Hypnothérapie et gestion des douleurs orofaciales dans le cadre des désordres temporo-mandibulaires - Cahiers de Prothèse n° 189 du 01/03/2020
 

Les cahiers de prothèse n° 189 du 01/03/2020

 

Dysfonction

A. HENNEQUIN   B. TENENBAUM   JM. CAIRE   JM. BERGIA   F. DIEMER   F. DESTRUHAUT  

Introduction

« On ne connaît pas complètement une science tant qu'on n'en sait pas l'histoire. »

Auguste Comte, cours de philosophie positive, 1830-1842

 

À la fin du XVIIIe siècle, le médecin badois Franz-Anton Mesmer pose les prémices de l'hypnose à travers le magnétisme, plus connu sous le nom de mesmérisme (fig. 1). Le terme d'« hypnose », quant à lui, dérive du mot...


Résumé

Résumé

De nombreux travaux scientifiques traitent de l'utilité de l'hypnose dans le traitement des douleurs aiguës et chroniques, d'une part au sein de plusieurs spécialités médicales, comme l'oncologie, la traumatologie, l'anesthésiologie, la psychiatrie et la médecine orale, et d'autre part dans l'ensemble des contextes cliniques où la pharmacologie, la chirurgie et la kinésithérapie peinent parfois à proposer des traitements efficaces, notamment dans le cadre de la prise en charge de patients souffrant de douleurs chroniques et invalidantes. Moins nombreux sont les travaux s'intéressant aux douleurs orofaciales, et encore moins nombreux ceux qui se destinent spécifiquement aux désordres temporo-mandibulaires (DTM). Les auteurs, à travers une approche multimodale des DTM, souhaitent présenter l'importance de l'hypnothérapie dans la gestion des douleurs orofaciales chroniques ; l'ensemble de ces techniques, associées le plus souvent à de la kinésithérapie orofaciale et/ou à la réalisation d'orthèses occlusales, permettent de répondre efficacement à un grand nombre de situations cliniques et participent ainsi à l'amélioration de la qualité de vie des patients.

Introduction

« On ne connaît pas complètement une science tant qu'on n'en sait pas l'histoire. »

Auguste Comte, cours de philosophie positive, 1830-1842

 

À la fin du XVIIIe siècle, le médecin badois Franz-Anton Mesmer pose les prémices de l'hypnose à travers le magnétisme, plus connu sous le nom de mesmérisme (fig. 1). Le terme d'« hypnose », quant à lui, dérive du mot d'« hypnotisme » proposé en 1820 par le baron Étienne Félix d'Henin de Cuvillers, officier et magnétiseur français. Il apparaît en français vers 1880, d'abord pour désigner l'état hypnotique, puis pour qualifier les diverses pratiques faisant usage de l'état hypnotique (hypnose médicale, hypnose clinique, hypnose légale, hypnose de scène). L'hypnose médicale désigne à la fois une thérapeutique exercée par un hypnothérapeute, mais également un état modifié de la conscience, désigné sous le nom de « transe hypnotique ». Il existe plusieurs courants de d'hypnose, le plus commun en odonto-stomatologie étant l'ericksonien pratiqué, depuis le début du XXe siècle [1].

L'état d'hypnose est défini en 2014 par la Society of Psychological Hypnosis, comme un « état de la conscience incluant une focalisation de l'attention ainsi qu'une attention périphérique diminuée, caractérisée par une capacité accrue à répondre à la suggestion » [2]. L'hypnothérapeute induit un état hypnotique chez son patient à des fins thérapeutiques. Les premières mises en évidence scientifiques de l'état hypnotique datent des années 1940, grâce à l'utilisation de l'électroencéphalogramme, mais ce n'est qu'à partir des années 1980, avec l'apparition de l'imagerie cérébrale fonctionnelle, que l'état hypnotique a pu être étudié de façon plus pertinente. Elle est aujourd'hui indiquée à des fins médicales dans un grand nombre de spécialités médicales, tout particulièrement dans le traitement des douleurs chroniques corporelles, mais aussi des douleurs orofaciales [3-5].

