Bien vieillir avec des dents
 
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15/03/2024

Bien vieillir avec des dents

Quelle santé bucco-dentaire pour les Français de plus de 75 ans ? Alors que le vieillissement de la population se poursuit, le Patrick Baudot publie « Bien vieillir avec des dents », 25 propositions pour préserver la dentition des plus âgés et leur faciliter l’accès aux soins. Consulté par la CNAM et par l’ARS Île-de-France, Patrick Baudot vient d’intégrer la Conférence nationale de santé pour une mission sur la santé bucco-dentaire menée par le Frédéric Denis, doyen de la faculté d’odontologie de Tours, et dresse un constat sans équivoque.

QUEL EST VOTRE CONSTAT SUR LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE DES PERSONNES ÂGÉES ?

C’est une catastrophe ! Contrairement à d’autres pays où le chirurgien-dentiste est vu au moins une fois par an, nous n’avons pas cette habitude de prévention en France. Les chiffres montrent que seulement 40 à 50 % des Français vont régulièrement chez le dentiste, contre 85 % au Danemark. Il faut habituer les gens à effectuer ces visites et les solliciter à des âges clé.

À partir de 75 ans, on constate une baisse de fréquentation des cabinets dentaires, notamment due à l’isolement et à une santé globale qui se détériore : atteintes des gencives, moins de salive, plus de médicaments consommés, moins de brossage, une possibilité de troubles cognitifs. Il faut renforcer la prise en charge à cet âge-là.

Entre 50 et 100 % des personnes en Ehpad ont besoin de soins pour pouvoir mastiquer normalement. La prise en charge doit se faire avant l’entrée en Ehpad et la dépendance. Les actions, présentées dans la dernière loi sur le « Bien vieillir » en 2023 et la nouvelle convention dentaire restent trop timides par rapport aux enjeux de la santé bucco-dentaire, et donc de la santé des personnes âgées en général.

VOTRE PROGRAMME EST BASÉ SUR 3 CHIFFRES 20/80/85, À QUOI CORRESPONDENT-ILS ?

L’objectif vers lequel la politique de prévention française doit se tourner est d’atteindre un nombre de 20 dents naturelles conservées pour 80 % de la population des personnes âgées souhaitant rester le plus longtemps possible à domicile et avant 85 ans, âge moyen d’entrée en Ehpad.

Mon programme est basé sur 7 axes et 25 propositions à appliquer d’ici 2040, année lors de laquelle la France comptera un nombre de chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants égal à celui des pays européens ayant une politique de prévention forte.

Les principaux axes de travail suggèrent d’adapter et de renforcer la formation initiale et la formation continue des chirurgiens-dentistes et d’intégrer le chirurgien-dentiste dans l’équipe soignante en gériatrie.

LA NOUVELLE CONVENTION DENTAIRE PERMET-ELLE, SELON VOUS, D’APPORTER DES SOLUTIONS EN MATIÈRE DE PRÉVENTION ?

Cette nouvelle convention comprend une avancée : la consultation d’entrée dans les établissements médico-sociaux. Je milite clairement pour que les consultations soient prises en charge à 100 % pour les personnes âgées. Ces rendez-vous sont aujourd'hui souvent synonymes de problèmes administratifs, notamment pour les chirurgiens-dentistes libéraux, qui, parfois, peinent à être remboursés. Il serait également nécessaire de doubler le nombre de praticiens hospitaliers intégrés dans les établissements de santé. Cette action permettrait de développer des unités dentaires de proximité au sein de centres hospitaliers ou d’établissements médico-sociaux permettant une prise en charge territoriale des patients. Elle amorcerait également l’inclusion d’un chirurgien-dentiste dans les équipes de soins pour inclure la santé bucco-dentaire dans les diagnostics de première intention : consultation d’entrée, consultation gériatrique.

Camille Grange


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