Résultats à long terme de trois types de prothèses supra-implantaires mandibulaires chez des fumeurs - Cahiers de Prothèse n° 159 du 01/09/2012
 

Les cahiers de prothèse n° 159 du 01/09/2012

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Depuis plus de 30 ans, le traitement du patient complètement édenté à la mandibule par une prothèse supra-implantaire a fait la preuve de son efficacité. Des taux de survie de 96 % sont rapportés que ce soit avec des prothèses sur 2 attachements boules ou sur une barre sur 4 implants. Les paramètres cliniques comme les indices de plaque ou de saignement, les profondeurs de poches sont des indicateurs de la santé péri-implantaire. Le saignement au sondage est...


Pourquoi ?

Depuis plus de 30 ans, le traitement du patient complètement édenté à la mandibule par une prothèse supra-implantaire a fait la preuve de son efficacité. Des taux de survie de 96 % sont rapportés que ce soit avec des prothèses sur 2 attachements boules ou sur une barre sur 4 implants. Les paramètres cliniques comme les indices de plaque ou de saignement, les profondeurs de poches sont des indicateurs de la santé péri-implantaire. Le saignement au sondage est un élément important de diagnostic de maladie péri-implantaire. Dans les cas de péri-implantites, les profondeurs de sondage reflètent les pertes d’attaches ou les pertes osseuses. Le but de cette étude est d’évaluer les paramètres cliniques et radiologiques des tissus péri-implantaires et l’influence du tabac sur ceux-ci.

Comment ?

L’étude prospective randomisée réalisée à Breda aux Pays-Bas sur 110 patients compare 3 groupes traités entre 1991 et 1993. Le premier comporte 36 patients avec une PSI sur 2 attachements boules (Dalla Bona), le second comporte 37 patients avec une PSI sur barre de Dolder et le troisième groupe 37 patients avec une PSI sur une barre sur 4 implants. L’attribution d’un traitement à un patient donné est réalisée de façon aléatoire. Les implants sont des implants TPS, ITI Bonefit de chez Straumann (cylindres et vis creux (HC et HS), vis pleines (SS)). Les paramètres cliniques et radiologiques sont enregistrés ainsi que les habitudes liées au tabac. Une analyse statistique est réalisée.

Et alors ?

Sur les 110 patients inclus dans l’étude à l’origine, 103 étaient disponibles pour l’étude après 8 ans. Neuf patients n’ont pas pu être examinés pour tous les paramètres et ont été exclus de l’analyse. Un total de 94 patients a été examiné après une période de 8,3 ans. Le nombre d’implants posés est de 256 (39 HC, 198 HS et 19 SS). Les indices de plaque sont significativement plus bas avec les PSI sur 2 boules comparées à celles sur barre (2 ou 4 implants). Il n’y a pas de différence pour l’indice de saignement. Les profondeurs maximales de poches ne présentent pas de différences significatives entre les 3 groupes. Les pertes osseuses péri-implantaires sont significativement plus importantes dans le groupe de 4 implants. Elles le sont aussi de façon significative pour les fumeurs dans les 3 groupes. Il existe une corrélation positive entre profondeur maximale au sondage et perte osseuse (p = 0,011) et entre tabac et profondeur maximale de sondage (p = 0,022). Il n’y a pas de corrélation entre tabac et indice de plaque ou indice de saignement.

À RETENIR :

La prothèse supra-implantaire (PSI) sur 2 implants est considérée comme le traitement standard du patient complètement édenté à la mandibule. Le tabac est considéré comme un facteur de risque significatif de survenue d’effets indésirables autour des implants. Cette étude clinique randomisée réalisée à Breda a fait l’objet de précédentes publications sur la satisfaction des patients et le coût des différentes options. Dans cet article sont rapportés les paramètres cliniques et radiologiques des tissus péri-implantaires et l’influence du tabac sur les résultats. Les patients ont été répartis de façon randomisée en 3 groupes selon le type de prothèse : PSI sur 2 boules, PSI sur barre sur 2 ou 4 implants. Un total de 94 patients et 256 implants TPS a été examiné après plus de 8 ans de fonction. Les taux de survie implantaires sont équivalents pour les 3 groupes (96,5 %).

Le groupe avec 4 implants présente plus de pertes osseuses que les 2 autres groupes. Il existe une corrélation positive entre les paramètres cliniques, la profondeur de sondage et la perte osseuse péri-implantaire. Chez les fumeurs, les pertes osseuses marginales sont près de 2 fois plus élevées que chez les non-fumeurs.

Cette étude confirme que la meilleure option de traitement est une PSI sur deux implants avec attachements ­unitaires et qu’il faut inciter nos patients à arrêter de fumer de façon définitive.