Douleurs et souffrances dans le champ d'activitÉ de l'hypnothÉrapie

La douleur à travers le prisme des sciences humaines et sociales

La douleur peut être définie comme un phénomène psycho-physiologique de réaction à un stimulus ; elle diffère de la souffrance qui renvoie à l'idée d'épreuve émotionnelle ayant une répercussion sur la qualité de vie du patient. Les premières études en sciences humaines et sociales ayant trait à la différence entre douleur et souffrance sont celles de l'anthropologue soviétique Marc Zborowski en 1952 [6] et du sociologue américain Irving Kenneth Zola en 1966 [7] : les deux auteurs montrent que des stimuli nociceptifs similaires n'entraînent pas les mêmes réponses émotionnelles en fonction des individus, du fait de leurs origines et de leur culture d'appartenance. Nous pourrions ainsi qualifier de « souffrance » l'expérience vécue de la douleur, propre à chaque individu. Au sein de la relation de soin, dans le face-à-face inhérent à la relation interpersonnelle patient/praticien, la souffrance traduite par le soigné s'accompagne du besoin d'être écouté, d'être soutenu par autrui : Emmanuel Levinas suggère même que la souffrance endurée constitue le noyau éthique de la relation d'aide [8]. Comprendre la souffrance endurée nécessite donc pour le praticien de faire preuve d'écoute, de compassion, d'empathie et de mettre en œuvre une relation d'aide [9] ou d'accompagnement pour améliorer la qualité de vie du malade et lui permettre une réintégration sociale. La souffrance a cette fonction singulière : celle d'ériger un mur, à la fois invisible et opaque, entre le malade et les autres.

La douleur à travers le prisme des sciences médicales

Sur le plan physiopathologique, Hammond distingue quatre composantes à la douleur [10] (fig. 2) :

– la composante sensori-discriminative correspond au décodage du message sensoriel et à notre capacité à l'analyser du point de vue de sa nature (brûlure, piqûre, fourmillement), de sa localisation, de son intensité et de sa durée (constante, brève, paroxystique...). Ces messages nociceptifs présentent une faible performance de décodage ;

– la composante affective-émotionnelle affecte toute perception douloureuse d'un caractère désagréable. Elle peut aller jusqu'à des états d'anxiété pathologique et de dépression majeure. Le contexte d'apparition d'un stimulus nociceptif y prend une place importante et entraîne par exemple une incertitude dans l'évolution de la maladie ;

– la composante cognitive : le terme « cognitif » désigne l'ensemble des processus mentaux susceptibles d'influencer la perception de la douleur. Cette composante correspond au traitement des informations, lié à l'expérience algique et aux réactions comportementales qu'elle entraîne : réactions de l'entourage, interprétations, interrogations sur la cause et les conséquences, etc., autant de processus qui modifient la décision sur le comportement à adopter face à un stimulus douloureux. C'est ainsi qu'en fonction du contexte socioculturel, un même stimulus douloureux pourra avoir des répercussions et un seuil de tolérance très différents en fonction des individus ;

– la composante comportementale correspond à l'ensemble des manifestations, qu'elles soient verbales, non verbales, observables ou non chez la personne qui souffre : pleurs, cris, prostration..., autant de manifestations différentes en fonction de chaque individu. Les souffrances endurées peuvent être modifiées par les apprentissages antérieurs, l'environnement familial et ethnoculturel, les standards sociaux (âge, genre), les réactions de l'entourage familial et les thérapies psycho-émotionnelles.

La douleur apparaît donc comme un phénomène multifactoriel et multidimensionnel, et non comme une réaction simple et univoque. L'hypnose serait capable d'agir sur plusieurs composantes de la douleur, notamment sur la composante sensori-discriminative (diminution des scores douloureux), sur la composante affective et émotionnelle (réduction de la sensation désagréable, réduction de la dramatisation et du catastrophisme, réappropriation du corps, réduction des scores d'anxiété), et sur la composante cognitive (modification de la représentation, c'est-à-dire du contexte, de sa perception mais aussi du comportement) [11]. Elle permettrait également de réinterpréter, recadrer, modifier le champ attentionnel par des phénomènes de focalisation et de distraction mentale, et donc de moduler les perceptions douloureuses périphériques et centrales. Certaines études réalisées chez des sujets très hypnotisables ont également montré la capacité de l'hypnose à activer les circuits neuronaux correspondants à une douleur physique suite à une suggestion hypnotique, même en l'absence de stimuli douloureux [12].

