Essai clinique randomisé pour évaluer les modifications de dimension des crêtes osseuses des sites d'extraction après greffe de Bio-Oss® Collagen chez l'homme - Cahiers de Prothèse n° 172 du 01/12/2015
 

Les cahiers de prothèse n° 172 du 01/12/2015

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

L'os alvéolaire est une structure qui dépend de la présence de la dent. L'extraction de cette dernière entraîne inévitablement une réduction de volume de la crête osseuse que ce soit verticalement ou horizontalement. De façon générale, la réduction de volume est plus forte en vestibulaire qu'en lingual (van der Weijden, 2009). Il a été proposé de poser l'implant immédiatement dans le site d'extraction pour empêcher cette résorption postextractionnelle...


Pourquoi ?

L'os alvéolaire est une structure qui dépend de la présence de la dent. L'extraction de cette dernière entraîne inévitablement une réduction de volume de la crête osseuse que ce soit verticalement ou horizontalement. De façon générale, la réduction de volume est plus forte en vestibulaire qu'en lingual (van der Weijden, 2009). Il a été proposé de poser l'implant immédiatement dans le site d'extraction pour empêcher cette résorption postextractionnelle (Paolantonio, 2001). Les études animales réalisées montrent que ce protocole ne permet pas d'empêcher la résorption. La mise en place de greffe osseuse ou de substitut osseux dans les sites d'extraction a montré une capacité à limiter la résorption osseuse chez l'homme (Nevins, 2006). Dans une revue de synthèse en 2012, Vignoletti et al. concluent que l'utilisation d'un biomatériau de greffe dans un site d'extraction permet de limiter les résorptions horizontale et verticale.

L'objet de cette étude est d'évaluer l'influence de la greffe de sites d'extraction avec du Bio-Oss® Collagen comparés à des sites non greffés sur les paramètres de résorption.

Comment ?

Un groupe de 28 patients du Département de dentisterie de l'université de Maringa à Parana (Brésil) a été sélectionné pour faire partie de l'étude. Les patients devaient avoir une dent maxillaire extraite avant de réaliser une prothèse unitaire sur implant. Les indications d'extraction étaient une carie ou une fracture (pas de lésion parodontale > 3 mm, ni de lésion péri-apicale). Il y avait 13 incisives et canines et 15 prémolaires. Les extractions ont été réalisées de la façon la plus délicate possible et sans lambeau. Le choix de la technique utilisée (avec ou sans Bio-Oss® Collagen) a été déterminé de façon aléatoire par la technique des enveloppes. Dans le groupe Bio-Oss® Collagen, il a été pratiqué une fermeture du site avec une greffe conjonctive prélevée au palais. Des images cone beam (iCAT 6 ´ 17cm) ont été réalisées immédiatement après l'extraction et au bout de 4 mois. Les données DICOM ont été utilisées par un logiciel de traitement (InVivoDental 5.0) pour évaluer les modifications de volume entre les deux images.

Et alors ?

Pour 1 des 14 patients tests, la greffe gingivale s'est nécrosée et a dû être déposée lors du retrait de sutures au bout de 10 jours. La cicatrisation des autres patients n'a pas posé de problème. Après 4 mois de cicatrisation, les 28 sites sont recouverts d'une gencive kératinisée non inflammatoire. La réduction de hauteur des corticales osseuses vestibulaires en 4 mois a été de 41 % dans le groupe test et de 36 % dans le groupe témoin (réductions statistiquement significatives). Pour les corticales linguales, les réductions sont des 13 % (non significatives). Il n'y a pas de différence significative entre les deux groupes pour ce qui concerne les réductions de hauteur des parois vestibulaires ou linguales. En revanche, sur les coupes cone beam, la réduction de la surface alvéolaire du site d'extraction a été de 3 % dans le groupe test et de 25 % dans le groupe témoin (différence significative).

La mise en place de Bio-Oss® „Collagen dans un site d'extraction ne permet pas d'empêcher la résorption osseuse, elle la limite en partie, davantage dans les zones postérieures qu'antérieures et davantage que dans les sites non greffés. L'influence de la greffe conjonctive associée n'est pas évaluée.

À RETENIR :

Les résorptions osseuses observées après une extraction dentaire sont un problème majeur pour une gestion esthétique du remplacement des tissus perdus. Pour éviter ou limiter cette résorption, plusieurs options sont envisagées. Une extraction atraumatique, sans décollement muqueux, est souhaitable. La mise en place immédiate de l'implant et/ou le comblement de l'alvéole avec un biomatériau ont été proposés pour limiter la résorption osseuse. Le but de cette étude est d'évaluer l'influence du comblement de l'alvéole d'extraction avec du Bio-Oss® Collagen et une greffe conjonctive pour fermer le site sur le degré de résorption des parois osseuses vestibulaire et linguale et sur les modifications de volume de la crête. Les 28 patients de l'étude ont été répartis de façon aléatoire en deux groupes. Des examens cone beam ont été réalisés après l'extraction et 4 mois plus tard. La résorption des parois osseuses est d'environ 40 % en vestibulaire et 13 % en lingual et se produit avec ou sans greffe osseuse. En revanche, la réduction du volume de la crête est de 3 % dans le groupe test et de 25 % dans le groupe témoin sans greffe.