Comportements clinique et histologique similaires des deux tailles de particules de Bio-Oss® utilisées dans les comblements sous-sinusiens - Cahiers de Prothèse n° 154 du 01/06/2011
 

Les cahiers de prothèse n° 154 du 01/06/2011

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La résorption crestale et la pneumatisation des sinus maxillaires sont fréquentes après extractions des molaires maxillaires. Cela complique souvent la mise en place d’implants pour compenser ces édentements. Le recours à des greffes osseuses est alors nécessaire. De nombreux matériaux de comblement ont été et sont utilisés pour réaliser ces comblements (os autogène, hydroxyapatite, phosphate tricalcique, os bovin minéral déprotéinisé). L’os bovin a...


Pourquoi ?

La résorption crestale et la pneumatisation des sinus maxillaires sont fréquentes après extractions des molaires maxillaires. Cela complique souvent la mise en place d’implants pour compenser ces édentements. Le recours à des greffes osseuses est alors nécessaire. De nombreux matériaux de comblement ont été et sont utilisés pour réaliser ces comblements (os autogène, hydroxyapatite, phosphate tricalcique, os bovin minéral déprotéinisé). L’os bovin a fait l’objet de nombreuses études chez l’animal et chez l’homme. C’est un matériau ostéoconducteur qui fournit une trame pour une néoformation osseuse autour des granules. Le Bio-Oss® (Geistlich Biomaterials Inc., Suisse) est disponible en deux granulométries (0,25-1 mm ou 1-2 mm), mais il n’y a pas d’étude qui permette d’orienter le clinicien dans son choix de taille de particule.

Le but de cette étude prospective humaine randomisée est de comparer la quantité et la qualité d’os nouvellement formé après comblement sous-sinusien bilatéral avec des particules de Bio-Oss® de taille différentes.

Comment ?

Un groupe de 10 patients non fumeurs, âgés de 46 à 65 ans est inclus dans l’étude. Les critères d’inclusion sont le besoin d’un comblement sinusien bilatéral avant mise en place d’implants, une bonne hygiène orale et l’acceptation du protocole de l’étude validé par le comité d’éthique et correspondant aux recommandations de bonne pratique clinique. Un examen tomodensitométrique (CT scan) préopératoire est réalisé pour chaque patient. Il permet de déterminer la hauteur osseuse résiduelle sous les sinus. Avant l’intervention, une procédure de randomisation détermine le côté qui reçoit le Bio-Oss® fin ou large par une technique d’abord latéral classique (Tatum, 1986). Après comblement des sinus, les ouvertures sont recouvertes avec une membrane de collagène Bio-Gide®, avant fermeture des lambeaux. Les prescriptions antibiotiques et antalgiques sont décrites ainsi que les soins postopératoires. Les fils sont retirés une semaine plus tard. Un second scanner est réalisé 6 à 9 mois plus tard. Il permet de mesurer la hauteur osseuse. Avant la pose des implants, une biopsie osseuse est réalisée avec un trépan de diamètre interne de 3,5 mm. Les échantillons prélevés sont préparés pour une analyse tridimensionnelle (micro-CT scan) puis sectionnés pour une analyse histomorphométrique.

Et alors ?

Les hauteurs d’os sous le sinus en préopératoires étaient de 2,45 ± 1,46 mm du côté gros grains et de 1,95 ± 1,06 mm du côté grains fins. Cette différence n’est pas significative. En postopératoire, les hauteurs mesurées étaient respectivement de 18 ± 2,91 mm et 18,3 ± 1,12 mm. Les complications postopératoires étaient identiques dans les deux groupes. Un cas d’infection bilatérale a été résolu par antibiothérapie. Les valeurs des couples d’insertion des implants étaient comparables dans les deux groupes. Pour un patient, la densité de l’os greffé étant insuffisante, la biopsie était impossible. Ce patient a été exclu de l’étude. L’analyse tridimensionnelle permet de déterminer les volumes osseux, les volumes des particules et les volumes de tissus mous entourant les tissus calcifiés. Pour tous ces paramètres, il n’y pas de différences statistiquement significatives entre les deux groupes. Sur le plan histologique, pour les deux groupes, les particules sont entourées d’os néoformé avec des ostéons bien organisés qui forment une trame reliant les particules. L’os est toujours en contact intime avec les particules ; il n’y a pas d’infiltrat de cellules inflammatoires. Les résultats morphométriques ne présentent pas de différences statistiques entre les deux groupes.

À RETENIR :

L’os bovin minéral déprotéinisé est un matériau bien documenté pour la réalisation de comblement sous–sinusien (Wallace et al., 1996 ; Valentini et Abensur, 1997 ; Froum et al., 1998…). Le Bio-Oss® existe en deux granulométries (0,25-1 mm ou 1-2 mm) mais il n’existe pas de données cliniques ou histologiques qui montrent l’intérêt de l’une ou l’autre. Cette étude clinique prospective randomisée est réalisée sur 10 patients qui ont reçu des comblements sous-sinusiens bilatéraux avec les deux tailles de particules. Les méthodes de sélection et d’intervention sont décrites. Les volumes obtenus 6 à 9 mois après la greffe sont évalués par tomodensitométrie. Des biopsies osseuses sont prélevées avant la mise en place des implants. Elles sont analysées par microtomodensitométrie puis par mesures histomorphométriques. Les paramètres étudiés ne permettent pas de mettre en évidence de différence entre les deux tailles de particules de Bio-Oss® utilisées pour les comblements sous-sinusiens.

Cette étude ne permet pas de mettre en évidence de différence clinique ou histologique entre les deux tailles de particules de Bio-Oss® utilisées comme matériaux de comblement sous-sinusien. Le choix revient au clinicien.