Douleurs orofaciales et désordres temporo-mandibulaires

Les douleurs orofaciales prennent une teinte tout à fait particulière (tableau 1), par leurs localisations multiples (régions massétérines, géniennes et intrabuccales), leurs intensités différentes (évaluées sur des échelles visuelles analogiques ou numériques de 0 à 10), leurs natures distinctes (picotements, chaleur, tensions, etc.). Elles construisent, dans l'esprit du souffrant, une nouvelle représentation faciale, développée par la douleur, et modelée par la souffrance. Il en résulte une nouvelle construction de l'image de soi, façonnée par l'expérience de la douleur, vécue en parallèle, au plus profond de soi, comme une souffrance intérieure dont l'origine prend source au sein du cerveau limbique (encore appelé « cerveau émotionnel »). En réponse à la personne qui souffre, le soignant doit prendre en compte les modalités multiples de la douleur orofaciale et sa projection dans le monde intérieur du souffrant. Pour répondre à la demande de ce dernier, et le traiter à différents niveaux, le praticien doit faire preuve à la fois d'intelligence interpersonnelle (pour se mettre à la place de l'autre et façonner un mode d'interaction adapté à chaque personne souffrante), mais aussi d'intelligence intrapersonnelle (afin d'éviter, en « cultivant son propre monde intérieur », de se laisser affecter émotionnellement par la souffrance d'autrui) [13]. Pour Céline Lefève, prendre soin de quelqu'un, c'est le traiter comme un sujet de raison, de valeurs et de droits, de besoins, de vulnérabilité et d'affects [14]. Cette approche renvoie à la notion d'« appel pathétique » décrit par Georges Canguilhem, qui peut être définie comme la demande du patient auprès de son praticien qui doit comprendre que la douleur orofaciale et la souffrance intérieure ne se laissent pas définir objectivement et qu'elles sont le cœur de l'expérience subjective de la vie. Le praticien, à travers sa démarche de soin et de don (au sens donné par l'anthropologue Marcel Mauss), et dans le respect du care qui rassemble en soi les considérations éthiques d'une relation d'accompagnement, ne peut faire le choix entre l'explication physiologique des causes et la compréhension du sens d'un mal-être car les deux aspects sont indissociables. Le soignant, pour mieux comprendre le patient algique, doit adopter deux niveaux de lecture, à travers la face et le visage du souffrant (renvoyant respectivement aux considérations biologiques et psycho-sociales), appréhendés comme les deux faces d'une même pièce.

Sur le plan physiopathologique, les DTM sont des myo-arthropathies manducatrices. Les pathologies, aiguës ou chroniques, sont caractérisées par des douleurs orofaciales persistantes et parfois très invalidantes. Ce sont des pathologies complexes, multiformes, multi-étiologiques (physiologiques, psychologiques, génétiques, occlusales, hormonales, posturales, traumatiques et pouvant perturber le sommeil, etc.) et encore mal connues. Les DTM sont une cause majeure de douleurs orofaciales d'origine non-dentaire et se caractérisent par l'un des trois signes suivants (ou leur association) : gnathosonie des articulations tempo-mandibulaires (ATM), algies intermittentes ou persistantes intéressant préférentiellement les muscles masticateurs et/ou les ATM, dyskinésies ou troubles de la cinématique mandibulaire. Ces désordres s'accompagnent de douleurs orofaciales, de difficultés à l'ouverture buccale et lors de la mastication, de douleurs musculaires localisées ou à distance (à un autre endroit de l'organisme comme le dos, le cou, les épaules), de maux de tête, de problèmes d'auditions (acouphènes) pouvant être très handicapants et amenant progressivement à une dégradation significative de la qualité de vie du patient [15]. La difficulté de la prise en charge de ces pathologies réside dans le grand nombre et l'intrication de cofacteurs impliqués dans la genèse, le déclenchement et l'entretien de ces désordres. Ces difficultés d'analyse compliquent la thérapeutique et le pronostic, et conduisent le patient à un sous-diagnostic, une errance thérapeutique et parfois à des traitements inappropriés. Aucune thérapie optimale n'a émergé. Les études rapportent des preuves soutenant diverses approches, comme la kinésithérapie maxillo-faciale, l'éducation thérapeutique, les thérapies cognitivo-comportementales, l'hypnose, la relaxation, les thérapies pharmacologiques (par exemple : anti-inflammatoires non stéroïdiens, myorelaxants ou analgésiques narcotiques) et l'utilisation d'orthèses occlusales.

