Adaptation périphérique et espacement interne de couronnes en céramique usinées, selon la forme de finition de la préparation - Cahiers de Prothèse n° 159 du 01/09/2012
 

Les cahiers de prothèse n° 159 du 01/09/2012

 

revue de presse

O. Etienne*   J.-C. Schoeffler**  

Objectifs et hypothèses

Le but de cette étude in vitro est d’évaluer l’impact de la forme de préparation (congé ou épaulement) sur l’adaptation marginale et l’espacement interne de couronnes en céramique usinée par CFAO. L’hypothèse initiale est que la forme de finition n’influence en rien ni la précision d’adaptation ni l’espacement interne.

Matériels et méthodes

Trois modèles de référence en métal sont préparés (conicité de...


Objectifs et hypothèses

Le but de cette étude in vitro est d’évaluer l’impact de la forme de préparation (congé ou épaulement) sur l’adaptation marginale et l’espacement interne de couronnes en céramique usinée par CFAO. L’hypothèse initiale est que la forme de finition n’influence en rien ni la précision d’adaptation ni l’espacement interne.

Matériels et méthodes

Trois modèles de référence en métal sont préparés (conicité de 6°) : le premier avec un profil de finition de type congé fin (TC), le deuxième avec un congé large (LC) et le troisième avec un épaulement à angle arrondi (RS). Ces modèles sont ensuite reproduits à l’aide d’empreintes en silicone puis coulées en plâtre extra-dur. Dix modèles en plâtre sont ainsi obtenus à partir de chaque modèle de référence et permettent d’usiner 30 couronnes en céramique (IPS Empress CAD, Ivoclar).

Chaque couronne est ensuite replacée et maintenue mécaniquement sur le modèle de référence, puis 50 mesures, sur toute la périphérie du joint dento-prothétique, sont réalisées à l’aide d’un microscope optique (× 250). Enfin, l’espacement interne de chaque couronne est évalué indirectement en mesurant l’épaisseur d’un silicone light, introduit entre le die de référence et l’intrados. Trois zones de mesure sont évaluées : la surface occlusale, la paroi axiale et la base du cône de rétention (angle interne du congé/épaulement).

Toutes les valeurs sont ensuite analysées statistiquement à l’aide des tests ANOVA et Tukey.

Résultats

Le groupe RS a présenté les valeurs les plus faibles (28,24 ± 11,42 µm), significativement représentatives (p = 0,001) par rapport aux groupes LC (64,71 ± 25,64 µm) et TC (99,92 ± 18,32 µm). Ces deux derniers présentaient aussi des différences significatives statistiquement entre eux.

Concernant l’adaptation interne, le groupe LC a été le moins espacé du die (183,01 ± 62,82 µm) (p = 0,001 4) par rapport aux groupes TC (216,26 ± 83,23 µm) et RS (219,12 ± 87,24 µm) sans que ces deux derniers soient statistiquement différents. Par ailleurs, une différence significative a été relevée en fonction de la région de mesure de cet espacement interne.

Conclusion

Le profil de préparation du type épaulement à angle arrondi a présenté la meilleure précision d’adaptation périphérique, mais c’est la finition du type congé large qui a montré la meilleure adaptation interne. Concernant celle-ci, les résultats de l’étude ont mis en évidence une proximité plus importante au niveau des parois axiales qu’à celui de l’angle de la préparation ou de la surface occlusale. Les deux hypothèses sont rejetées.

Commentaires

La forme de finition généralement recommandée pour les préparations céramo-céramiques varie encore aujourd’hui selon les habitudes et les « écoles » universitaires. Il est par conséquent très intéressant d’essayer d’objectiver les conséquences cliniques potentielles grâce aux études in vitro.

En ce sens, cette étude – qui reproduit un parcours de type clinique avec les biais des déformations liées à l’empreinte et à la coulée du plâtre – peut être considérée comme représentative et inciter le clinicien à choisir l’épaulement à angle interne arrondi. Le choix d’une convergence des parois axiales de 6° peut toutefois être discuté car il ne représente ni la réalité clinique, ni la recommandation idéale pour des armatures destinées à être collées ou scellées avec des matériaux d’assemblage visqueux. Par ailleurs, il serait intéressant de reproduire ces évaluations avec des systèmes d’empreinte optique dont la lecture numérique pourrait être influencée par ces formes de préparation différentes.

Cela étant, quel que soit le profil de préparation, la précision du joint périphérique rapportée dans cette étude est largement en dessous des recommandations cliniques de Mac Queen (moins de 150 µm) et doit être considérée comme rassurante. L’espacement interne mesuré est beaucoup plus important et rejoint les mesures rapportées dans d’autres études, confirmant ainsi le rôle primordial de l’assemblage et du matériau consacré à celui-ci lors des réalisations céramo-céramiques usinées.