Le défi implantaire - Cahiers de Prothèse n° 153 du 01/03/2011
 

Les cahiers de prothèse n° 153 du 01/03/2011

 

bibliographie

Franck Forestier  

Ces 20 dernières années, l’implantologie s’est imposée comme une solution thérapeutique à part entière, et surtout s’est démocratisée sous l’impulsion des fabricants et des chirurgiens-dentistes. Les premiers ont investi dans de nouvelles voies de recherches pour simplifier les procédures tout en permettant de contourner certaines contre-indications (par exemple, l’apport des implants courts ou les comblements sinusiens). Les seconds ont élaboré des plans de traitement à...


Ces 20 dernières années, l’implantologie s’est imposée comme une solution thérapeutique à part entière, et surtout s’est démocratisée sous l’impulsion des fabricants et des chirurgiens-dentistes. Les premiers ont investi dans de nouvelles voies de recherches pour simplifier les procédures tout en permettant de contourner certaines contre-indications (par exemple, l’apport des implants courts ou les comblements sinusiens). Les seconds ont élaboré des plans de traitement à la fois plus adaptés aux demandes des patients et parfois plus complexes.

Alors, évidemment devant le livre de Gérard Zuck, le lecteur pourrait se dire : « Encore un livre sur l’implantologie ! Technique réservée à l’élite, inaccessible à mes patients ! », d’autant que le volume de l’ouvrage pourrait décourager le praticien qui ne le consulterait que trop rapidement.

En fait, il ne s’agit en rien d’un énième livre traitant des implants dentaires. Bien au contraire, nous saluons le côté didactique, clair, la richesse de l’iconographie et la diversité des cas cliniques exposés. En effet, le souci du détail est tel, qu’aucune option ne semble avoir été omise.

Car plus l’avancée dans la lecture se fait, plus le praticien a l’impression de devenir compétent en technique implantaire. Bien sûr, cela n’exonérera pas de l’incontournable apprentissage, mais avec l’ouvrage de Gérard Zuck, tout devient possible et abordable. D’autant qu’il est loisible au praticien traitant ses premiers cas comme celui ayant déjà une riche expérience de s’y référer pour surmonter un obstacle à n’importe quel moment de son protocole thérapeutique. L’auteur nous fait bénéficier de sa riche et longue pratique.

L’autre mérite de Gérard Zuck est d’aborder un aspect plus global de la dentisterie moderne et de ses tensions. Au début des années 90, il était de bon ton de railler la prothèse amovible complète qui, pour bon nombre, était vouée à disparaître. Or, à la lecture de ce livre, une idée forte s’impose : non seulement cette catégorie de prothèse n’a pas disparu, loin s’en faut, mais elle s’est considérablement compliquée. Nos patients vieillissent, ne veulent plus être handicapés dans leur vie par l’absence plus ou moins importante de dents, et surtout nous proposent des problèmes à résoudre de plus en plus complexes.

Le praticien appréciera la manière dont l’auteur aborde la gestion clinique des patients, y compris dans son aspect économique. En effet, la description de ce que Gérard Zuck considère comme l’accueil d’un patient est valable pour des cas d’implantologie, mais aussi pour des soins plus « classiques ».

Lire que le projet final de prothèse implantaire doit diriger l’aspect chirurgical, donc initial du traitement montre bien comment la globalisation de nos traitements doit être gérée.

Ces traitements que nous proposons sont de plus en plus coûteux, et ils ne sont réservés ni à une élite de la profession ni à une élite de patients. Ils ne peuvent être réalisés que dans une relation de confiance s’appuyant sur la notion de service. Et cette notion de service repose sur une proximité relationnelle, gage de la vraie économie de santé dont nous avons grand besoin.