Influence de la présence de muqueuse kératinisée sur la santé péri implantaire : revue de synthèse - Cahiers de Prothèse n° 165 du 01/03/2014
 

Les cahiers de prothèse n° 165 du 01/03/2014

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Aux critères de succès définis initialement par Albrektsson en 1986 s’ajoute désormais la nécessité d’un entretien efficace pour conserver parfait état de santé et esthétique autour des implants. Le rôle de la plaque dentaire dans le développement de maladies périimplantaires des tissus durs ou mous est bien documenté. La mucosite est une lésion inflammatoire réversible de la muqueuse péri-implantaire qui apparaît selon les mêmes processus...


Pourquoi ?

Aux critères de succès définis initialement par Albrektsson en 1986 s’ajoute désormais la nécessité d’un entretien efficace pour conserver parfait état de santé et esthétique autour des implants. Le rôle de la plaque dentaire dans le développement de maladies périimplantaires des tissus durs ou mous est bien documenté. La mucosite est une lésion inflammatoire réversible de la muqueuse péri-implantaire qui apparaît selon les mêmes processus physiopathologiques que la gingivite. Cependant, si Lang et Loë préconisaient en 1972 d’avoir 2 mm de gencive kératinisée (GK) et au moins 1 mm de gencive attachée pour maintenir une bonne santé parodontale autour des dents, la nécessité d’avoir une hauteur de muqueuse kératinisée (MK) autour des implants fait encore débat. Le but de cette revue de synthèse est de déterminer l’effet de la hauteur de MK sur les paramètres cliniques de la santé péri-implantaire et sur sa stabilité.

Comment ?

Cette revue de synthèse a été réalisée selon les préconisations PRISMA () définies en 2009. Seules les études cliniques humaines, transversales ou prospectives, précisant les hauteurs de MK autour des implants et un suivi d’au moins 6 mois après mise en charge ont été incluses dans la revue de littérature. De plus, pour être incluses dans la méta-analyse, les études devaient indiquer 2 groupes (> 2 mm ou < 2 mm de MK) et leur influence sur les paramètres cliniques de santé péri-implantaire. La recherche des articles a été réalisée dans Medline/PubMed et dans Web of Knowledge Thomson Reuters) entre 1990 et février 2012. Les termes MeSH utilisés sont listés et pertinents. Une recherche manuelle complémentaire a été réalisée dans les principales revues entre janvier 2000 et janvier 2012. Les paramètres cliniques suivants ont été recherchés dans les études : profondeur de sondage (PD), saignement au sondage (BOP), indice de saignement modifié (mBI), indice gingival (GI), indice de plaque et indice de plaque modifié (PI et mPI). La recherche a été menée par deux des auteurs de façon indépendante pour sélectionner les articles et extraire les données pour l’analyse.

Et alors ?

Un total de 213 articles a été identifié par Medline et 249 par Web of Knowledge. La recherche manuelle n’a pas fourni d’article supplémentaire. Sur les 266 articles différents, seuls 8 ont été utilisés pour la revue de synthèse et 7 pour la méta-analyse.

Les profondeurs au sondage ne sont as différentes entre les 2 groupes. es indices gingival (GI) et de plaque PI et mPI) sont significativement lus élevés dans le groupe B < 2 mm de MK).

Une hauteur limitée de muqueuse kératinisée autour des implants (< 2 mm) est associée à des paramètres cliniques de l’inflammation plus élevés. Néanmoins, la valeur prédictive d’une telle hauteur est limitée.

Dans la discussion, les auteurs comparent leurs résultats avec ceux de la revue de synthèse de Lin et al. parue en 2013. À quelques détails méthodologiques près, leur conclusion est la même.

À RETENIR :

Les traitements implantaires ont évolué, depuis 40 ans, d’une vision mécanique et fonctionnelle des restaurations souvent complètes vers une notion plus esthétique de restaurations partielles. Les composantes bactériennes sont alors souvent différentes et l’importance de l’environnement péri-implantaire est plus présente. La question qui se pose souvent est la suivante : faut-il avoir une bande de muqueuse kératinisée autour des implants pour favoriser le maintien dans le temps d’une santé péri-implantaire ? Cette revue de synthèse tente de répondre à cette question. Une analyse de la littérature a été conduite avec un protocole parfaitement décrit. Sur les 266 articles identifiés entre 1990 et 2012, 8 ont été retenus pour la revue de synthèse et 7 utilisés pour une méta-analyse. Les résultats indiquent qu’une faible hauteur de muqueuse kératinisée est corrélée avec des indices de l’inflammation plus élevés autour des implants et une hygiène orale moins bonne. Néanmoins, la valeur prédictive de la hauteur de muqueuse kératinisée sur la santé péri-implantaire est faible. Des études cliniques prospectives seraient utiles pour confirmer ces résultats.