risque existe de recevoir un guide chirurgical fragile et susceptible de se fracturer pendant la chirurgie. C’est ce qui s’est produit à 2 reprises. Bien qu’il existe un contrôle qualité chez le fabricant, il semblerait que certains guides trop fins puissent être envoyés, compromettant ainsi la chirurgie.

Le concept Teeth in an hour® tel qu’il avait été décrit lors du lancement commercial de NobelGuide® s’est révélé une parfaite illusion entre nos mains. En effet, le système est incapable de transposer le montage prothétique issu du guide chirurgical, donc de la planification virtuelle. De nombreuses retouches occlusales ont été systématiquement nécessaires pour adapter la prothèse. Il est acceptable de le faire sur un projet provisoire, mais pas sur un bridge définitif sur implants à armature Procera® en titane. Les seuls avantages sont la parfaite passivité grâce aux piliers adaptatifs ainsi que l’extrême rigidité de l’armature Procera®.

Enfin, les 4 échecs prothétiques Teeth in an hour® sont survenus après une cinquantaine de patients traités par la technique NobelGuide® (tous les cas ne figurent pas dans cette étude). La courbe d’apprentissage étant donc à exclure, il semblerait que le décalage entre le virtuel et le réel ait pu provenir d’un défaut de matériel. Après avoir examiné toutes les possibilités avec le fabricant, il est apparu possible que l’échec soit lié à l’usure excessive de l’intrados des guide-forets (fig. 35). Cette usure conduit à la création d’un espace entre le foret et le guide-foret. On peut alors aisément comprendre qu’il soit possible de relier 3 implants proches sans divergence d’angulation, mais lorsqu’ils s’éloignent les divergences d’angulation augmentent et les piliers adaptatifs deviennent insuffisants (fig. 36).

Le canon de forage se trouvant toujours à la même distance de la crête osseuse (0,5 mm), si l’épaisseur des tissus mous est plus importante, il devient alors impossible de réaliser la chirurgie. À noter également la hauteur excessive des porte-implants, rendant la manœuvre de mise en place des implants difficile dans les secteurs postérieurs (fig. 37).

Le système Facilitate™ est bien plus sophistiqué. Le logiciel Simplant® fonctionne avec tous les scanners et « cone beam ». Il permet, par l’intermédiaire de « calques », d’isoler, de séparer des structures anatomiques. Il devient donc possible de réaliser virtuellement des extractions, de visualiser le volume et la forme de l’alvéole et de traiter de manière précise des cas d’extraction-implantation immédiate. L’élimination des artéfacts est totale, l’image 3D étant « propre ».

Les guides chirurgicaux sont solides et plus précis qu’avec NobelGuide®, notamment pour les cas d’édentements partiels. L’examen scanner est moins contraignant, car il n’y a pas d’obligation de réaliser une technique « double scan ». L’ajustage en bouche est parfait, car un maître modèle est envoyé simultanément avec la planification. Il est scanné et superposé au scanner du maxillaire du patient. Cette technique aide à éliminer les artéfacts provenant de l’émail des dents naturelles. Les scanners ont toujours une fenêtre osseuse ; l’émail étant plus dense, un surcontour apparaît. Cet artéfact est gommé par la technique de superposition du maître modèle. Le guide présente donc un ajustage beaucoup plus précis.

Du point de vue chirurgical, le système tente de s’adapter au patient et, surtout, au secteur concerné. La hauteur du canon de forage est variable ainsi que la longueur des forets (plus courts si l’implant est postérieur). Tout cela implique un outillage chirurgical plus important pour répondre à tous les cas de figure. Il existe donc un grand nombre de guide-forets, le but étant de changer le moins souvent possible de forets. À l’inverse, avec le NobelGuide®, il faut sans cesse changer de forets, mais pas de « guide-forets ».

Les porte-implants existent en différents diamètres et longueurs. Une fois l’implant inséré, ils ne dépassent pas, en hauteur, du guide chirurgical. Pour les ouvertures buccales limitées, principale contre-indication de la chirurgie guidée, le système est plus performant que NobelGuide® (fig. 38).

En matière de complications, il faut noter que le logiciel, par son potentiel, est compliqué. L’interface n’est pas conviviale et il est difficile de la maîtriser. La courbe d’apprentissage est longue. L’extrême adaptabilité du système induit que les délais de fabrication sont rarement respectés. Les guides ne répondent pas toujours au cahier des charges, et pour les cas complexes, il est fréquent d’attendre plus de 2 mois avant de recevoir le guide.

Au niveau chirurgical, compte tenu de la particularité de chaque traitement, il est indispensable de suivre pas à pas une check-list, livrée avec le guide. Cette dernière est complexe à lire et nécessite une grande vigilance, surtout lorsque plusieurs implants sont prévus.

Dans les cas d’extractions-implantations immédiates, les implants sont souvent de longueur supérieure à 11 mm. En tenant compte de l’enfouissement de l’implant et de la hauteur du canon de forage (10 mm en moyenne), il est nécessaire de disposer de forets très longs (30 mm). Le système ne disposant pas de forets de longueur dépassant 25 mm, le contrôle de profondeur de l’implant ne peut être assuré : il en découle un manque de précision. Ce problème semble provenir d’un outillage chirurgical et prothétique insuffisamment abouti et dédié à la chirurgie guidée.

Enfin, le maître modèle, issu de la planification virtuelle, manque de précision au niveau de la représentation des tissus mous dans les cas d’extractions-implantations immédiates.

Le technicien responsable de la fabrication des guides chirurgicaux simule les extractions en cassant sommairement les dents du modèle d’étude envoyé. Il ne tient pas compte des volumes papillaires et arase la crête. Lorsqu’une prothèse avec des piliers définitifs est prévue, on remarque un manque de précision important au niveau des limites cervicales du pilier (fig. 39 et 40). Ce point pourrait être en partie amélioré en simulant soi-même les extractions sur le modèle d’étude.

Conclusion

Les 2 systèmes ont des avantages et des inconvénients. Les taux de survie des implants et des prothèses sont satisfaisants dans les 2 cas. Il semblerait que NobelGuide® soit plus simple, convivial et abouti, mais plus limité du point de vue thérapeutique. La standardisation du traitement fait qu’il est nécessaire d’avoir un recrutement des patients adapté. Il s’adresse plus à des débutants en chirurgie guidée. À l’inverse, Facilitate™, même s’il est d’un abord plus difficile, offre un panel thérapeutique quasi illimité. L’outil s’adapte au patient, mais il s’adresse à des praticiens familiarisés avec l’informatique et la mise en charge immédiate.

Enfin, nous pouvons affirmer que ce type de technique prend tout son sens lorsqu’il est associé à une mise en charge immédiate. Pour cette raison, ce n’est pas une solution destinée à un débutant en implantologie, mais plutôt aux praticiens ayant une solide expérience dans les domaines chirurgical et prothétique.

bibliographie

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