Les techniques adhésives en 2009 : nouveautés, conseils et tendances - Cahiers de Prothèse n° 147 du 01/09/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 147 du 01/09/2009

 

revue de presse

Olivier Etienne*   Jean-Claude Schoeffler**  

La qualité de la procédure adhésive est un facteur déterminant dans la longévité des restaurations tels les scellements de sillons, les obturations composites directes ou les inlays céramiques. L’auteur fait le point sur les publications parues de 2006 à 2009 en les comparant à ses propres publications et à ses propres travaux de recherche non encore publiés.

Depuis quelques années, les systèmes adhésifs ne sont plus classés en génération, mais selon le nombre et le...


La qualité de la procédure adhésive est un facteur déterminant dans la longévité des restaurations tels les scellements de sillons, les obturations composites directes ou les inlays céramiques. L’auteur fait le point sur les publications parues de 2006 à 2009 en les comparant à ses propres publications et à ses propres travaux de recherche non encore publiés.

Depuis quelques années, les systèmes adhésifs ne sont plus classés en génération, mais selon le nombre et le type d’étapes. L’analyse de la qualité du joint après stimulation masticatoire montre que l’évolution des produits adhésifs permet un gain de temps dans la procédure au fauteuil, mais n’accroît pas leurs propriétés de collage.

Pour les procédures à mordançage-rinçage, parmi les techniques proposées, l’acide ortho-phosphorique reste le meilleur agent de préparation de la surface amélaire.

Pour les systèmes automordançants (SAM), les SAM 2 présentent dans le temps une meilleure liaison avec la dentine en raison de la présence d’un bonding hydrophobe empêchant la dégradation hydrolytique du joint composite dentaire.

Particularité du collage des obturations indirectes

La plus faible épaisseur de la couche de composite lors du collage des inlays, donc une rétraction moindre lors de la polymérisation, devrait se traduire par des valeurs adhésives à l’émail et à la dentine supérieures à celles des obturations directes en composite. Cependant, on observe le contraire pour les raisons suivantes :

– souvent, la préparation des surfaces amélaires et dentinaires pour le collage des obturations indirectes s’effectue lors de la deuxième séance alors que la dentine est contaminée par l’obturation provisoire. Ceci diminue l’efficacité du collage et accroît le risque de sensibilité postopératoire ;

– très souvent, les inlays céramiques sont mis en place avec des composants photopolymérisables. L’utilisation d’un seul produit uniquement photopolymérisable lors des étapes successives de collage peut conduire à une polymérisation insuffisante en profondeur et nuire à l’adhésion dentinaire. Par exemple, lors de la mise en œuvre du système Syntac-Variolink (Ivoclar Vivadent), l’application de l’Héliobond requiert impérativement une photopolymérisation alors que le Variolink est un composite dual.

Aussi, pour les cavités de plus de 4 mm de profondeur, l’auteur préconise, lors de la première séance, la mise en place d’un fond de cavité photopolymérisable qui, après dépose de l’obturation provisoire pendant la deuxième séance, est méticuleusement nettoyée à l’aide d’une sableuse (par exemple, Rondoflex, KaVo, Biberach ou Prepstart, Danville Engineering, San Ramon, États-Unis).

Bien entendu, une alternative logique est l’utilisation d’un système d’assemblage totalement dual comme, par exemple, XP Bond, SCA, Calibra (Dentsply DeTrey).

Le mordançage amélaire connaît actuellement une renaissance. En effet, lors de la mise en œuvre d’un système automordançant, le mordançage préalable de l’émail à l’aide d’acide phosphorique améliore la liaison à ce niveau. Néanmoins, la souillure de la dentine par de l’acide phosphorique conduit à la diminution de la qualité du joint au niveau de la dentine. Bien que les études cliniques des restaurations adhésives donnent de bons résultats, les études micromorphologiques montrent que la liaison composite-dentine peut être dégradée par hydrolyse. La libération de métallo-protéinases matricielles lors du mordançage est à l’origine de ce phénomène. Le digluconate de chlorhexidine inhibe ce processus et son emploi après le mordançage de la dentine par de l’acide phosphorique est discuté afin d’améliorer la liaison dentine-composite. Cependant, à l’heure actuelle, l’effet sur les différents adhésifs de cette étape intermédiaire n’est pas encore exactement connu et, de ce fait, son emploi de façon routinière ne peut être recommandé.

Contrairement aux obturations classiques à l’amalgame, les techniques adhésives restent des procédures techniquement sensibles et ceci malgré la simplification des protocoles. Ainsi une étude clinique multicentrique dans le centre de soins de l’auteur montre une influence prépondérante de l’opérateur. En effet, le taux annuel d’échecs d’inlays céramiques est respectivement de 0,6 et 6,1 % suivant l’opérateur.

Conclusion

Cet article a surtout l’intérêt de confirmer le consensus général, y compris dans la presse allemande, qui semble se dessiner dans le domaine du collage. Celui-ci est en effet de plus en plus crucial avec l’avènement des procédés céramo-céramiques ; et les variations de résultats « opérateurs-dépendants » doivent nous alerter sur la rigueur des procédures.

L’importance de l’hybridation des tissus dentaires le jour de la préparation est mise en avant, de même que l’importance du choix de colles duales dans le traitement des restaurations indirectes. Enfin, le délicat problème de la dégradation du collage par les métallo-protéinases et du rôle que pourrait jouer la chlorhexidine est ici bien relayé.