Aujourd'hui, le consensus veut que la prise en charge des DTM fasse appel à une stratégie multimodale, réversible, peu invasive, impliquant la participation du patient. L'évaluation est réalisée selon plusieurs axes : un axe somatique (axe I) qui inclut l'anamnèse, l'évaluation de la douleur, les palpations musculaires et articulaires, tandis que l'axe psycho-émotionnel (axe II) inclut des questionnaires des habitudes orales, de la qualité de vie et de sa dégradation, et des évaluations psychologiques, émotionnelles, du stress, de l'anxiété et de la dépression [16] (fig. 3). Outre l'approche somatique du patient, c'est à travers cette dimension psychologique, émotionnelle, culturelle du DTM que l'hypnose peut trouver toute sa place dans la séquence thérapeutique.

Intérêts de l'hypnose en rééducation orofaciale

Hypnose et désordres temporo-mandibulaires douloureux chroniques

Afin d'étudier les effets de l'hypnose sur les douleurs chez les patients présentant un DTM, Abrahamsen et al., au Danemark, proposent un protocole en 4 séances d'hypnose d'une heure [17, 18]. Chaque groupe reçoit également un enregistrement ainsi que des instructions pour pratiquer quotidiennement chez soi. Les séances sont organisées en plusieurs étapes :

1. Induction : relaxation musculaire progressive, en particulier des muscles orofaciaux ; imaginaire guidé vers un endroit agréable et sûr selon les préférences individuelles (plage, jardin ou forêt) ; sentiments de réussite, de calme, de tranquillité d'esprit et ancrage des forces intérieures.

2. Suggestions pour détendre les muscles orofaciaux et garder les dents séparées : suggestions de douleur selon Price et Barber [19] et Crasilneck [20] ; suggestions de changement de perception de la douleur en utilisant la propre métaphore du patient pour la douleur (par exemple, pour imaginer la douleur en tant que figure et changer la couleur et la taille de cette figure de douleur ou en le déplaçant vers une autre partie du corps) ; changement de perception de la douleur en demandant au patient d'associer lui-même une « couleur à sa douleur », puis changement de la couleur afin de permettre la dissociation de la douleur.

3. Suggestions pour renforcer la confiance en soi.

4. Suggestions pour lâcher prise : en ce qui concerne les mauvais souvenirs, on utilise plutôt la propre métaphore du patient. Pour le sentiment d'impuissance, on lui rappelle sa force intérieure et son calme.

5. Régression vers de bons souvenirs et ancrage de ceux-ci : on peut utiliser comme ancrage des souvenirs passés avant que la douleur ne commence, pour se rappeler et réimprimer un ressenti sans douleur, particulièrement dans des situations stressantes.

6. Visualisation en cas de réexposition future à la douleur : imaginer faire face et changer la douleur dans des situations où la douleur serait généralement aggravée.

7. Régression individuelle et réimpression des événements critiques liée à l'apparition de la douleur.

8. Thérapie individuelle du contrôle d'une partie de la douleur.

9. Histoires de métaphores individuelles : soulager l'anxiété, lâcher prise, déculpabiliser, abandonner ses vieilles habitudes, regagner de l'énergie et diminuer l'excitabilité.

10. Suggestions post-hypnotiques : elles sont utilisées pour oublier de penser à la douleur, se remémorer des souvenirs et des activités agréables, désamorcer l'ancrage dès que le patient recommence à penser à la douleur, faire face au stress futur, garder les muscles détendus, augmenter l'énergie physique et émotionnelle, induire une amnésie de la souffrance liée à la douleur.

Une étude de Abrahamsen et al. en 2009, portant sur 43 femmes souffrant de DTM (randomisées en 2 groupes : hypnose versus non-hypnose) et chez qui la douleur est évaluée 3 fois par jour sur une échelle de 0 à 10, reproduite en 2011 sur 39 femmes, conclut que le groupe ayant reçu le protocole d'hypnose présente une diminution significative de l'intensité douloureuse [21]. L'hypnose représente donc un outil tout à fait intéressant pour la prise en charge des DTM. Abrahamsen et al. suggèrent que l'hypnose ainsi que l'apprentissage de l'autohypnose, dans le cadre des DTM, diminuaient de façon significative la fréquence et l'intensité de la douleur, la détresse émotionnelle et l'automédication [21].

