L’examen bucco-dentaire à 3 ans 
 
Titre de l'image

03/12/2021

L’examen bucco-dentaire à 3 ans 

Pourquoi et comment réaliser l’examen bucco-dentaire des enfants de 3 ans ? Tel était le sujet de la séance de l'UFSBD organisée lors du congrès de l’ADF. Des conseils de Romain JACQ et de Marie RABANY DACQUIN pour aborder sereinement cet examen et son importance pour la prévention et l’interception précoce des troubles de la croissance bucco-dentaire.

Mis en place par l’Assurance maladie en 2019, l’examen bucco-dentaire (EBD) des enfants de 3 ans a pour objectif principal de donner une première approche de l’examen dentaire et de dépister des caries et des troubles oro-faciaux. C’est aussi un temps de partage avec les parents pour rétablir des vérités ou donner des recommandations. Le Dr Romain Jacq, praticien à Montrouge, souligne que dans sa pratique, il a remarqué une augmentation de consultations entre 3 et 4 ans. Pour lui, une visite si tôt permet une amélioration de l’hygiène, la mise en place d’un planning de suivi régulier, l’éducation de toute la famille à la santé bucco-dentaire, l’amélioration de l’état de santé et du développement social de l’enfant. Elle permet aussi de repérer des lésions carieuses précoces, des troubles orthodontiques ou des anomalies de structure.

« Les recommandations internationales concernant la première visite la conseillent dès l’âge de 1 an. Or, en France, dans le carnet de santé, la première consultation chez un dentiste est recommandée dès 3 ans. Il y a une méconnaissance des professionnels de santé de la petite enfance », regrette le Dr Jacq.

PAS DE MATÉRIEL SPÉCIFIQUE

Selon lui, tout omnipraticien peut recevoir un enfant de 3 ans dans son cabinet. « Il n’y a pas de besoin ou de matériel spécifique. Le temps nécessaire pour une consultation de type EBD est de 20 à 30 minutes », souligne-t-il. L’impact principal de cette consultation est l’entrée de l’enfant le plus tôt possible dans la démarche de prévention et l’impact secondaire peut être la fidélisation de toute la famille au sein du cabinet.

« Au cours de cet examen, l’explication et le conseil aux parents représentent 60 % du temps, la familiarisation avec le cabinet dentaire 20 % et l’observation clinique seulement 20 % », détaille-t-il. La cotation de l’EBD dépend du nombre de radiographies : sans radiographie, il est coté à 30 euros, avec 1 à 2 radiographies le tarif passe à 42 euros et avec plus de 3 radiographies il atteint 54 euros.

« Cet examen est-il vraiment utile ? » interroge le Dr Jacq. Pour lui, la réponse est oui, car il permet de repérer des comportements à risque. « Je reçois des parents qui me disent que leur enfant aime le coca-cola, le thé ou le chocolat dans son biberon, qu’il adore les jus ou l’eau aromatisée, ou encore qu’il ne veut pas se faire brosser les dents ». Cette visite peut aussi permettre de détecter la carie précoce du jeune enfant et de planifier des soins dès que possible. « Il est important de maintenir une première séance sans soins », recommande le Dr Jacq.

PELUCHE DANS UN COIN DU CABINET

« L’EBD permet aussi de rappeler des messages de prévention, comme celui des 2 brossages par jour, avec du dentifrice fluoré. Le brossage, autour de 3 ans, est réalisé par les parents. Tant que l’enfant ne sait pas écrire, cela ne sert à rien de le laisser brosser tout seul », indique-t-il. Il note que « le carnet de santé, support d’information connu des parents, peut servir de base de discussion et que des fiches conseils sont disponibles sur le site de l’UFSBD ».

Pour bien réussir cette séance, il conseille de recevoir l’enfant plutôt le matin, quand il est plus calme, d’aller vers son monde avec par exemple une peluche dans un coin du cabinet et d'attacher une attention particulière à sa façon de s’exprimer : pas de négation, pas de mensonge, expliquer par images, avec des mots adaptés à son âge. L’enfant peut être sur les genoux des parents, sur le fauteuil seul ou sur le fauteuil avec les parents. « Utiliser le jeu, soigner le doudou, utiliser la distraction, sont des techniques qui fonctionnent bien avec les enfants », souligne le Dr Jacq.

ARRÊTER LES MAUVAISES HABITUDES

Le Dr Marie Rabany Dacquin, praticienne à Marseille, ajoute pour sa part que 7 enfants sur 10 sont déjà porteurs de dysmorphoses à 3 ans. « A 90 %, elles sont dues à une mauvaise position de la langue. La langue est une princesse et doit rester au palais », rappelle-t-elle. Elle détaille les trois grandes fonctions qui influencent la croissance cranio-faciale : ventilation, déglutition, mastication. « A 3 ans, ce n’est pas normal de respirer par la bouche. La respiration buccale crée un manque de stimuli et elle est difficile à rééduquer », explique-t-elle. Elle peut créer des troubles du comportement avec une fatigue, une concentration difficile et un retentissement scolaire. La déglutition, quant à elle, doit être identique à celle de l’adulte avant 3 ans : bouche fermée, dents serrées, langue au palais. Les troubles de la déglutition peuvent provoquer des béances.

Enfin, à 3 ans, la mastication doit fonctionner comme celle des adultes. « Il faut encourager l’enfant à arrêter les mauvaises habitudes comme les doigts dans la bouche, la tétine ou le doudou. Pour cela, il faut aider les parents à trouver des solutions de substitution », préconise le Dr Rabany Dacquin. Le praticien peut conseiller de la rééducation, voire appareiller s’il est formé pour cela. 

Anne-Gaëlle Moulun


Suivez-nous



La lettre d'info

Recevez la lettre d'info
Je m'inscris

Pour visualisez la lettre d'info Cliquez ici