Mediator : Servier sur le banc des accusés
 
Mediator : Servier sur le banc des accusés

18/05/2012

Mediator : Servier sur le banc des accusés

Elle est la première victime reconnue du Mediator. Martine Kérebel, 55 ans, a pris ce médicament produit par les laboratoires Servier pendant près de six ans pour pallier son insulino-résistance. Cette infirmière de Brest fait partie des quelque 600 plaignants du procès pénal qui s’est ouvert, ce lundi 14 mai, au tribunal correctionnel de Nanterre. « Mes problèmes remontent au mois d’octobre 2007. J’ai été hospitalisée pour un œdème aigu du poumon. Il s’est avéré que j’avais une double valvulopathie », raconte-t-elle. « Lors d’un examen, le médecin m’a demandé quels médicaments je prenais. Le Mediator a fait tilt. » Le médecin alerte Irène Frachon, une pneumologue qui s’interroge alors sur les risques de cet antidiabétique commercialisé depuis 1976 et qui, depuis, était largement prescrit comme coupe-faim. « On m’a dit qu’il y avait une suspicion concernant le Mediator, j’ai tout de suite arrêté », poursuit Martine Kérebel, qui vit aujourd’hui grâce des valves cardiaques artificielles posées en 2008.
Fin novembre 2009, le médicament est retiré du marché. Le benfluorex, principe actif du Mediator, libèrerait dans l'organisme une substance toxique, la norfenfluramine, une molécule très proche de l'amphétamine. Un rapport de l’Igas, rendu publique en janvier 2011, accable Servier : les laboratoires auraient délibérément dissimulé l’effet anorexigène du médicament avant sa mise sur le marché. L’Afssaps est également mise en cause pour son manque de réactivité. Le retrait de ce médicament « aurait pu être décidé dès 1999 », a jugé l’Igas.

 


« Bec et ongles »


Le combat juridique de Martine Kérebel commence en janvier 2010. En novembre, après plusieurs expertises, l’infirmière bretonne est reconnue comme étant la première victime officielle du Mediator. Elle s'est portée partie civile pour ce procès de Nanterre. Jacques Servier et plusieurs ex-cadres de Servier et de Biopharma, la filiale qui a commercialisé le Mediator, comparaissent pour tromperies aggravées, une peine passible de quatre ans de prison et d'une amende de 37 500 euros. Les laboratoires pharmaceutiques risquent une amende de 150 000 euros et une interdiction d’activités.
Martine Kérembel attend beaucoup de ce procès, ainsi que d’un procès civil dont la date n'a pas encore été fixée : « Je n’ai reçu aucune indemnisation, aucun mot d’excuse, il n'y a eu aucun contact. Le laboratoire doit répondre de ses actes », insiste-t-elle. Convaincue que Jacques Servier, « dans le déni complet », se battra « bec et ongles », elle s’en remet entièrement à la justice. Mais la quinquagénaire n’assistera pas au procès, qui devrait se poursuivre jusqu'en juillet. Elle n’a pas non plus souhaité adhérer à une association de victimes. « Il faut aller de l’avant », confie-t-elle.


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