Simon et Lewis, dans une étude sur 23 patients, notent également une diminution du nombre de visites médicales (pour 17 patients sur 23, 6 patients sans changement) avec une diminution très significative du coût global des visites médicales (en moyenne 700 $ par patient sur 6 mois avec un coût de la visite de 140 $) [22]. Ils relèvent également que le coût des traitements médicamenteux passe de 1 741,41 $ pour 6 mois avant hypnose à 1 437,39 $ après hypnose, soit 18 % de diminution.

Zhang et al. réalisent en 2015 la première méta-analyse d'études randomisées évaluant l'efficacité de l'hypnose dans la prise en charge des patients porteurs de DTM [23]. Les critères d'inclusion sont les suivants : patients porteurs de DTM (en accord avec les critères de diagnostic RDC-TMD), présence d'un groupe contrôle (aucun traitement ou simple consultation), randomisation des patients. Une recherche est menée sur plusieurs bases de données (PubMed, PsycINFO, AMED, Embase, Cochrane Library). Parmi 3 098 articles proposés à la lecture, 3 études seulement, sur l'hypnose et la relaxation, sont retenues (Angelone, Winocur et Wahlunt) [23-25].

L'étude d'Angelone porte sur 39 patients randomisés, 19 patients avec un traitement par hypnose et 20 patients sans traitement actif [24]. Tous les patients bénéficient d'une séance de 45 minutes soit d'hypnose, soit d'un entretien sur leurs douleurs. Tous évaluent deux fois par jour leur douleur sur une échelle visuelle analogique (EVA) pendant 2 semaines avant le début du protocole, puis encore les 2 semaines suivant la séance d'hypnose ou d'entretien. Cette étude décrit les exercices d'hypnose en détail et montre une diminution significative du ressenti de la douleur par les patients ayant eu la séance d'hypnose.

L'étude de Winocur et al., effectuée sur 40 patientes, s'intéresse essentiellement à la relaxation des muscles de la face [25]. Après évaluation des patientes (axe I et axe II) et une brève information sur leurs douleurs, les patientes sont réparties en 3 groupes randomisés avec un protocole en 5 séances, sur une période de 49 jours. Le premier groupe (n = 16) bénéficie d'hypno-relaxation : 1 séance d'information + 3 séances d'hypnose + 1 séance avec un questionnaire final. Le deuxième groupe (n = 15) bénéficie du port d'une orthèse occlusale (plan de libération occlusal) avec 4 séances incluant explication, préparation, réalisation et ajustage du dispositif occlusal + 1 séance avec un questionnaire final. Le dernier groupe (n = 10) ne bénéficie pas de traitement « actif » : écoute et conseils aux patients sur leur ressenti + 1 séance avec un questionnaire final. Les résultats montrent une différence significative en ce qui concerne l'amélioration de l'intensité de la douleur ainsi que du niveau de douleur maximale en faveur du traitement par hypnose. Les 2 traitements actifs (hypnose et dispositif occlusal) améliorent la sensibilité des masséters. En revanche, aucune différence significative n'est mise en évidence en ce qui concerne l'ouverture maximale de la bouche et la sensibilité des temporaux.

L'étude de Wahlunt et al., portant sur 122 adolescents, randomise 3 cohortes d'une quarantaine d'adolescents chacune [26]. Le premier groupe bénéficie de brèves informations sur leurs douleurs (BI). Un deuxième groupe bénéfice des mêmes informations avec, en complément, l'apprentissage de méthodes de relaxation à appliquer dès que les tensions et les douleurs augmentent (BI + R). Le dernier groupe bénéficie des mêmes informations succinctes et d'un dispositif occlusal (BI + DO). L'étude évalue chez ces adolescents la douleur de fond, la douleur maximale, l'ouverture de bouche maximale non forcée, la douleur à la pression, l'évaluation subjective du traitement par le patient et l'absentéisme scolaire. Cette étude ne montre pas de différence significative entre les patients BI et BI + R. Une amélioration significative a été trouvée en revanche entre le groupe BI et le groupe BI + DO.

