La bi-antibiothérapie amoxicilline-métronidazole est un traitement adjuvant efficace aux surfaçages radiculaires dans le cadre d’une parodontite chronique - Cahiers de Prothèse n° 149 du 01/03/2010
 

Les cahiers de prothèse n° 149 du 01/03/2010

 

revue de presse

Sarah Amr  

Objectifs

Les dernières avancées dans les traitements parodontaux proposent de réaliser un surfaçage complet des deux arcades dans un délai rapproché dans le temps (24 à 48 h), associé à une irrigation à la chlorhexidine sans aucun autre adjuvant.

Le but de cette étude est d’évaluer le résultat clinique de la prescription d’une bi-antibiothérapie (amoxicilline-métronidazole) immédiatement après un débridement parodontal global chez des patients souffrant...


Objectifs

Les dernières avancées dans les traitements parodontaux proposent de réaliser un surfaçage complet des deux arcades dans un délai rapproché dans le temps (24 à 48 h), associé à une irrigation à la chlorhexidine sans aucun autre adjuvant.

Le but de cette étude est d’évaluer le résultat clinique de la prescription d’une bi-antibiothérapie (amoxicilline-métronidazole) immédiatement après un débridement parodontal global chez des patients souffrant de parodontite chronique (présence de poches parodontales ≥ 4 mm avec un saignement au sondage).

Méthodologie

Il s’agit d’une étude sur 6 mois, longitudinale, randomisée et en double aveugle, contre placebo. Au total, 51 patients y ont participé et ont reçu un débridement parodontal radiculaire total sous 48 heures. L’échantillon des sujets a été divisé en deux groupes. Dans le premier, une prescription de 500 mg de métronidazole associée à 375 mg d’amoxicilline 3 fois par jour et pendant 7 jours a été administrée à 25 patients ; dans l’autre groupe, les 26 autres patients ont reçu un placebo. Les patients inclus étaient âgés de 25 à 70 ans, en bonne santé générale, ne présentaient pas de pathologie systémique, ni de médication en cours et surtout n’avaient pas reçu d’antibiothérapie dans les deux derniers mois précédant l’étude. Une allergie à la pénicilline était un critère d’exclusion de cette étude.

La chronologie du suivi a été la suivante : un enseignement à l’hygiène ainsi qu’un détartrage supragingival ont été réalisés lors de la première séance. Dans les 10 jours qui ont suivi, un rendez-vous de contrôle a été donné pour s’assurer de la bonne acquisition des techniques d’hygiène. Des données cliniques ont été relevées et enregistrées : indice de plaque, indice de saignement, profondeur des poches ainsi que le niveau de perte d’attache. Un mois plus tard, un surfaçage a été programmé. Le surfaçage complet des 2 arcades a été réalisé sous 48 heures pendant lequel les poches ont été irriguées à la chlorhexidine à 0,1 %. Une prescription de bain de bouche deux fois par jour et pendant 10 jours a été administrée dans les deux groupes. Par ailleurs, pour les 25 sujets du groupe test, une antibiothérapie a été administrée comme décrite ci-dessus.

Résultats

Sur les 51 sujets de l’étude, seuls 47 ont pu être suivis durant les 6 mois de l’étude. Aucune différence au niveau des paramètres cliniques n’a pu être notée entre les deux groupes avant la mise en place de l’antibiothérapie.

Dans l’échantillon testé, la profondeur au sondage est passée de 4,3 ± 0,4 mm à 3,0 ± 0,2 mm ; dans l’échantillon témoin, ce paramètre a diminué de 4,4 ± 0,4 mm à 3,1 ± 0,3 mm (différence de p = 0,005). Les résultats les plus probants ont été observés parmi les sujets présentant des poches supérieures à 4 mm avec saignement au sondage : le simple recours à l’antibiothérapie permet alors d’éviter une thérapeutique chirurgicale. Au bout de 6 mois de suivi et dans le groupe ayant reçu la bi-antibiothérapie, seules 0,4 ± 0,8 poches ont persisté alors que dans le groupe témoin (placebo), ce paramètre était de 3,0 ± 4,3. Ces résultats permettent de conclure qu’en présence d’au moins une poche parodontale supérieure à 4 mm et d’un saignement au sondage, la prise d’antibiotiques permettrait une amélioration 8,85 fois plus importante que dans le groupe témoin.

Conclusion

Cette étude longitudinale de 6 mois montre que l’administration systémique de métronidazole et d’amoxicilline peut être un adjuvant efficace lors d’un traitement parodontal non chirurgical en présence d’une pathologie parodontale chronique ; cette association évitant, voire remplaçant totalement le recours à un traitement plus invasif chirurgical. Cette prescription devrait être réalisée dans les 48 h concomitantes et/ou suivant le surfaçage complet des deux arcades.