Revue de synthèse sur le dévissage des vis de pilier des restaurations unitaires sur implants - Cahiers de Prothèse n° 146 du 01/06/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 146 du 01/06/2009

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La pérennité des liaisons entre les différents éléments prothétiques sur implant est un élément important du succès global de la reconstruction. Ceci est particulièrement vrai pour les reconstructions unitaires. Il existe différents systèmes implantaires avec des géométries de connexion entre le pilier et l’implant, des matériaux et des modes d’assemblage variés. La connexion interne semble in vitro plus stable mécaniquement. Les problèmes...


Pourquoi ?

La pérennité des liaisons entre les différents éléments prothétiques sur implant est un élément important du succès global de la reconstruction. Ceci est particulièrement vrai pour les reconstructions unitaires. Il existe différents systèmes implantaires avec des géométries de connexion entre le pilier et l’implant, des matériaux et des modes d’assemblage variés. La connexion interne semble in vitro plus stable mécaniquement. Les problèmes initiaux rencontrés avec l’hexagone externe ont été résolus par une modification de l’alliage et du couple de serrage.

L’objectif de cette étude est d’effectuer une revue systématique des études cliniques qui relatent les dévissages de vis de pilier dans les restaurations unitaires sur implant et de comparer les systèmes de connexion interne et externe sur ce sujet.

Comment ?

L’étude a été réalisée par deux des auteurs en utilisant diverses sources électroniques (PubMed, Cochrane register of RCT’s, DARE) à la recherche d’études cliniques portant sur l’incidence des dévissages dans différents systèmes implantaires. Les mots clés utilisés sont listés et pertinents. La période de recherche s’échelonne de 1990 à septembre 2006. Les articles associés complètent la recherche informatique. Les références citées dans les articles retenus complètent une recherche manuelle dans 5 revues suivies de 1995 à 2006. Les critères d’inclusion et d’exclusion sont parfaitement décrits et la méthodologie de sélection est très claire.

Les études sélectionnées sont ensuite classées par niveau de preuve en 4 catégories :

A1 : essai clinique randomisé ;

A2 : essai clinique avec randomisation intrabuccale (split mouth randomization) ;

B : étude prospective contrôlée sans randomisation ;

C : autres études cliniques (rétrospectives, séries de cas…).

Les données des études retenues sont classées par type de connexion (externe, interne) et le taux de dévissage est calculé. Les pourcentages de cas sans complication après 3 ans sont calculés. L’influence du type d’étude (prospective ou non) est aussi analysée.

Et alors ?

La première recherche informatique a fourni 1 526 articles. Les auteurs ont retenu 175 références et, au vu des résumés, conservé 73 articles. La recherche manuelle a fourni 8 articles et les références des études 9 articles supplémentaires. Sur les 90 articles retenus, seuls 27 remplissaient les critères d’inclusion (étude clinique avec suivi, restaurations unitaires, complications mécaniques rapportées, suivi minimal de 3 ans, nombre de patients et de restaurations connus…). Sur les 27 études retenues, seules deux concernant des connexions externes ont été classées en A1 (Anderson et al., 2001 pour Nobel Biocare et Vigolo et al., 2004 pour 3I). Trois autres ont été classées en B (2 pour Nobel Biocare et 1 pour Astra : Godfresen, 2004). Les 22 autres études ont été classées en C. Les différentes études regroupaient 2 038 patients.

Le groupe connexion externe comportait 12 études et 586 restaurations unitaires. Le pourcentage estimé de restaurations sans complication après 3 ans était de 97,3 % (CI : 95,6-98,3).

Le groupe connexion interne comportait 15 études et 1 113 restaurations unitaires.

Le pourcentage estimé de restaurations sans complication après 3 ans était de 97,6 % (CI : 96,5-98,3). Les pourcentages pour les sous-groupes déterminés étaient de 98,2 % pour Straumann (96,8-99,0), 97,0 % pour Astra (94,4-98,4) et 97,1 % pour les autres connexions internes (94,7-98,5). Que l’étude soit prospective ou rétrospective n’a pas eu d’influence sur les résultats.

À RETENIR :

Les revues de synthèse de la littérature sur un sujet, lorsqu’elles sont bien réalisées, fournissent des informations pertinentes sur un sujet en diminuant les biais liés à la subjectivité de l’auteur. L’objectif de cette étude est d’effectuer une revue systématique des études cliniques qui relatent les dévissages de vis de pilier dans les restaurations unitaires sur implant et de comparer les systèmes de connexion interne et externe sur ce sujet. Une recherche informatique (Medline, Cochrane…) a été complétée par une recherche manuelle. L’informatique a fourni 1 526 références, la recherche manuelle en a fourni 17 de plus. Sur ce nombre, seules 27 références ont satisfait aux critères d’inclusion définis : études cliniques de plus de 3 ans avec suivi de restaurations unitaires sur implants et patients identifiés. Une seule étude était un essai clinique randomisé. La plupart des études avaient un faible niveau de preuves. Les différentes études regroupaient 2 038 patients.

Le groupe connexion externe comportait 12 études et 586 restaurations unitaires.

Le groupe connexion interne comportait 15 études et 1 113 restaurations unitaires.

Le pourcentage estimé de restaurations sans complication après 3 ans était similaire dans les 2 groupes (97,3 et 97,6 %). La fréquence des dévissages de vis de pilier était faible, quel que soit le système implantaire utilisé.

Cette étude montre que le dévissage de pilier des restaurations unitaires est un événement rare et indépendant du type de connexion utilisée. Plus de 97 % des restaurations ne présente pas cette complication après 3 ans.