Dysmorphies maxillo-mandibulaires. Traitement orthodontico-chirurgical - Cahiers de Prothèse n° 158 du 01/06/2012
 

Les cahiers de prothèse n° 158 du 01/06/2012

 

bibliographie

Hélène Citterio  

Pierre Canal, professeur des universités en orthopédie dento-faciale, et Patrick Goudot, professeur des universités en chirurgie maxillo-faciale, dirigent cet ouvrage de 160 pages et 500 illustrations originales sur le traitement orthodontique et chirurgical des dysmorphies maxillo-mandibulaires. Ils se sont entourés de 20 collaborateurs renommés, eux-mêmes travaillant en binômes orthodontiste-chirurgien pour traiter des différentes situations de dysmorphies...


Pierre Canal, professeur des universités en orthopédie dento-faciale, et Patrick Goudot, professeur des universités en chirurgie maxillo-faciale, dirigent cet ouvrage de 160 pages et 500 illustrations originales sur le traitement orthodontique et chirurgical des dysmorphies maxillo-mandibulaires. Ils se sont entourés de 20 collaborateurs renommés, eux-mêmes travaillant en binômes orthodontiste-chirurgien pour traiter des différentes situations de dysmorphies typiques.

L’orthodontie ne permet pas de déplacer les dents en dehors de leur tissu de soutien. Cette limite oblige, en cas de dysmorphie, de traiter l’affrontement des bases osseuses. Des objectifs fonctionnels et morphologiques, donc chirurgicaux et orthodontiques, sont à définir. L’état psychologique du patient étant une limite commune à l’orthodontie et à la chirurgie maxillo-faciale, la balance entre bénéfice attendu et risques encourus des interventions chirurgicales est la clé de voûte de la décision thérapeutique. Privilégier la collaboration entre orthodontiste et chirurgien devient incontournable.

C’est le fil conducteur de cet ouvrage dans lequel la planification tant orthodontique que chirurgicale prend une place plus importante que les aspects techniques des actes thérapeutiques réalisés. L’ouvrage est structuré en 7 chapitres traitant successivement du diagnostic de l’indication orthodontico-chirurgicale, des principes de la collaboration orthodontico-chirurgicale, du plan de traitement et de la prise en charge, de l’intérêt de la génioplastie fonctionnelle précoce, des techniques de distraction, des traitements chirurgico-orthodontiques des fentes labio-palatines et, enfin, de la responsabilité civile professionnelle en chirurgie orthognatique.

L’analyse clinique, le diagnostic, l’importance de l’état parodontal et articulaire, l’impact de l’occlusion, notamment l’orientation du plan d’occlusion, sont à chaque fois particulièrement mis en avant. L’utilisation de l’articulateur, les techniques de réalisation des guides chirurgicaux, l’intérêt des techniques de distraction dans le gain osseux vertical en phase pré-implantaire sont autant d’éléments qui n’intéressent pas seulement les spécialistes.

Les alternatives dans le choix du protocole de traitement sont très discutées. Chaque hypothèse est illustrée par une situation clinique traitée de bout en bout. Le minutage et les décisions pluridisciplinaires sont très bien hiérarchisés. Les risques et les échecs ne sont pas occultés.

Un décalage peut exister entre un motif de consultation « modeste » et le bilan amenant à proposer un traitement en rapport avec la complexité avérée du cas. Une consultation pour dyscoloration de collets qui se termine en un traitement sur 3 ans incluant assainissement parodontal, prothèse, orthodontie, Lefort I et restauration prothétique implanto-portée soulève la problématique de la notion de surtraitement. Ce traitement « dysmorphique » doit toujours être proposé de manière opportune avec l’équipe compétente obligatoirement multidisciplinaire. On comprend bien l’enjeu médico-légal majeur et la nécessité de protocoles stricts pour chaque phase.

Seule une bonne compréhension de la philosophie de ces traitements multidisciplinaires et de la connivence nécessaire entre les différents acteurs du traitement garantit un résultat de qualité. La richesse iconographique, la fluidité didactique du propos, l’intelligence de l’analyse et l’envergure culturelle de son développement rendent ce manuel remarquable tout à fait incontournable. Cet ouvrage a priori destiné aux chirurgiens maxillo-faciaux et aux spécialistes en ODF est à mettre dans les mains de quiconque se préoccupe d’esthétique, de fonction et de durabilité des traitements pour nos patients. Qui ne serait pas concerné ?