Bons taux de succès des implants de petit diamètre dans la littérature
 

Les cahiers de prothèse n° 158 du 01/06/2012

 

Synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Une étude multicentrique récente menée au Canada et au Royaume-Uni (Ellis et al. 2011) a montré que la peur de douleurs potentielles ou de complications de la chirurgie de pose d’implants est la principale cause du refus des implants pour stabiliser une prothèse complète en plus du coût d’une telle procédure. Un des moyens de diminuer la crainte des patients est de « simplifier » la chirurgie en réalisant des interventions sans lambeaux qui...


Pourquoi ?

Une étude multicentrique récente menée au Canada et au Royaume-Uni (Ellis et al. 2011) a montré que la peur de douleurs potentielles ou de complications de la chirurgie de pose d’implants est la principale cause du refus des implants pour stabiliser une prothèse complète en plus du coût d’une telle procédure. Un des moyens de diminuer la crainte des patients est de « simplifier » la chirurgie en réalisant des interventions sans lambeaux qui diminuent l’anxiété pré-opératoire et les suites post-opératoires. Le gain de temps lors de la chirurgie permet aussi de diminuer le coût. Le choix d’implants de faible diamètre permet de sécuriser cette procédure. Il a donc été décidé de réaliser une recherche bibliographique pour :

– déterminer le taux de survie des implants de faible diamètre (IFD) ;

– déterminer si ce taux de survie est dépendant du type d’accès (avec ou sans lambeau) ;

– déterminer si ce taux de survie dépend de la longueur de l’implant.

Comment ?

Une recherche informatisée a été réalisée dans les bases de données PubMed, Embase et Cochrane jusqu’en août 2011 avec les mots clés « Small diameter implant », « narrow diameter implant » et « mini dental implant ». Une recherche manuelle a complété la précédente sur les principales revues. Les experts et les sociétés concernées par le sujet ont aussi été contactés pour trouver d’autres articles ou données non publiées. Les critères d’inclusion des études ont été :

– les implants de moins de 3,5 mm de diamètre ;

– l’essai clinique randomisé, cohorte prospective ou rétrospective chez l’homme ;

– le suivi d’au moins 5 mois après la pose des implants ;

– le taux de survie des implants est précisé.

Les critères d’exclusion sont aussi précisés. La collecte des données des études retenues a été réalisée de façon indépendante par deux personnes selon une forme standardisée.

Et alors ?

En fonction des critères de sélection, 41 études publiées entre 1993 et 2011 ont été retenues. À cause de l’hétérogénéité des études, aucune analyse statistique n’a été réalisée. Un total de 10.093 IFD a été répertorié chez 2 762 patients âgés de 19 à 91 ans et présentant des situations d’édentement variées. Un lambeau a été réalisé dans 26 études et une technique sans lambeau a été utilisée dans 6 études. Pour 10 études, le site était mandibulaire. Dans 20 autres, il concernait les 2 arcades. Dans 8 études, la prothèse était une prothèse supra implantaire mandibulaire. Les durées de suivi allaient de 5 mois à 9 ans. Les taux de survie rapportés dans toutes les études analysées sont de plus de 90 % (sauf une étude à 89 %). Seules 13 études sur 41 donnent des informations sur la longueur des implants perdus. On observe 88 échecs pour des implants « courts » de 13 mm ou moins et 16 échecs pour des implants de plus de 13 mm.

À RETENIR :

L’édentement complet est un problème important qui a un impact négatif sur l’individu. Pendant de nombreuses années, les prothèses amovibles complètes ont été la seule option de traitement pour cette population. Les prothèses supra-implantaires (PSI) procurent une meilleure stabilité et réduisent significativement les difficultés masticatoires et les pertes osseuses. De plus, elles ont un impact positif sur la satisfaction des patients et améliorent leur niveau de confiance et de bien-être. Cependant, de nombreux patients édentés âgés, bien que mécontents de leur prothèse, refusent l’option implantaire pour des raisons liées au coût du traitement et à la peur de la chirurgie. Une chirurgie sans lambeau avec des implants de petits diamètres permettrait de lever ces obstacles au traitement. Cette étude a pour objectif de rechercher par une revue de synthèse de la littérature les taux de succès des implants de diamètre inférieur à 3,5 mm. Une analyse de la littérature bien conduite a permis de déterminer que les taux de survie avec les implants de moins de 3,5 mm de diamètre sont équivalents à ceux observés avec des implants standard et que la chirurgie sans lambeau ne diminue pas les taux de survie. L’utilisation d’implants étroits dans une chirurgie sans lambeau peut être une solution pour diminuer les coûts et augmenter l’acceptation des traitements pour nos patients édentés âgés.

Les taux de survie observés avec les implants de faible diamètre (moins de 3,5 mm) sont équivalents à ceux obtenus avec les implants standard. Seules 6 études répertorient les résultats avec une approche sans lambeau. Il n’y a pas de différence entre les 2 approches chirurgicales en terme de taux de survie implantaire. Les auteurs décrivent un taux d’échec plus fort avec des implants courts, mais leur seuil est fixé à 13 mm. Si l’implant court est défini comme inférieur ou égal à 10 mm, la différence n’est plus significative (64/40 au lieu de 88/16). L’utilisation d’implants de faible diamètre avec une approche sans lambeau peut être une solution pour diminuer les coûts et faciliter l’acceptation de traitement par des patients édentés âgés.