Pas d’avantage à utiliser une membrane collagène pour fermer la fenêtre vestibulaire d’un comblement de sinus maxillaire. Essai clinique randomisé avec étude histologique à 6 mois. - Cahiers de Prothèse n° 161 du 01/03/2013
 

Les cahiers de prothèse n° 161 du 01/03/2013

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Une condition indispensable à la pose d’un implant est la présence d’os. Dans les secteurs postérieurs maxillaires, le volume osseux est souvent insuffisant à la suite de la perte des dents et de la pneumatisation du sinus. Dans certains cas, les procédures d’augmentation de volume osseux sont nécessaires. Dans le cas d’un accès par fenêtre osseuse vestibulaire, la pose d’une membrane collagène pour fermer le site d’accès en fin d’intervention...


Pourquoi ?

Une condition indispensable à la pose d’un implant est la présence d’os. Dans les secteurs postérieurs maxillaires, le volume osseux est souvent insuffisant à la suite de la perte des dents et de la pneumatisation du sinus. Dans certains cas, les procédures d’augmentation de volume osseux sont nécessaires. Dans le cas d’un accès par fenêtre osseuse vestibulaire, la pose d’une membrane collagène pour fermer le site d’accès en fin d’intervention est-elle indispensable ? Il semble que cela permette de limiter la prolifération de tissu conjonctif dans la greffe, d’augmenter la néo formation osseuse et de circonscrire les particules de greffe mais, par l’isolement du lambeau, cela pourrait aussi réduire la vascularisation nécessaire à la cicatrisation osseuse. Le but de cette étude clinique randomisée est de déterminer l’effet sur la cicatrisation de la greffe intra sinusienne, de l’utilisation d’une membrane collagène pour fermer la fenêtre d’ostéotomie.

Comment ?

Une étude a été menée sur un groupe de patients majeurs qui présentaient des hauteurs sous sinus de moins de 5 mm et qui devaient recevoir une greffe sous sinusienne avant pose d’implants. Les critères d’exclusion classiques sont cités, notamment plus de 20 cigarettes par jour. Les procédures standards pré opératoires ont été réalisées (préparation parodontale, bilan radiographique : pano et scanner). Une liste de randomisation a été créée par informatique. Chaque code de randomisation se trouvait dans des enveloppes identiques. Les patients ont tous été traités par 2 opérateurs selon le même protocole, ouverture d’un volet vestibulaire à l’aide d’un piezotome Mectron®, comblement du site avec un mélange d’os autogène et d’os porcin cortico-spongieux MP3® (Osteobiol-Technoss, Italy). Après le comblement du sinus, l’enveloppe de randomisation était ouverte et le chirurgien utilisait une membrane collagène résorbable Evolution® (Osteobiol-Technoss) (groupe contrôle) ou pas de membrane (groupe test).

Après 6 mois de cicatrisation, et avant la pose des implants, au moins une biopsie par sinus greffé a été réalisée avec un trépan de 2 mm de diamètre interne et 3 mm externe. Après fixation, les échantillons ont été analysés à l’université de Gothenburg. Les paramètres suivants ont été enregistrés : complications chirurgicales, dimension de la fenêtre d’ostéotomie, complications post opératoires, paramètres histomorphométriques de l’os prélevé à 6 mois.

Et alors ?

Un total de 18 patients ont participé à l’étude entre avril 2009 et avril 2010 ; neuf dans chaque groupe. Les dimensions des fenêtres d’ostéotomie étaient équivalentes dans les 2 groupes (environ 18 × 10 mm). Il y a eu une perforation de membrane de sinus dans le groupe membrane et deux dans le groupe test. Les 3 perforations ont été traitées avec une membrane résorbable et le comblement a été réalisé. Quatre patients (2 dans chaque groupe) ont présenté un léger hématome, et deux autres (1 dans chaque groupe) ont présenté une légère déhiscence des tissus mous qui a cicatrisé spontanément. Les examens histologiques ont montré de l’os néo formé dans chaque prélèvement. Des particules d’os porcin étaient détectables dans tous les prélèvements avec des contacts directs avec de l’os néoformé ou du tissu conjonctif. L’os néoformé représente 30,7 % (+/– 15,5) dans le groupe contrôle avec membrane et 28,1 % (+/– 19,4) dans le groupe test sans membrane. Les pourcentages de tissu conjonctif sont respectivement de 50,6 % (+/– 18,7) et 59,3 % (+/– 15,4) et ceux de particules greffées résiduelles de 18,4 % (+/– 20,3) et de 12,6 % (+/– 12,4). Il n’y a pas de différence statistiquement significative entre les deux groupes.

À RETENIR :

Depuis Tatum en 1986, de nombreuses modifications ont été apportées à la technique de comblement sous sinusien et aux matériaux utilisés. Néanmoins il subsiste des controverses sur l’intérêt d’utiliser une membrane pour fermer le site d’accès au sinus. Cette étude clinique randomisée a pour but de déterminer l’intérêt sur la cicatrisation du sinus greffé, d’utiliser une membrane collagène résorbable pour recouvrir la fenêtre d’ostéotomie. Un total de 18 patients ont été traités dans cette étude et repartis de façon aléatoire dans les 2 groupes avec ou sans membrane. Les 2 groupes étaient équivalents en début d’étude et ne présentaient pas de différence en terme de complications ou de cicatrisation des sites greffés. Après 6 mois de cicatrisation, des biopsies ont été réalisées avant la pose des implants. Les taux d’os néoformés, de tissus conjonctifs et de particules greffées résiduelles ne présentaient pas de différences statistiquement significatives après 6 mois. L’utilisation de membrane collagène résorbable pour fermer la fenêtre d’ostéotomie ne semble pas présenter d’avantage significatif sur la cicatrisation osseuse intra sinusienne.