Remplacement de la molaire unitaire par implant : revue de synthèse et méta analyse de 2 protocoles de traitement - Cahiers de Prothèse n° 153 du 01/03/2011
 

Les cahiers de prothèse n° 153 du 01/03/2011

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Les protocoles initiaux de remplacement des dents absentes comportaient de nombreuses étapes chirurgicales : extraction de la dent, délai de cicatrisation osseuse, mise en place de l’implant, délai d’obtention de l’ostéo intégration, dégagement chirurgical éventuel et ensuite réalisation de la prothèse. Le nombre d’interventions et le temps total de traitement étaient importants. Depuis quelque temps, ces protocoles initiaux ont été modifiés,...


Pourquoi ?

Les protocoles initiaux de remplacement des dents absentes comportaient de nombreuses étapes chirurgicales : extraction de la dent, délai de cicatrisation osseuse, mise en place de l’implant, délai d’obtention de l’ostéo intégration, dégagement chirurgical éventuel et ensuite réalisation de la prothèse. Le nombre d’interventions et le temps total de traitement étaient importants. Depuis quelque temps, ces protocoles initiaux ont été modifiés, notamment dans les édentements unitaires pour diminuer le nombre de chirurgies et le temps de traitement. La mise en place immédiate de l’implant consiste à placer l’implant dans la même séance que l’extraction de la dent. Cela permet de diminuer le nombre d’interventions chirurgicales, de préserver les niveaux osseux, d’augmenter la satisfaction du patient avec des taux de succès similaires en zone antérieure à ceux obtenus par une pose différée après la cicatrisation du site d’extraction. Dans les secteurs molaires, le nombre d’études est plus limité et les conditions anatomiques moins favorables. Une autre approche consiste à réaliser une prothèse immédiatement après la pose de l’implant (dans les 48 heures), que cette prothèse soit fonctionnelle ou non. Bien qu’il soit envisageable de combiner les deux options, la littérature décrit l’un ou l’autre protocole. Cette revue de synthèse se fixe donc deux objectifs : évaluer l’efficacité de la mise en place immédiate d’implant dans des sites d’extraction de molaire et aussi d’évaluer le devenir des restaurations mises en place immédiatement après pose d’implant dans des sites molaires cicatrisés.

Comment ?

La méthodologie de recherche des articles est parfaitement détaillée. Les bases de données et les mots clés utilisés sont listés. Une recherche manuelle sur 5 ans dans 18 revues a aussi été réalisée. La sélection des articles a été réalisée de façon indépendante par 2 auteurs (MA et AP) et les désaccords éventuels arbitrés par un troisième (WD). Les critères d’inclusion sont donnés. Les études sont classées dans 6 niveaux de qualité de « correct » pour les études rétrospectives à « excellent » pour les essais cliniques randomisés en double aveugle, en passant par « moyen », « bon » et « meilleur ». Les moyens d’analyse statistique sont décrits.

Et alors ?

Les résultats sont décrits pour chaque question posée.

Pour la mise en place immédiate d’un implant dans un site d’extraction, neuf études ont été retenues sur les 67 issues de la recherche informatique. Ces 9 études regroupent 1 013 implants unitaires maxillaires ou mandibulaires. Une seule étude est un essai clinique randomisé (meilleur), 5 sont rétrospectives (correct) et 3 sont des études de cas prospectives (moyen). Les taux de succès décrits vont de 93,9 à 100 % sur une période de 12 à 133 mois.

Pour la restauration immédiate des implants mis en place dans des sites cicatrisés, la recherche informatique identifie 129 articles et seules 7 études sont retenues pour la méta analyse pour un total de 188 implants. Deux études sont des essais cliniques randomisés (meilleur) et 5 des études de cas prospectives (moyen). Le taux de succès observé est de 90,9 à 100 % sur une période de 6 à 36 mois.

À RETENIR

Les protocoles initiaux décrits par l’école Suédoise pour le remplacement des dents absentes impliquaient de nombreuses étapes chirurgicales et un temps de traitement global assez long. Les souhaits des patients et des praticiens ont fait évoluer les protocoles de traitement vers moins de chirurgie et moins de temps de traitement. Diverses approches sont actuellement utilisées. Mise en place de l’implant après un délai suffisant de cicatrisation du site d’extraction ou mise en place de l’implant le jour de l’extraction. Mise en place de la prothèse (d’usage ou provisoire, avec ou sans mise en fonction) le jour de la pose de l’implant ou après obtention de l’ostéo intégration. L’objet de cette étude est de réaliser une revue de synthèse des articles publiés et de faire une méta analyse des articles sélectionnés pour évaluer s’il y a un bénéfice à utiliser une technique plutôt qu’une autre. Concernant l’intérêt de la mise en place immédiate d’implant dans un site d’extraction, la recherche a fourni 9 études sur les 67 sélectionnées pour un total de 1 013 implants. Pour l’intérêt de la mise en fonction immédiate des restaurations sur implants, 7 études ont été retenues sur les 129 sélectionnées pour un total de 188 implants. La méta analyse ne permet pas de mettre en évidence de différence de taux de survie entre les protocoles « nouveaux » et les procédures standards.

Les méta analyses ne permettent pas de mettre en évidence de différence entre la mise en place immédiate et différée des implants unitaires dans les sites molaires ou entre la mise en fonction immédiate ou différée des restaurations sur des implants mis en place dans des sites cicatrisés.