Pratique durable en chirurgie dentaire : poursuivre les efforts
 
Titre de l'image

15/10/2023

Pratique durable en chirurgie dentaire : poursuivre les efforts

Alors que la faculté d’odontologie Paris Cité vient de recevoir le prix 2023 « Practice Green » décerné par l’ADEE, un rapport commandé l’URPS CD AURA a déterminé que la sensibilité des chirurgiens-dentistes concernant les enjeux environnementaux atteindrait un indice de 5 sur 10. Entre bilan carbone, matériel d’occasion et formations, vers quelles pratiques durables se dirige la chirurgie dentaire ?

Poursuivre son activité de chirurgien-dentiste tout en réduisant son impact environnemental semble aujourd’hui être l’un des enjeux majeurs de la profession. En 2022, le Dr Justin Oosthoek réalisait, pour la première fois en France, un Bilan carbone® de son cabinet d’orthodontie. Un travail novateur retranscrit dans l’ouvrage "La transition écologie en odontologie", mais pour quels changements ?

D’après une étude commandée par l’URPS Chirurgiens-dentistes Auvergne-Rhône-Alpes, mesurer son empreinte carbone serait une « étape essentielle pour prendre conscience de son impact ». Un cabinet dentaire assurant en moyenne 15 rendez-vous par jour émettrait 48 tonnes de CO2 par an. Les deux postes d’émissions les plus lourds sont les intrants (45 %) et les déplacements (26 %). Les déchets représentent, quant à eux, seulement 0,4 %. L’utilisation de ciment verre ionomère (CVI) réduirait de 70 % les impacts sur le changement climatique, par rapport à un composite à base de résine. Le regroupement des soins et des rendez-vous pourrait également une piste sérieuse, tant il contribuerait à réduire les émissions carbone en agissant sur les déplacements des patients et l’utilisation de matériel et consommables.

Selon Alice Barras, chirurgien-dentiste spécialiste de la formation des professionnels de santé à la démarche écoresponsable, l’un des leviers des chirurgiens-dentistes serait la sobriété chimique. « Concernant la désinfection et l’entretien, par exemple, il faut réfléchir aux situations où l’on pourrait éventuellement se passer des produits toxiques pour l’environnement, comme ceux contenant de l’ammonium quaternaire », détaille-t-elle.

DE L’INSTRUMENTATION D’OCCASION POUR « MIEUX INVESTIR DANS LA TECHNOLOGIE »

Les chirurgiens-dentistes français sauront-ils jouer la carte de l’économie circulaire ? Le rapport de l’URPS CD AURA précise en ce sens que le choix des fournisseurs semble capital : un fournisseur engagé sur la stratégie SBTi 1,5° pour la réduction des émissions carbone des entreprises a un impact annuel trois fois moins élevé. « Malheureusement, les praticiens manquent souvent de temps pour se pencher efficacement sur la réduction de leur impact environnemental », souligne Gaëlle Hernandez, chirurgien-dentiste et fondatrice du site Biens confraternels.

Cette plateforme permet aux praticiens de se procurer du matériel de seconde main. Ses clients sont, entre autres, des jeunes praticiens en cours d’installation, des étudiants et des centres de formation d’assistantes dentaires. De l’occasion dans la chirurgie dentaire, mais pas au dépens des nouvelles technologies. « Parmi nos 1200 références, nous avons surtout de la petite instrumentation et des consommables. Ce matériel peut être acheté à un coût moindre pour pouvoir se permettre d’investir dans du matériel pointu », justifie-t-elle pour CLINIC.

CHANGER LES PRATIQUES DANS LA FORMATION

Afin de pérenniser ces changements, la pratique durable pourrait être mieux incluse dans la formation. En septembre 2023, l’Université Paris Cité a remporté un prix spécial décerné par l’ADEE, l’EDSA et le distributeur Henry Schein pour sa collaboration internationale avec les UFR de l’alliance Circle U en vue d’améliorer la pratique durable dans les soins et dans la formation. « Les formations pour la pratique durable sont plus couramment effectuées par les assistantes dentaires. Il faudrait qu’elles soient plus présentes dans la formation continue des chirurgiens-dentistes. L’utilisation de matériel comportant un défaut ou ayant passé la date de péremption, pour les salles de formation par exemple, pourrait être une piste », conclut Gaëlle Hernandez.

Camille Grange


Suivez-nous



La lettre d'info

Recevez la lettre d'info
Je m'inscris

Pour visualisez la lettre d'info Cliquez ici