Étude prospective randomisée pour évaluer la conservation du volume osseux après pose d’implants dans des alvéoles après extraction au maxillaire - Cahiers de Prothèse n° 149 du 01/03/2010
 

Les cahiers de prothèse n° 149 du 01/03/2010

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Après extraction se produit systématiquement une résorption plus ou moins marquée de l’os alvéolaire. Cette résorption peut compromettre le résultat esthétique de la restauration prothétique envisagée. Le fait de placer un implant dans un alvéole d’extraction empêcherait la résorption postextractionnelle pour certains auteurs. Pour d’autres, elle se produit de toute façon. Le comblement de l’espace entre la crête osseuse et l’implant avec des...


Pourquoi ?

Après extraction se produit systématiquement une résorption plus ou moins marquée de l’os alvéolaire. Cette résorption peut compromettre le résultat esthétique de la restauration prothétique envisagée. Le fait de placer un implant dans un alvéole d’extraction empêcherait la résorption postextractionnelle pour certains auteurs. Pour d’autres, elle se produit de toute façon. Le comblement de l’espace entre la crête osseuse et l’implant avec des matériaux de régénération (greffe + membrane) a été préconisé. Malgré cela, des résorptions vestibulaires se produisent à des degrés divers. La forme et le diamètre de l’implant font aussi l’objet de controverses. Pour gagner du temps et limiter cette résorption osseuse, la mise en place immédiate d’un implant après l’extraction a été préconisée. Cette étude a pour but d’évaluer la relation entre la taille du défaut osseux initial autour de l’implant après l’extraction et la quantité de résorption observée après 16 semaines de cicatrisation. Cette étude est réalisée avec 2 formes d’implants Astra Osseospeed™ (cylindriques ou coniques).

Comment ?

Cette étude prospective, randomisée, multicentrique concerne des patients qui nécessitaient des extractions au maxillaire dans le secteur antérieur (15-25) et leur remplacement par des implants Astra Osseospeed™ cylindriques ou coniques. Les extractions ont été réalisées avec périotome et séparation de racine. Le choix de l’implant cylindrique (groupe A) ou conique (groupe B) a été réalisé de façon aléatoire (enveloppe). Les épaisseurs des murs osseux après extraction ont été mesurées avec un compas d’Iwanson à 1 mm du sommet. Le défaut osseux autour de l’implant a été parfaitement mesuré après la pose de l’implant (profondeur, largeur) avec une sonde parodontale. Des piliers de cicatrisation ont été mis en place et les tissus mous ont été suturés autour. Les sutures ont été retirées après 7 jours et une chirurgie de pleine épaisseur a été réalisée après 16 semaines pour mesurer les modifications osseuses autour des implants. Les patients ont été inclus dans un protocole de suivi sur 3 ans. Le nombre de patients nécessaires pour l’étude a été évalué à 120 par des outils statistiques.

Et alors ?

Sur les 108 patients envisagés, 95 ont été traités avec randomisation et après les 16 mois de cicatrisation, 93 patients étaient disponibles pour la comparaison des 2 groupes (A = 45 ; B = 48). Une réduction de la distance entre l’implant et la partie externe de la crête en vestibulaire et en lingual a été observée dans les 2 groupes (43 et 30 % en vestibulaire et 18 % et 11 % en lingual respectivement pour les groupes A et B). La différence entre les 2 groupes n’était pas significative. La réduction du volume du défaut osseux péri-implantaire a été évaluée dans le sens horizontal et vertical. Elle était plus importante dans le groupe A pour les composantes horizontale (significativement) et verticale (non significatif).

À RETENIR :

Depuis quelques années, la mise en place d’implants immédiatement après une extraction est une option thérapeutique fréquente à la fois pour gagner du temps et tenter de limiter la résorption alvéolaire postextraction. Un des problèmes de cette technique est en effet la résorption osseuse vestibulaire qui se produit après l’extraction et qui peut compromettre le résultat esthétique. Une revue de synthèse récente (Quirynen et al., 2007) conclut qu’il manque des données cliniques et radiographiques sur le long terme. Le but de cette étude est de déterminer l’influence de la taille du défaut osseux autour d’implants cylindriques ou coniques sur la quantité de résorption vestibulaire ou linguale observée après 4 mois. Un total de 93 patients a été inclus dans cette étude prospective randomisée sur 4 centres différents. Les défauts osseux ont été mesurés lors de la pose de l’implant et lors de la réentrée après 16 semaines. On observe une résorption osseuse d’environ 1 mm en vestibulaire et 0,5 mm en lingual après extraction et mise en place immédiate d’implant. La diminution de la largeur de la crête est effective dans les 2 groupes sans différence significative. Une résorption complémentaire pourrait se produire après 16 semaines.

La méthodologie est très bien décrite et le tableau de randomisation et d’allocation de traitement est complet.

Cette étude montre qu’il y a une résorption osseuse d’environ 1 mm en vestibulaire et 0,5 mm en lingual après extraction et mise en place immédiate d’implant. Cette résorption se produit indépendamment de l’implant utilisé. L’étude ne porte que sur 16 semaines. Une résorption ultérieure est encore possible, ce qui peut poser problème dans des secteurs esthétiques.