Amélogenèse imparfaite - Les cahiers de prothèse, mars 2017
© C. Millet, CDP 2017
Odontologie restauratrice
Les amélogenèses imparfaites sont des anomalies du développement affectant la structure et l’apparence de l’émail. Elles peuvent présenter des signes cliniques variés pouvant dérouter les praticiens dans leur prise en charge. Or, plus le diagnostic est précoce, meilleur est le résultat.
Le traitement précoce permet d’empêcher l’usure occlusale progressive et d’atténuer les répercussions fonctionnelles, esthétiques et psychologiques. À ce jour, les recommandations thérapeutiques ne font pas l’objet d’un consensus. Les cas complexes requièrent une concertation pluridisciplinaire. Le traitement est généralement mis en place durant l’enfance et poursuivi à un âge plus avancé. La restauration prothétique globale semble être la meilleure option de traitement.
En 2014, Parekh et al. ont étudié l’impact de l’amélogenèse imparfaite sur la qualité de vie des jeunes patients. Pour environ 90 % des enfants et adolescents interrogés qui en étaient atteints, la principale doléance était les problèmes de dyschromie. Ils étaient majoritairement demandeurs d’un traitement afin d’améliorer l’esthétique (77 %) et de réduire l’hypersensibilité dentaire (74 %).
À ce jour, il n’existe pas d’études contrôlées randomisées sur les taux de survie des traitements des patients atteints d’amélogenèse imparfaite. Ainsi, les niveaux de preuve disponibles concernant les différentes approches thérapeutiques possibles sont très limités. La majorité des publications disponibles sont de simples rapports de cas.
Une approche plus conservatrice par des restaurations directes en composite est parfois proposée chez l’enfant en attendant le traitement prothétique ultérieur à l’âge adulte. Cependant :
De plus, le manque d’étanchéité à l’interface restauration/dentine conduit à une défaillance précoce de la liaison adhésive.
Une fois la croissance achevée, une restauration globale tout céramique ou céramo-métallique est habituellement recommandée ; en effet, le risque d’usure rapide des dents atteintes doit être pris en considération et un recouvrement occlusal complet est généralement requis. Les couronnes périphériques chez les patients atteints d’amélogenèse imparfaite ont une durée de vie identique à celles des patients ayant un émail non altéré. Les nouveaux matériaux en céramique nécessitent des épaisseurs de préparation réduites, limitant ainsi l’irritation iatrogène du tissu pulpaire. De plus, ces matériaux présentent de nombreux avantages comme une faible rétention de plaque et une biocompatibilité optimale induisant des réponses biologiques favorables au niveau des tissus mous et, particulièrement, au niveau de l’attache épithéliale. Des problèmes d’écaillage (chipping) de la céramique feldspathique sur chape en zircone sont parfois rapportés. Il est à noter que nous n’avons pas relevé, dans notre pratique, ce type d’incidents sur des restaurations globales en céramique sur zircone (recul clinique de 4 ans). Par ailleurs, l’assemblage de ces couronnes à infrastructure en zircone peut se faire par scellement conventionnel sans nécessité de prétraitement ou de collage. Ainsi, on utilise un ciment verre ionomère modifié par adjonction de résine qui associe une simplicité de mise en œuvre, de bons résultats à long terme et un potentiel de relargage d’ions fluor.
À RETENIRLa restauration prothétique par restaurations sur zircone représente une solution prometteuse, en particulier dans les secteurs postérieurs, pour préserver et stabiliser la substance dentaire affaiblie. Cependant, des périodes d’observation plus longues et des essais sur un grand nombre de patients sont nécessaires pour valider le succès à long terme de ces restaurations. |
C. Millet, L. Morgon, J.-P. Duprez