La profession se mobilise contre l'Université privée Fernando Pessoa
 
La profession se mobilise contre l'Université privée Fernando Pessoa

06/03/2013

La profession se mobilise contre l'Université privée Fernando Pessoa

L’annonce par l’établissement privé portugais de l’ouverture d’un second centre en France suscite une levée de boucliers de la profession, qui appelle à manifester.

L’annonce par l’établissement privé portugais de l’ouverture d’un second centre en France suscite une levée de boucliers de la profession, qui appelle à manifester.  

La polémique déclenchée en France par l’arrivée de l’« université » portugaise Fernando Pessoa a franchi un nouveau stade. Cet établissement privé a ouvert à Toulon en novembre des formations payantes (9.500 euros par an) en odontologie. Et voici qu’il vient d’annoncer le lancement d’enseignements identiques à Béziers. De quoi susciter le vif mécontentement de la profession dentaire. Une dizaine d’organisations, de la CNSD jusqu’à l’Ordre*, appellent à participer à une manifestation de protestation à Toulon le 15 mars. Elles entendent stigmatiser le fait que l’Université Fernando Pessoa n’a pas respecté les procédures de demande d’ouverture et que son programme n’offre aucune garantie quant à la qualité des enseignants ni aux modalités de la formation clinique. La profession déplore en outre que les cours dispensés demeurent théoriques, tandis que la tradition française s’appuie en large partie sur les travaux pratiques. Elle accuse les responsables politiques de n’avoir engagé « aucune action concrète » face à ces dérives, qui constituent un nouveau contournement du numerus clausus alors que des dizaines de jeunes Français partent déjà étudier en Roumanie, en Croatie ou en Belgique avec l’intention de revenir exercer en France. Pour l’UNECD*, l’ouverture de ces deux sites engendre un potentiel d’une centaine de chirurgiens-dentistes supplémentaires par an sur le territoire.

Réaction timorée du gouvernement

Le CNPS**, qui s’est associé à la manifestation du 15 mars, affirme que ses courriers aux ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur sont restés sans réponse. Du côté des pouvoirs publics, où le dossier est jugé embarrassant, on se défend en soulignant que le rectorat de l'Académie de Montpellier a émis un « avis défavorable » sur l'installation de l’Université Pessoa à Béziers. La ministre de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, qui avait « signalé » les faits auprès du procureur de la République après l’ouverture du site de Toulon, a indiqué qu’elle fera de même si le lancement du centre de Béziers se confirme. Elle avait estimé en décembre que l’établissement portugais usurpe l’appellation d’université.

Soutien aux Portugais

A Toulon comme à Béziers, les collectivités locales, désireuses de conforter leurs effectifs étudiants, se montrent en revanche favorables aux projets portugais. Et, face aux attaques, Bruno Ravaz, le vice-président de l’Université Pessoa, rétorque qu’il « ne voit pas pourquoi les formations de santé seraient le monopole de l’Etat ». Il assure que les étudiants effectueront leurs stages pratiques au Portugal et que leurs diplômes ne seront donc pas délivrés en France. Il rappelle que le Conseil d'Etat a récemment annulé, pour cause d’harmonisation européenne, le décret anticontournement du numerus clausus pris en août 2011, qui interdisait aux étudiants ayant échoué à deux reprises en PCEM1 en France de tenter les épreuves classantes nationales après une formation à l’étranger. L’initiative portugaise trouve d’autres avocats, tel le psychiatre Boris Cyrulnik, par ailleurs président du conseil scientifique de l'antenne française de l’université Pessoa, selon qui le système du numerus clausus est « totalement absurde ». L’ex-ministre de la Santé Roselyne Bachelot qui figurait aussi sur la liste a depuis démenti sur Twitter  faire partie de cette instance.

 

* Confédération Nationale des Syndicats Dentaires (CNSD), Fédération des Syndicats Dentaires Libéraux (FSDL), Syndicat des Femmes Chirurgiens-Dentistes (SFCD), Union des Jeunes Chirurgiens-Dentistes – Union Dentaire (UJCD-UD), Union Nationale des Etudiants en Chirurgie Dentaire (UNECD), Collectif «les dentistes ne sont pas des pigeons», Le Conseil National de l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes (ONCD), La Conférence des Doyens, Association Dentaire.


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