Augmentation verticale de crête ou utilisation d’implants de 7 mm : essai clinique randomisé à 1 an - Cahiers de Prothèse n° 152 du 01/12/2010
 

Les cahiers de prothèse n° 152 du 01/12/2010

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La réhabilitation des secteurs postérieurs mandibulaires à l’aide de prothèse partielle amovible est souvent source d’inconfort et de difficulté masticatoire. La réhabilitation à l’aide de prothèse implanto-portée se heurte parfois à la faible hauteur d’os alvéolaire disponible au-dessus du nerf mandibulaire, ce qui limite la possibilité d’utiliser des implants suffisamment longs. Cette étude se propose de comparer 2 protocoles de réhabilitation des...


Pourquoi ?

La réhabilitation des secteurs postérieurs mandibulaires à l’aide de prothèse partielle amovible est souvent source d’inconfort et de difficulté masticatoire. La réhabilitation à l’aide de prothèse implanto-portée se heurte parfois à la faible hauteur d’os alvéolaire disponible au-dessus du nerf mandibulaire, ce qui limite la possibilité d’utiliser des implants suffisamment longs. Cette étude se propose de comparer 2 protocoles de réhabilitation des secteurs postérieurs mandibulaires qui présentent une hauteur osseuse disponible de 7 à 8 mm. Le premier consiste à utiliser des implants courts de 7 mm (groupe IC) et le second à réaliser une greffe osseuse préalable à la pose d’implants de plus de 10 mm (groupe G). Le choix du type de traitement est réalisé de façon aléatoire et le patient est suivi pendant 1 an après mise en charge des prothèses. Les taux de survie des implants, les complications et les pertes osseuses péri-implantaires ont été enregistrés.

Comment ?

Ont été inclus dans l’étude des patients de plus de 18 ans présentant un édentement postérieur mandibulaire avec une hauteur osseuse disponible de 7 à 8 mm et une crête d’au moins 5,5 mm de large évaluée sur des coupes scanner. Les patients sélectionnés ont été divisés en 3 groupes en fonction de leur consommation de tabac (non-fumeur, < 10 cig./jour, > 10 cig./jour). Tous les patients ont été traités par les mêmes praticiens selon le même protocole. Les protocoles opératoires pour les étapes de greffe osseuse et de pose d’implants sont parfaitement détaillés. Les implants Nano Tite (Biomet 3I) à connexion externe ont été utilisés dans les deux groupes selon une procédure en 2 temps chirurgicaux. Les implants ont été découverts après 4 mois et des prothèses provisoires transvissées reliant les implants ont été réalisées. Quatre mois plus tard, la stabilité des implants a été vérifiée manuellement avant la pose des prothèses céramo-métalliques d’usage reliant les implants. Les critères étudiés ont été : échec prothétique, échec implantaire, complication biologique ou prothétique, temps nécessaire pour retrouver une sensibilité nerveuse normale et perte osseuse marginale péri-implantaire.

Une détermination préalable de la taille de l’échantillon nécessaire a donné 72 patients pour chaque groupe. Pour cette étude, il a été décidé de n’inclure que 30 patients par groupe. Une randomisation par enveloppe a été réalisée par un praticien indépendant du recrutement ou du traitement des patients.

Et alors ?

Un total de 60 patients a été inclus de façon consécutive dans l’étude et traité selon l’attribution aléatoire entre juin 2007 et avril 2008. Une patiente du groupe IC a été sortie de l’étude, car traitée en Croatie pour des raisons financières. La dernière prothèse définitive a été insérée en décembre 2008. Dans le groupe greffé, 61 implants ont été placés (60 dans le groupe IC). Trois implants ont été perdus dans le groupe G et un dans le groupe IC et ceci avant mise en charge. Trois prothèses du groupe G et une du groupe IC n’ont pas été mises en place selon le protocole initial. Aucune paresthésie n’a été observée. Quatre déhiscences ont été observées dans le groupe G. Aucune différence statistiquement significative n’a été notée sur ces items. Les niveaux de perte osseuse péri-implantaire sont comparables dans les 2 groupes (1 mm après 1 an). Les 2 techniques permettent de compenser l’édentement de façon efficace, mais le recours à des implants courts permet de le faire de façon plus rapide, moins onéreuse et avec une morbidité moindre.

À RETENIR

Une hauteur osseuse de 10 mm a longtemps été considérée comme la hauteur minimale nécessaire pour avoir des taux de succès élevés. Néanmoins, il existe de nombreuses situations cliniques dans lesquelles cette hauteur n’est pas disponible au-dessus du nerf mandibulaire. Il existe alors 3 options : greffe osseuse, utilisation d’implants courts ou transposition du nerf, la dernière option étant peu fiable et désormais peu utilisée. Cette étude compare les 2 premières options dans le traitement des édentements postérieurs mandibulaires. Deux groupes de 30 patients ont été traités de façon randomisée selon des protocoles bien détaillés par des praticiens expérimentés. Au total, 121 implants Nano Tite ont été mis en place : des implants de 7 mm dans le groupe implants courts et des implants de plus de 10 mm dans le groupe après greffe osseuse. Il n’y a pas de différence statistiquement significative entre les 2 groupes pour les paramètres étudiés (échec prothétique, échec implantaire, perte osseuse). En revanche, le recours aux implants courts permet de diminuer le temps et le coût de traitement, et supprime les complications non négligeables des greffes osseuses.

La taille de l’échantillon retenue ne permet pas de mettre en évidence de faibles différences.

Les complications liées aux procédures de greffe osseuse sont de nature à préconiser l’utilisation d’implants courts.