Risque d’échec et de perte osseuse pour les implants posés chez des patients avec des antécédents de parodontite : revue de synthèse et méta analyse - Cahiers de Prothèse n° 153 du 01/03/2011
 

Les cahiers de prothèse n° 153 du 01/03/2011

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Les implants dentaires sont utilisés pour supporter une restauration fiable des dents absentes dans une population générale. Les patients atteints de parodontite agressive sont supposés présenter plus de risque de développer des pertes osseuses autour des implants et avoir plus de risque d’échec. Néanmoins une étude prospective de Nevins et Langer sur 59 patients atteints de parodontite réfractaire rapporte des taux de survie de 98 %. Les études disponibles...


Pourquoi ?

Les implants dentaires sont utilisés pour supporter une restauration fiable des dents absentes dans une population générale. Les patients atteints de parodontite agressive sont supposés présenter plus de risque de développer des pertes osseuses autour des implants et avoir plus de risque d’échec. Néanmoins une étude prospective de Nevins et Langer sur 59 patients atteints de parodontite réfractaire rapporte des taux de survie de 98 %. Les études disponibles à ce jour (dont 2 revues de synthèse) concluent que les patients atteints de parodontite présentent plus de risque d’échec implantaire et que le tabac est un cofacteur important. Aucune de ces études n’inclut de méta analyse. Le but de cette étude est d’évaluer dans la littérature disponible, le risque de perte osseuse et d’échec implantaire pour des patients avec un passé de maladie parodontale et de comparer ces résultats avec ceux de patients sans maladie parodontale et ensuite de réaliser une méta analyse.

Comment ?

La stratégie de recherche informatique en langue anglaise sur la période 1990-2008 est parfaitement décrite (bases de données : MEDLINE, EMBASE et PubMed, mots clés utilisés : periodontitis, alveolar bone loss, dental implants…). Les critères d’inclusion sont donnés (comparaison de patients avec parodontite ou non, 3 ans de recul clinique, patients partiellement édentés, suivi du niveau osseux sur clichés rétro alvéolaires). Elle est complétée d’une recherche manuelle dans les revues spécialisées. Sur les 865 articles issus de la recherche informatique, seuls six ont été retenus pour cette revue de synthèse. Les critères d’exclusion des articles non retenus sont donnés. La méta analyse a été réalisée à l’aide du logiciel Medcalc.

Et alors ?

Sur les 867 articles issus de la recherche informatique, 29 ont été retenus pour une lecture complète et 17 pour une analyse approfondie. Pour les 11 articles écartés à ce stade, les informations sur les motifs de rejet sont données et détaillées. L’absence de groupe contrôle est la raison la plus fréquente. Seules six études qui comportaient des comparaisons entre des patients atteints ou non de parodontites et traités avec des implants ont été retenues pour la revue de synthèse. Il y a 4 études prospectives et 2 études rétrospectives. Pour chaque étude retenue, les auteurs donnent les caractéristiques principales, type d’étude, population étudiée, type d’implant, perte osseuse moyenne et taux d’échec. Seules 5 études présentent des données suffisantes pour participer à la méta analyse du taux de survie. Les taux de survie implantaire sont meilleurs pour les patients sans parodontite mais la différence n’est pas significative. Seules 4 études présentent des données suffisantes pour participer à la méta analyse de perte osseuse. Les pertes osseuses sont significativement plus importantes pour les patients avec antécédents de parodontite.

À RETENIR

Les implants dentaires sont une option fiable de remplacement des dents absentes. Une des causes de la perte des dents est la maladie parodontale. Un préalable indispensable à la mise en place d’implants dans la cavité buccale est une prise en charge de la maladie parodontale. Malgré cette prise en charge et ce suivi des patients, il semble qu’ils soient plus enclins à développer des pertes osseuses autour de leurs implants et à avoir des taux d’échec plus élevés. Un certain nombre d’études publiées, dont 2 revues de synthèse, indiquent des taux d’échec plus élevés pour les patients atteints de parodontites. Cet article a pour objectif de réactualiser une revue de synthèse sur ce sujet et de réaliser une méta analyse des données collectées dans les articles sélectionnés. Le protocole de l’étude est bien détaillé et les critères de sélection explicites. Les résultats de l’étude indiquent avec un faible poids que les patients avec des antécédents de parodontite sont enclins à développer des pertes osseuses péri implantaires et à avoir des taux d’échec plus élevés.

L’hétérogénéité des études retenues pour la méta analyse limite la puissance des conclusions que l’on peut en tirer. Il semble néanmoins que les patients avec des antécédents de parodontite soient plus susceptibles de développer des pertes osseuses péri implantaires et d’avoir des taux d’échec plus élevés.