Bien que Zhang et al. soulignent certains risques de biais et un faible niveau de preuve scientifique [23], la majorité des études suggèrent que l'hypnothérapie et la relaxation ont un effet bénéfique en réduisant l'intensité maximale de la douleur et en permettant une augmentation de l'ouverture de bouche maximale [24-26]. En revanche, elles n'ont pas d'effet sur la douleur à la pression, sur le fond douloureux et sur les troubles de l'articulation temporo-mandibulaire.

D'autres études semblent apporter un bon niveau de preuve sur le fait que l'avantage de l'hypnose ne se situe pas tant dans une amélioration de la façon dont la perception douloureuse est plus ou moins présente que dans la diminution de la « charge négative » associée à la douleur dans la vie du patient (qualité de vie, diminution de la pénibilité associée à la douleur, amélioration de leur tableau global, moins de catastrophisme...) [27]. Même si l'hypnose ne diminue pas toujours la perception de la douleur, elle semble au moins la rendre plus acceptable.

Enfin, concernant la comparaison avec d'autres thérapies biocomportementales, Orlando conclut, dans une revue de la littérature sur l'évaluation de l'efficacité de la thérapie biocomportementale dans le traitement des DTM, que l'hypno-relaxation prend moins de temps à être mise en place que certaines autres thérapies biocomportementales, telles que d'autres techniques de relaxation ou de biofeedback EMG qui, quant à elles, sont beaucoup plus chronophages [28].

Hypnose et bruxisme (bruxisme de l'éveil et bruxisme du sommeil)

Lobbezoo et al., dans une revue bibliographique, s'intéressent à la prise en charge du bruxisme dans la littérature au cours des 40 dernières années, et ont comparé les publications sur sa prise en charge [29]. Les publications sont passées d'une approche essentiellement comportementale (dont l'hypnose) et occlusale (1966-1986) à une approche essentiellement occlusale (1987-1996), puis à une prise en charge occlusale et pharmacologique (1997-2007) Les auteurs constatent que la part de la prise en charge comportementale n'a cessé de décroître au cours des dernières décennies, jusqu'en 2007 (fig. 4).

On distingue aujourd'hui deux types de bruxismes dans la littérature scientifique : le bruxisme du sommeil et le bruxisme de l'éveil, qui sont deux entités nosologiques liées mais différentes [30]. Le bruxisme du sommeil est classé comme un trouble du sommeil depuis 2005. Il est donc répertorié parmi les parasomnies, comme trouble moteur (du mouvement) en relation avec le sommeil. Il est défini comme une activité rythmique des muscles masticateurs et caractérisé par un grincement, un frottement et un serrement involontaire des dents au cours du sommeil. Ce type de mouvements est très similaire à la mastication, et terminé par une déglutition dans 60 % des cas. Cette activité rythmique des muscles de la mâchoire est observée chez 60 % de la population générale de manière physiologique et considérée comme normale s'il y a moins d'un épisode par heure de sommeil. Les étiologies semblent liées à une régulation centrale du sommeil, souvent associé à des micro-éveils [31]. Les hypothèses étiologiques s'orientent vers plusieurs possibilités : génétique, neurochimique, en lien avec certains phénomènes centraux ou périphériques comme les apnées du sommeil, les reflux gastro-œsophagiens, certaines prises médicamenteuses (comme les anti-dépresseurs de type inhibiteurs de recapture de la sérotonine). L'hypothèse d'une étiologie dentaire est aujourd'hui complètement abandonnée [32].

Le bruxisme de l'éveil peut être défini comme un comportement caractérisé pas des contacts dento-dentaires parafonctionnels (en dehors d'une activité de déglutition, alimentaire ou salivaire, ou d'effort physique important). C'est une hyperactivité motrice des muscles manducateurs, involontaire et inconsciente, qui est préférentiellement un phénomène de tapotements et de serrements des dents, en lien avec des états tensionnels, de stress ou d'anxiété. Certaines personnes peuvent être sujettes à l'une ou l'autre des formes du bruxisme, ou aux deux. Il semble donc important d'être capable de faire la distinction et un diagnostic différentiel de ces deux formes de bruxismes.

