Comment vivez-vous, dans votre cabinet, les émissions grand public qui se sont multipliées ces derniers mois sur les prothèses dentaires ? - Clinic n° 05 du 01/05/2009
 

Clinic n° 05 du 01/05/2009

 

TRIBUNE

Nos deux témoins du mois attestent de la variété des comportements des patients dans le cabinet dentaire. Quand les uns ont besoin de se faire rassurer par le chirurgien-dentiste qu'ils connaissent bien, les autres restent silencieux... De leur côté, les praticiens jouent la transparence en sortant la fiche de traçabilité.

Mal

Philippe Court (Saclay - 91)

Très mal. Je ressens une grande lassitude face aux attaques des médias qui jettent le discrédit sur toute la profession. Je ne comprends pas cet acharnement de certains journalistes à nous faire passer pour des personnes malhonnêtes ou de simples revendeurs de prothèses !

Après de telles émissions, les patients sont complètement désorientés. Ils interprètent de façon très confuse les propos entendus. Le lendemain de la diffusion de l'émission « Envoyé spécial » en février dernier, quasiment tous les patients m'en ont parlé. Ils font un parallèle entre les prothèses importées et les jouets de mauvaise qualité en provenance de Chine, et affirment que tout ce qui vient de ce pays est de mauvaise qualité. Et puis, ils confondent les amalgames, le plomb, le mercure... Ce genre d'émission a vraiment un impact terrible. À travers leurs questions et leurs réflexions, les patients expriment une perte de confiance vis-à-vis de la profession en général, estimant que nous nous enrichissons « sur leur dos ». Le problème est qu'ils n'ont qu'un seul écho par le canal des médias. J'ai l'impression que la profession ne se défend que par des communiqués qui ne dépassent pas le cercle dentaire. Je reconnais, et j'apprécie, qu'ils ne m'accusent pas, au contraire, ils me gardent toute leur confiance et m'écoutent lorsque j'essaie de lever leurs doutes. Je leur explique que je réalise un travail de qualité, que toutes les prothèses que je pose sont réalisées dans un laboratoire situé à proximité du cabinet, dans lequel j'ai toute confiance et auquel je peux me référer en cas de problème. Depuis que le doute s'est installé dans l'esprit des patients sur ce sujet, je fournis une fiche de traçabilité à tous ceux qui achèvent un traitement prothétique.

Indolore

Jérémie Perrin (Mornant - 69)

Le lendemain de l'émission « Envoyé spécial » du mois de février, à mon grand étonnement, seuls deux patients m'ont posé quelques questions. Pourtant, je m'étais préparé à une avalanche de réflexions sur l'origine et la composition des prothèses car une première émission télévisée l'an dernier sur le sujet, à une heure de petite écoute le matin, avait tout de même suscité les questions de quatre ou cinq patients. En prévision, j'avais donc regardé le reportage. Quoi qu'il en soit, la conséquence directe de cette question soulevée par les médias a été pour moi de demander au prothésiste la fiche de traçabilité des prothèses. Maintenant ce n'est plus lui qui les garde. Elles sont stockées dans mon cabinet. Voilà tout ce qui a changé pour moi.