Santé environnementale : si les professionnels de santé pouvaient s’auto-évaluer
 
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24/01/2024

Santé environnementale : si les professionnels de santé pouvaient s’auto-évaluer

En décembre dernier, le collectif Femmes de Santé a adressé au gouvernement 24 propositions d’actions en matière de santé environnementale. CLINIC fait le point avec Nathalie Delphin, présidente du Syndicat des femmes chirurgiens-dentistes et experte odontologie du collectif.

POURRIEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER CE RAPPORT ?

Les 24 solutions concrètes et simples en matière de santé environnementale ont été élaborées par les Femmes de Santé lors d’ateliers collaboratifs et pluridisciplinaires, en amont des États Généraux. Elles traitent de trois thématiques :

- les vulnérabilités des femmes et les 1000 premiers jours des enfants ;

- la dépollution du système de santé ;

- et l’éco-anxiété.

La liste de recommandations est étayée par une revue de littérature scientifique pour présenter clairement les particularités des différentes disciplines, dont la chirurgie dentaire et de la médecine bucco-dentaire. Nous y rappelons, notamment, que les couronnes du panier 100 % Santé - les seules à être intégralement prises en charge -, sont à base de cobalt et de chrome, creusant là une inégalité sociale majeure en raison du classement du cobalt depuis 2020 par l’UE comme cancérogène, mutagène ou reprotoxique.

QUELLES SONT LES PRIORITÉS POUR L’ODONTOLOGIE DANS CES RECOMMANDATIONS ?

Premièrement, nous avons fait un retour sur la MIH, pathologie due aux perturbateurs endocriniens : un défaut qualitatif de l’émail d’une ou plusieurs premières molaires permanentes, associé ou non à l’atteinte d’incisives permanentes. Les hypothèses étiologiques de la MIH sont multiples, mais une exposition périnatale aux perturbateurs endocriniens est aujourd’hui considérée comme probable. Sa prévalence est en augmentation constante : environ 20 % des enfants sont concernés aujourd’hui.

La seconde priorité concerne notre pratique avec l’ensemble des produits : ils impactent les patients et les praticiens eux-mêmes. 48,7 % des chirurgiens-dentistes de moins de 30 ans sont des femmes. On mesure ici l’impact gestationnel que peut avoir l’exposition à ces divers produits.

VOUS SUGGÉREZ DE CRÉER UN INDEX ÉCORESPONSABLE DU MILIEU DE LA SANTÉ. VOUS PENSEZ À UN LABEL « DENTISTE VERT » ?

La problématique posée par un label suppose sa construction, puis un système de validation et de contrôle. Cela peut être dangereux, car cela peut tromper les patients. Tous les praticiens n’ont pas la possibilité de prendre les mêmes mesures. Je suis favorable à un index qui permette aux professionnels de s’auto-évaluer. Cela permettrait de voir comment on peut faire évoluer sa pratique. D’après un rapport du Shift Project, le secteur de la santé est responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre.

QUELLE SUITE SERA DONNÉE À CES RECOMMANDATIONS ?

Le collectif a été reçu par l’ancienne ministre de la Santé, Agnès Firmin-Le Bodo. Nous souhaiterions agir dans des perspectives de formations et avoir des partenaires industriels qui ont compris la nécessité d’une changement de paradigme. Nous sommes, par exemple, étonnées que l’industrie pharmaceutique ne se soit pas déjà emparée du sujet.

Camille Grange


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