Régénération osseuse verticale avec des membranes résorbables ou non – Essai clinique randomisé - Cahiers de Prothèse n° 152 du 01/12/2010
 

Les cahiers de prothèse n° 152 du 01/12/2010

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Plusieurs techniques ont été décrites pour obtenir des résultats prévisibles et esthétiques dans les augmentations verticales de volume de crêtes osseuses atrophiées. Néanmoins, des taux de complications de l’ordre de 30 à 40 % sont observés en peropératoire et il y a peu d’études qui donnent des résultats sur le long terme. Le but de cette étude clinique randomisée est de comparer l’efficacité de deux techniques d’augmentation verticale de...


Pourquoi ?

Plusieurs techniques ont été décrites pour obtenir des résultats prévisibles et esthétiques dans les augmentations verticales de volume de crêtes osseuses atrophiées. Néanmoins, des taux de complications de l’ordre de 30 à 40 % sont observés en peropératoire et il y a peu d’études qui donnent des résultats sur le long terme. Le but de cette étude clinique randomisée est de comparer l’efficacité de deux techniques d’augmentation verticale de hauteur de crête. Des particules d’os autogène ont été mises en place simultanément à la pose des implants et recouvertes soit d’une membrane résorbable (Bio Gide®, Geistlich) protégée par des plaques d’ostéosynthèse, soit d’une membrane non résorbable renforcée de titane (WL Gore & ass). Cet article décrit le suivi de 22 patients pendant 3 ans après la mise en fonction des implants.

Comment ?

Les patients de l’étude, recrutés parmi les patients d’un cabinet privé de Rimini, ont été inclus entre avril 2004 et avril 2005. Les critères d’exclusion sont bien décrits. Tous les implants Xive® S Plus (Dentsply/Friadent) ont été mis en place avec un guide chirurgical par un seul opérateur expérimenté. Le chirurgien était libre du choix du site donneur pour la greffe osseuse autogène. L’os de forage a aussi été récupéré dans une trappe à os sur une aspiration dédiée à cet usage. L’attribution du traitement a été réalisée en peropératoire par l’ouverture d’une enveloppe numérotée. Le chirurgien a alors utilisé le protocole indiqué : soit la mise en place de membranes Bio Gide® résorbables et de plaque d’ostéosynthèses pour couvrir les particules osseuses collectées, soit l’utilisation de membranes non résorbables renforcées de titane. La couverture du site a été réalisée avec des incisions périostées pour assurer une fermeture hermétique sans tension du lambeau. La mise en place des piliers a été réalisée 5 mois plus tard lors du retrait des membranes non résorbables et des plaques d’ostéosynthèse. Deux semaines plus tard, des restaurations provisoires vissées ont été mises en bouche et des radiographies rétroalvéolaires prises avec angulateur réalisées. Les restaurations céramo-métalliques (vissées ou scellées) ont été mises en bouche 2 à 3 mois plus tard. Des radiographies ont été réalisées à 1 et 3 ans. Les échecs prothétique ou implantaire, les complications après mise en charge et les modifications de niveau osseux marginal ont été évalués par un chirurgien-dentiste indépendant.

Et alors ?

Sur les 24 patients initialement sélectionnés, seuls 22 ont été inclus dans cette étude et ont reçu le traitement attribué par randomisation. Il n’y a pas eu de perdus de vue ou de patients exclus sur la période de 3 ans. Les gains osseux initiaux étaient respectivement de 2,2 mm pour le groupe membrane résorbable et 2,5 mm pour l’autre groupe. Le nombre de complications avant la mise en charge a été important (même si ce n’est pas le sujet de l’étude). Aucune différence significative de perte osseuse marginale n’a été observée entre les 2 groupes après 3 ans (moyenne de 0,55 mm avec les membranes résorbables et 0,53 mm avec les membranes non résorbables).

Aucun échec de prothèse ou d’implant, aucune complication n’ont été observés sur la période de 3 ans.

À RETENIR

Cette étude clinique randomisée est, à ce jour, la plus importante pour comparer 2 types de traitement des défauts osseux verticaux de crête édentée par apposition verticale. Les 22 patients retenus ont été sélectionnés parmi les patients d’un cabinet de Rimini et traités par un chirurgien expérimenté. Le protocole chirurgical et la randomisation rigoureuse sont bien décrits. Les implants Xive® S Plus sont mis en place avec des guides chirurgicaux ; les prélèvements osseux endobuccaux sont laissés au choix du chirurgien. Le procédé pour couvrir et protéger le greffon est choisi par un procédé de randomisation (enveloppes). Le chirurgien recouvre alors les particules osseuses soit avec une membrane résorbable Bio Gide® et des plaques d’ostéosynthèse soit avec une membrane non résorbable renforcée titane (WL Gore). Aucune différence de gain osseux n’a été observée entre les 2 options avant la connexion des piliers et après 3 ans de mise en fonction. Il n’y a pas de différence de perte osseuse. Cette étude montre qu’il est possible de maintenir après 3 ans l’os régénéré par une technique d’augmentation verticale. Toutefois, le rapport bénéfice/risque d’une telle option doit être comparé à celui de l’utilisation d’implants courts.

Les 2 techniques ont été réaliséespar un chirurgien expérimenté. Les résultats ne sont pas forcément transposables à d’autres praticiens.

Le faible nombre de patients inclus dans l’étude limite l’impact des conclusions et les possibilités de mettre en évidence des différences significatives. Néanmoins, cette étude est la plus large jamais publiée et ses résultats pourront être utilisés dans une future méta-analyse. Une méta-analyse réalisée par Esposito et al. en 2009 met en évidence moins de complications et d’échecs, des coûts plus bas, moins d’inconfort pour le patient et un temps de traitement réduit lorsque des implants courts sont utilisés au lieu de recourir à une greffe d’apposition verticale. Le rapport bénéfice/risque de ce type d’intervention doit toujours être évalué avec attention.