L'hypnose, en agissant sur le stress, pourrait-elle constituer, à l'heure actuelle, une stratégie de traitement dans la gestion et la prise en charge des bruxismes ? Les liens entre stress et bruxisme sont des sujets de recherches très discutés actuellement. Le taux de catécholamine urinaire (marqueur du stress) est plus élevé chez les bruxeurs que chez les sujets sains ; il y a aussi une corrélation entre les situations stressantes et une augmentation de l'activité électromyographique des muscles masticateurs [33]. Les patients atteints de bruxisme du sommeil (BS) ont des difficultés dans leur capacité à gérer le stress (ou coping du stress) [34]. Les patients BS rapportent eux-mêmes être plus stressés [35]. Ohayon et al., en 2001, rapportent que le stress et l'anxiété sont des facteurs de risque pour le bruxisme du sommeil (Odds ratio = 1,3) mais que l'intervalle de confiance est faible (1,0), et les résultats sont statistiquement moins évidents que pour d'autres facteurs de risque comme l'apnée du sommeil, l'absorption d'alcool ou le tabagisme [36].

Les techniques de gestion du stress et de l'anxiété et les autres thérapies psycho-comportementales n'ont pas fait actuellement la preuve de leur efficacité en ce qui concerne le bruxisme du sommeil ; elles sont des méthodes jugées empiriques ou avec un manque de validation [36]. Ce n'est pas pour cela qu'elles ne doivent pas être employées, mais il convient de prendre conscience qu'il ne s'agit absolument pas de thérapeutiques curatives du bruxisme du sommeil. Une évaluation de ces patients par un spécialiste et/ou un centre du sommeil peut être indiquée lorsque l'état bucco-dentaire et/ou la qualité de vie sont dégradés de manière significative.

En ce qui concerne le bruxisme de l'éveil, une recherche sur une base de données comme PubMed associant « bruxisme de l'éveil + hypnose (awake bruxismhypnosis) » ne donne aucun résultat (n = 0). On peut tout de même émettre l'hypothèse, compte tenu que la corrélation entre stress et bruxisme de l'éveil semble plus forte, que l'hypnose pourrait avoir une efficacité (par le biais de la gestion de l'anxiété, l'hypnose ayant une efficacité bien documentée ; également, malgré une moins bonne preuve d'efficacité, par le biais de la gestion du stress par l'hypnose) [37, 38]. Il est à présent nécessaire que cette hypothèse de travail soit appuyée sur des recherches scientifiques fondées sur de grandes cohortes avec un haut niveau de preuve.

Conclusion

À l'heure actuelle, le consensus est de suggérer que les traitements de DTM doivent être peu invasifs et aussi réversibles que possible [39, 40]. Le chirurgien-dentiste, en tant qu'acteur de santé, doit être conscient du risque de chronicisation de tous types de douleur, et en particulier des DTM. Dans l'approche de la douleur chronique, l'objectif actuel semble être la recherche de la réduction de la perception de la douleur et la diminution du handicap, plutôt que la disparition de celle-ci. Apprendre au patient à vivre avec sa douleur peut constituer un objectif de prise en charge des patients douloureux chroniques. Dans ce contexte, il semble que l'hypnose, comme d'autres approches psycho-comportementales, peuvent jouer un rôle important dans la prise en charge des patients présentant des DTM. Enfin, la réalité virtuelle (RV) pourra certainement jouer un rôle complémentaire en rééducation orofaciale dans les prochaines années, la RV associée à l'hypnose réduisant la douleur la plus intense de 22 % par rapport à la RV seule, et diminuant l'anxiété du patient [41]. La prise en charge des douleurs chroniques sous réalité virtuelle ayant été décrite avec une efficacité clinique certaine [42], la RV combinée à l'hypnose pourra donc constituer une aide supplémentaire dans la stratégie thérapeutique de la gestion des douleurs orofaciales chroniques, sur le plan psycho-émotionnel.

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Liens d'intérêts

Les auteurs déclarent n'avoir aucun lien d'intérêts concernant cet article.

Auteur

Antonin Hennequin - Assistant hospitalo-universitaire (AHU), exercice libéral (Cahors)

Benoît Tenenbaum - Chirurgien-dentiste, exercice libéral (Toulouse)

Jean-Michel Caire - Cadre supérieur de santé, ergothérapeute D.E

Jean-Marc Bergia - Cadre de santé infirmier

Franck Diemer - Professeur des Universités - Praticien hospitalier (PU-PH)

Florent Destruhaut - Maître de conférences des Universités - Praticien hospitalier (MCU-PH)