Prescription d’antibiotiques : une enquête explore les pratiques des chirurgiens-dentistes
 

Maladie parodontale nécrosante chez une jeune femme de 25 ans. La prescription d’antibiotiques en première intention est indiquée.

08/12/2020

ENQUÊte sur votre Prescription dES antibiotiques 

Les chirurgiens-dentistes appliquent-ils les bonnes pratiques de prescription des antibiotiques systémiques et locaux pour les traitements parodontaux ? Une enquête menée avec le soutien de ReCol, de la SFPIO et du CNEP.

La France figure parmi les plus gros consommateurs d’antibiotiques au monde. Le problème est que cette surconsommation d’antibiotiques favorise le développement de bactéries résistantes. « Nous, chirurgiens-dentistes, nous pouvons agir, car 10 % des antibiotiques prescrits en ambulatoires le sont par des chirurgiens-dentistes et d’après certaines études jusqu’à 80 % de nos prescriptions seraient non pertinentes », souligne le Dr Kévimy Agossa, maître de conférence et praticien hospitalier en parodontologie à l’université et au CHU de Lille. « En France, nous n’avons quasiment aucune donnée sur le sujet », regrette-t-il. C’est pourquoi il a lancé une enquête, menée en ligne, sur la prescription des antibiotiques systémiques et locaux pour les traitements parodontaux.
Cette enquête a été menée avec le soutien du réseau ReCol (réseau de Recherche Clinique en odontologie libérale), de la Société française de parodontologie et d’implantologie orale (SFPIO) et du Collège national des enseignants en parodontologie (CNEP).
« Nous voulions étudier des profils de praticiens différents c’est pourquoi nous avons choisi 3 sous-groupes : des enseignants en parodontologie (CNEP), qui sont censés être très au fait des bonnes pratiques, des praticiens libéraux ayant un intérêt pour la parodontologie (SFPIO) et des omnipraticiens (ReCol) », détaille le Dr Agossa. Le questionnaire comprenait 25 questions, d’abord une partie générale qui explore les caractéristiques de la population (critères socio-démographiques, cursus de formation, volume d’activité, etc.), puis le niveau de connaissances des recommandations de bonnes pratiques et d’éventuelles formations à la prescription médicamenteuse suivies récemment. Ensuite, des scénarii plus cliniques permettaient de déterminer ce que les participants prescrivaient dans différents cas. 272 réponses complètes ont été examinées. « Nous avons pu calculer des scores de connaissance et des scores de pratiques », indique le Dr Agossa.

Importance de la formation

Globalement, les niveaux de connaissance sont intermédiaires : plus de la moitié des praticiens ont un score de connaissance entre 1 et 3 sur 5, ce qui signifie qu’ils connaissent les recommandations partiellement. 45 % déclaraient avoir reçu récemment (< 5 ans) une formation ayant trait au bon usage de prescription des antibiotiques. Plus d’un quart des répondants avaient un score de connaissance maximal de 5, « ce qui n’est pas surprenant car 17 % des participants étaient des enseignants en parodontologie », analyse le Dr Agossa.
L’enquête a également montré que le fait de voir un grand nombre de patient par semaine pour des problèmes parodontaux améliorait le score de connaissance. En revanche, plus les praticiens étaient sortis de la faculté depuis longtemps, moins ils avaient tendance à avoir des scores de connaissance élevés.
Concernant les scores de pratique, « entre 10 et 20 % sont soit très en accord avec les recommandations, soit très éloignés. La majorité sont centrés sur des choses intermédiaires », observe-t-il. « Pour les scores de pratiques, les hospitalo-universitaires avaient globalement de meilleurs résultats, qu’il s’agisse d’enseignants ou d’ex-enseignants. Avoir une formation universitaire de 3e cycle (certificat d’études supérieures en parodontologie) augmente aussi les scores », détaille-t-il. Ainsi, se former permettrait « d’améliorer les connaissances mais aussi d’améliorer les pratiques. Cela montre l’importance de la formation continue. Il faudra faire des actions de formations, notamment en direction des praticiens sortis de la faculté depuis longtemps », conclut le Dr Agossa.

Anne-Gaëlle Moulun


Suivez-nous



La lettre d'info

Recevez la lettre d'info
Je m'inscris

Pour visualisez la lettre d'info Cliquez ici