« Et si on parlait de sexe à nos enfants? »
 
« Et si on parlait de sexe à nos enfants? »

09/03/2012

« Et si on parlait de sexe à nos enfants? »

Un rapport, remis jeudi dernier à la Secrétaire d’Etat à la Jeunesse, avance 18 mesures pour améliorer l’accès des mineures à l'IVG et à la contraception.

Présenté jeudi dernier à la Secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab, un rapport, co-signé par les gynécologues Israël Nisand et Brigitte Letombe et la psychologue Sophie Marinopoulos, s’alarme de la hausse du nombre d’IVG et des difficultés d’accès à la contraception des mineures. Publié aux éditions Odile Jacob, sous le titre Et si on parlait de sexe à nos ados (pour éviter les grossesses non prévues chez les jeunes filles), ce rapport rappelle qu’en 2010, 18 000 mineures sont tombées enceintes, dont 13 500 ont eu recours à l’IVG. Ses auteurs mettent en avant ce qu’ils considèrent comme un paradoxe français: dans l’hexagone, soulignent-ils, alors que l’IVG et la pilule du lendemain sont gratuites et anonymes, la contraception est payante, et nécessite l’autorisation parentale pour les moins de 18 ans. Seuls les centres du Planning familial échappent à la règle, mais ils sont inégalement présents sur le territoire, notamment en zone rurale - quatre femmes sur cinq habitent aujourd’hui à plus de 100 kilomètres de l’un de ces centres.
 
Gratuité et confidentialité
Face à ce constat, les auteurs du rapport avancent 18 propositions, et notamment la confidentialité et la «gratuité de l'ensemble des moyens contraceptifs et des préservatifs jusqu'à 18 ans», et, sous conditions de ressources, de 18 à 25 ans. Une mesure qu’avaient déjà préconisé l’Inspection générale des affaires sociales dès 2010, le Centre d’analyse stratégique en juillet 2011, et la députée Bérengère Poletti en novembre dernier… mais qui avait été retoquée par ministère de la Santé.
Le rapport propose donc de créer un «forfait contraception pour mineures», y compris pour les contraceptifs innovants, à hauteur de 7 euros par mois, pris en charge par l'Assurance maladie via le tiers-payant. Les feuilles de soins seraient assorties d'un code particulier et ne mentionneraient pas l'identité des jeunes filles. Le coût en serait remboursé aux pharmaciens par l'État. L'instauration d'un tel forfait «aurait l'immense avantage de permettre de prescrire à une jeune femme la contraception la plus adaptée, qui serait ainsi plus suivie», estiment les auteurs du rapport.
 
Créer «des réseaux pluridisciplinaires d'orthogénie»
Israël Nisand, Brigitte Letombe et Sophie Marinopoulos préconisent aussi de développer la formation des professionnels de santé, soulignant que «de nombreux généralistes, de même que certains spécialistes, n'ont jamais eu d'enseignement spécifique sur ce sujet.» Ils proposent par ailleurs de créer «des réseaux pluridisciplinaires d'orthogénie» pour les jeunes, impliquant médecins, pharmaciens, sages-femmes, infirmières scolaires, conseillers conjugaux, planning familial et couvrant tout le territoire national. Des réseaux qui s’inspireraient du réseau Info-ado, créé il y a douze ans par Israël Nisand en Alsace.

Information et prévention
Autre proposition: développer l’éducation à la sexualité, et taxer les contenus Internet pornographiques. Israël Nisand, Brigitte Letombe et Sophie Marinopoulos réclament ainsi que la loi de 2001, censée rendre obligatoire l'information à la sexualité en milieu scolaire, soit véritablement appliquée… ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Ils rajoutent que, selon eux, l’éducation à la sexualité devrait être envisagée très tôt, aux moyens d’outils pédagogiques adaptés, à l'image de ce qui se fait dans certains pays.
La balle est désormais, une fois encore, dans le camp du gouvernement. Jeannette Bougrad, qui a préfacé le rapport pour les éditions Odile Jacob, s’est déclarée favorable à un accès gratuit et anonyme des mineures à la contraception. Mais le ministère de la Santé affiche lui, une fois de plus, ses réticences.


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