Réflexions de rentrée… - Cahiers de Prothèse n° 147 du 01/09/2009
 

Les cahiers de prothèse n° 147 du 01/09/2009

 

éditorial

jean schittly  

rédacteur en chef

Les rencontres avec de nombreux chirurgiens-dentistes lors de formations postuniversitaires présentent un intérêt très appréciable pour qui veut obtenir une image de l’évolution et de l’état réel d’une profession.

La comparaison, voire la confrontation des points de vue de praticiens de tous âges, toutes formations et tous lieux d’exercice sur leur pratique de l’odontologie m’a permis de dégager deux tendances principales :

– la première est le besoin...


Les rencontres avec de nombreux chirurgiens-dentistes lors de formations postuniversitaires présentent un intérêt très appréciable pour qui veut obtenir une image de l’évolution et de l’état réel d’une profession.

La comparaison, voire la confrontation des points de vue de praticiens de tous âges, toutes formations et tous lieux d’exercice sur leur pratique de l’odontologie m’a permis de dégager deux tendances principales :

– la première est le besoin de revenir aux fondamentaux de la formation, le plus souvent en prothèse et en occlusodontie, pour aborder efficacement la prothèse implantaire, en particulier la prothèse amovible stabilisée sur implants ;

– la seconde concerne la difficulté pour les praticiens au terme de leur carrière de trouver des candidats à la reprise de leur cabinet libéral, notamment dans des grandes villes ou des villes de taille moyenne.

Comment expliquer cette demande d’apprentissage (le mot est bien choisi…) des pratiques de base pour réaliser des prothèses amovibles partielles ou totales alors que leur stabilité, et donc leur confort, peuvent être majorés par un recours aux implants ? Tout simplement parce qu’on ne peut pas tout demander aux implants, que l’on prend conscience que l’implantologie est bien une discipline prothétique et qu’elle implique de nouvelles exigences. Les plus caractéristiques sont du domaine des empreintes et de l’occlusion. Une prothèse amovible à prédominance d’appui muco-osseux peut tolérer quelques approximations de rapports occlusaux fonctionnels grâce à un support autorisant les déplacements même minimes des bases, mais avec la présence de systèmes d’attaches sur implants, ceux-ci sont impossibles et toutes les contraintes sont reportées sur l’occlusion avec comme conséquences directes ou indirectes une usure des dents et/ou une résorption des bases osseuses. C’est pour éviter cet effet pervers que les praticiens souhaitent mieux maîtriser les empreintes anatomo-fonctionnelles et l’occlusion avec une motivation nouvelle pour utiliser un articulateur…

L’absence d’enthousiasme des jeunes confrères pour s’investir dans la pratique libérale est, en revanche, plus difficile à expliquer.

Avec le recul que peuvent procurer 40 années d’exercice, je peux, de façon non exhaustive, cerner les principales raisons de cette désaffection.

Les jeunes confrères ont vécu leur passage à l’âge adulte dans le contexte socio-économique des 35 heures. La plupart d’entre eux ne peuvent concevoir un mode de vie ne laissant pas une large place à la famille et aux loisirs. Or, ils découvrent le plus souvent avec surprise qu’un cabinet libéral ne peut leur procurer un niveau de vie en adéquation avec la durée de leurs études si leur temps de travail se situe sous la barre – ô combien symbolique ! – de ces 35 heures. C’est pourquoi une majorité se trouve attirée par une activité professionnelle salariée.

Cette tendance est d’autant plus marquée que le nombre de jeunes femmes chirurgiens-dentistes est croissant et que la majorité d’entre elles, privilégiant la vie familiale, ne souhaitent pas s’investir à temps plein dans la profession.

Pour ceux qui, comme moi, ont connu l’évolution de la gestion d’un cabinet libéral en solo, puis en groupe, il est incontestable que les difficultés n’ont cessé de s’accumuler pour arriver à un stade propre à décourager les jeunes confrères avec les contraintes économiques et comptables, les nécessités d’investissement en personnel, en équipement, en matériel, en matériaux pour répondre aux avancées scientifiques et aux mises aux normes diverses…

C’est d’ailleurs dans ce dernier domaine que les motifs de démotivation, voire de découragement à « se lancer » dans l’exercice libéral ont été les plus criants. Le principe de précaution, la mise aux normes européennes ont conduit la profession à supporter de nouvelles exigences pour, de l’avis des législateurs, protéger les patients, les personnels du cabinet et assurer leur sécurité et leur confort. Les dernières en date concernent le matériel d’imagerie médicale avec l’obligation du recours à une PCR (personne compétente en radioprotection) pour contrôler la conformité des matériels, de leur signalétique et de leur utilisation en attendant vraisemblablement celui d’une PCH (personne compétente en hygiène) pour s’assurer de la bonne application des mesures de désinfection et de stérilisation… et la liste n’est pas close.

Ces 2 sujets de réflexions de rentrée peuvent se rejoindre en nous ramenant vers un point essentiel : la priorité des priorités pour la prise en charge optimale de nos patients, à savoir la présence, de façon permanente, au cabinet dentaire d’une PCO (personne compétente en odontologie). Entre autres avantages, cela permettrait de poursuivre et de renforcer un investissement existant déjà, celui consacré à la formation initiale et à la formation continue qui, sous toutes leurs formes, sont à améliorer et à faire fructifier…