Essai clinique randomisé à l’aveugle pour évaluer la douleur postopératoire ressentie après pose d’implant avec ou sans lambeau d’accès - Cahiers de Prothèse n° 166 du 01/06/2014
 

Les cahiers de prothèse n° 166 du 01/06/2014

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La chirurgie orale en général et la pose d’implants dentaires en particulier sont décrites par les patients comme deux des procédures les plus anxiogènes en dentisterie. La douleur est effectivement une plainte classique après pose d’implants même si son intensité est légère à modérée et décroît avec le temps. Depuis quelques années, les approches chirurgicales sans lambeau d’accès se sont multipliées. Les avantages de ces procédures sont la...


Pourquoi ?

La chirurgie orale en général et la pose d’implants dentaires en particulier sont décrites par les patients comme deux des procédures les plus anxiogènes en dentisterie. La douleur est effectivement une plainte classique après pose d’implants même si son intensité est légère à modérée et décroît avec le temps. Depuis quelques années, les approches chirurgicales sans lambeau d’accès se sont multipliées. Les avantages de ces procédures sont la diminution du traumatisme chirurgical, du saignement, du temps d’intervention, du délai de cicatrisation et des sensibilités postopératoires ainsi que l’augmentation du confort du patient. Le taux de survie des implants n’est pas affecté négativement par cette procédure simplifiée. Bien que cette technique sans lambeau offre de nombreux avantages, peu d’études l’ont comparée à la technique avec lambeau. Cette étude a pour objectif d’évaluer, à l’aide d’une échelle visuelle analogique (EVA), la douleur ressentie par les patients après la pose d’implants soit par technique classique avec lambeau soit par technique sans lambeau.

Comment ?

Tous les patients consécutifs qui ont consulté pour la pose d’implants entre janvier 2007 et septembre 2012 dans la clinique des auteurs ont été inclus s’ils remplissaient les critères suivants : absence de maladie systémique, pas de traitement antalgique la semaine précédente, plus de 18 ans, au moins 3 mm de gencive kératinisée sur le site implantaire envisagé, édentement bilatéral postérieur au maxillaire ou à la mandibule, présence d’une hauteur d’os minimale de 7 mm. L’attribution de la technique opératoire utilisée (avec ou sans lambeau) sur un des côtés a été déterminée de façon aléatoire par technique d’enveloppe. L’autre côté a été traité 15 jours plus tard avec l’autre protocole opératoire. Chaque patient a donc été traité avec les deux techniques et était son propre contrôle. La personne qui a réalisé le traitement et celle qui a évalué le résultat sont indépendantes. Pour les deux groupes, le traitement médicamenteux a été le même et il n’y avait pas de prothèse transitoire. Dans le groupe sans lambeau, la gencive a été retirée avec un trépan gingival au niveau du site implantaire. La douleur et l’inconfort ont été évalués à l’aide d’une EVA de 100 mm. Les extrémités de l’échelle étaient « Absolument aucune douleur » et « La pire douleur possible ». Les scores ont été enregistrés avant l’intervention, immédiatement après la disparition de l’anesthésie, au bout de 24 heures puis de 48 heures. L’inflammation de la gencive a été évaluée au bout de 48 heures selon les critères « rougeur » et « gonflement ». Les niveaux osseux radiographiques ont été enregistrés pour déterminer les taux de succès des implants. Les tests statistiques Mann-Whitney U et chi carré ont été utilisés pour traiter les données.

Et alors ?

En tout, 19 patients (4 femmes et 15 hommes, âge moyen de 55 ans) ont participé à l’étude entre janvier 2007 et septembre 2012. Cent huit implants ont été placés sur 10 maxillaires et 9 mandibules avec une procédure en deux temps (pas de mise en charge immédiate). Sur chaque hémi-arcade, entre 2 et 4 implants ont été posés. Tous les patients rapportent de façon statistiquement significative moins de douleur et d’inconfort avec la technique sans lambeau (à T0, 24 heures et 48 heures). Un seul des 19 sites traité sans lambeau présentait des signes d’inflammation au bout de 48 heures contre 16 dans le groupe avec lambeau. Aucun implant n’a posé de problème clinique ou radiographique pendant la phase de cicatrisation et tous ont été utilisés pour la restauration prothétique.

Un faible échantillon limite la portée des résultats favorables en termes de douleur postopératoire pour la chirurgie sans lambeau. Des études cliniques multicentriques plus importantes seraient utiles.

À RETENIR :

Les techniques de mise en place d’implants dentaires évoluent constamment depuis la définition du protocole initial de Brånemark il y a plus de 40 ans. De deux temps chirurgicaux, nous sommes passés dans la plupart des situations cliniques à un temps chirurgical, la connexion prothétique étant différée ou immédiate. La technique chirurgicale évolue également pour limiter le plus possible l’inconfort pour le patient : diminution des délais de cicatrisation ou techniques de mise en place sans lambeau (ou le plus limité possible). Cette étude a été menée de janvier 2007 à septembre 2012 sur 19 patients d’une clinique espagnole qui présentaient des édentements postérieurs bilatéraux au maxillaire ou à la mandibule pour déterminer la douleur postopératoire à la suite d’une chirurgie classique de pose d’implants ou une chirurgie sans lambeau. Le traitement a été attribué de façon aléatoire. La douleur et la gêne postopératoires sont statistiquement moins importantes dans le groupe sans lambeau. La taille de l’échantillon limite la portée de ses résultats.