Caractéristiques et dimensions de la membrane sinusienne de patients présentant un édentement unitaire postérieur. Analyse rétrospective de tomographies cône beam. - Cahiers de Prothèse n° 162 du 01/06/2013
 

Les cahiers de prothèse n° 162 du 01/06/2013

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Depuis 1998, le cône beam (CBCT) est devenu une technique fiable de diagnostic et de planification thérapeutique en dentisterie. Il trouve sa place dans différentes indications comme l’endodontie, la traumatologie, la chirurgie apicale, la chirurgie implantaire. Pour visualiser les sinus maxillaires, le CBCT est de plus en plus utilisé, à la place du scanner classique. La largeur et la hauteur de la crête osseuse résiduelle ainsi que l’anatomie du plancher...


Pourquoi ?

Depuis 1998, le cône beam (CBCT) est devenu une technique fiable de diagnostic et de planification thérapeutique en dentisterie. Il trouve sa place dans différentes indications comme l’endodontie, la traumatologie, la chirurgie apicale, la chirurgie implantaire. Pour visualiser les sinus maxillaires, le CBCT est de plus en plus utilisé, à la place du scanner classique. La largeur et la hauteur de la crête osseuse résiduelle ainsi que l’anatomie du plancher sinusien sont des éléments essentiels pour choisir la voie d’abord (latérale ou crestale) dans les procédures d’élévation du plancher sinusien. Les variations anatomiques et les lésions des sinus maxillaires sont fréquemment mises en évidence par le CBCT, mais les conséquences pour la chirurgie ne sont pas claires et il n’y a pas de recommandations professionnelles.

Ainsi, le premier objectif de cette étude est d’évaluer l’influence de l’état endodontique des dents bordant l’édentement sur l’épaisseur de la membrane sinusienne. Les facteurs comme l’âge, le sexe et la saison à laquelle ont été réalisés les examens ont aussi été analysés. Les hauteurs osseuses sous le sinus ont également été enregistrées.

Comment ?

Tous les patients adressés au département de chirurgie orale et stomatologie de l’université de Bern pour un traitement implantaire pour compenser un édentement unitaire au maxillaire postérieur ont été inclus dans cette étude. Les CBCT ont été réalisés entre juin 2009 et juin 2011. L’analyse a été faite de façon rétrospective. Les images ont été obtenues par un appareil Morita 3D Accuitomo avec des fenêtres de 4 x 4, 6 x 6 ou 8 x 8 cm2. Les intervalles de coupes étaient de 0,5 mm. Les paramètres d’exposition étaient de 50 à 70 mA, 80 kV et 17,5 secondes. Toutes les coupes ont été redressées selon les mêmes axes. Un des auteurs a effectué les lectures de toutes les coupes. Les paramètres suivants ont été enregistrés : hauteurs osseuses au-dessus des apex des dents bordant l’édentement, hauteur osseuse de la crête édentée, épaisseur de la membrane sinusienne en regard des apex des dents. Une épaisseur de muqueuse supérieure à 2 mm a été considérée comme pathologique. Les traitements canalaires des dents dépulpées et les éventuelles lésions apicales ont été évalués et classés.

Et alors ?

Un total de 138 espaces édentés sur 131 patients a été évalué pour un éventuel traitement implantaire et inclus dans l’étude par images CBCT. Il y avait 65 hommes et 66 femmes dont l’âge moyen était de 54,39 ans (de 19 à 89 ans). Les premières molaires représentaient 67 % des dents absentes. Les dents bordant l’édentement étaient toutes les deux vitales dans 68,12 % des cas et dépulpées dans 7,24 % des cas. Sur les 54 dents dépulpées, 13 présentaient des lésions péri-apicales. La hauteur osseuse sous le sinus était respectivement de 1,51 mm et de 4,3 mm au-dessus des apex des dents mésiales et distales à l’édentement. La zone édentée présentait une hauteur moyenne de 7,11 mm sous le sinus. Ces répartitions étaient équivalentes quel que soit l’aspect du sinus. L’épaisseur moyenne de la membrane du sinus était de 2,1 mm en distal, 2,55 mm en mésial et 2,7 mm au-dessus de la zone édentée. Les sinus sains (35,5 %) présentaient les membranes les plus fines. L’épaisseur de la membrane sinusienne n’est pas influencée par les saisons, l’âge du patient ou l’état endodontique des dents adjacentes. Seul le sexe a une influence sur l’épaisseur de la muqueuse au-dessus des molaires (plus épaisse chez les hommes).

À RETENIR :

La pose d’implant dans les secteurs postérieurs maxillaires impose souvent d’avoir recours à des procédures d’élévation du plancher sinusien. Dans ces situations cliniques, le recours à de l’imagerie tridimensionnelle a été préconisé pour évaluer avec précision la complexité anatomique de ce secteur et l’état de santé de la muqueuse sinusienne. Le cône beam (CBCT) présente l’avantage sur le scanner de diminuer l’irradiation et de pouvoir choisir la taille du champ étudié. Cette étude, réalisée a posteriori sur les fichiers CBCT de patients traités à l’université de Bern, avait pour but d’enregistrer les épaisseurs de muqueuse sinusienne et les hauteurs d’os au-dessus des zones édentées et des dents adjacentes et d’évaluer les influences de l’état endodontique, de l’âge, du sexe et des saisons. Sur les 276 dents examinées, 54 étaient dépulpées et 13 présentaient des lésions apicales. Dans 65 % des cas, la muqueuse sinusienne mesurait plus de 2 mm. La zone édentée présentait une hauteur moyenne de 7,11 mm sous le sinus. L’épaisseur moyenne de la membrane du sinus était de 2,7 mm au-dessus de la zone édentée. La muqueuse sinusienne est plus épaisse au-dessus des molaires chez les hommes.

L’examen par CBCT est un moyen utile pour déterminer la hauteur osseuse résiduelle et choisir la voie d’abord s’il faut augmenter la hauteur osseuse ainsi que pour évaluer l’état de la muqueuse sinusienne et éventuellement faire appel aux conseils d’un ORL.