Comment gérez-vous la peur des patients ? - Clinic n° 08 du 01/09/2009
 

Clinic n° 08 du 01/09/2009

 

TRIBUNE

Expliquer, montrer, choisir ses mots, s'adapter au patient... Les praticiens déploient de nombreuses techniques pour rassurer leurs patients. En même temps, ils sont bien conscients qu'une des données essentielles pour que tout se passe bien est la gestion de leur propre stress !

Des paroles rassurantes

Nicole Guzelian (Bois-Colombes - 92)

La peur est généralement liée à la crainte de la douleur. Ce qui importe au patient est d'être soigné mais sans souffrir. Mon rôle est de tout mettre en oeuvre pour qu'il n'ait pas mal. Je bannis de mon vocabulaire le mot « piqûre » et parle plutôt d'anesthésie aux adultes et « d'endormir » un endroit de la bouche aux enfants. Je préviens que je vais piquer au moment de faire le geste pour ne pas laisser au patient le temps d'imaginer le pire. Avec l'expérience, j'ai acquis un peu de psychologie pour déceler le degré d'appréhension des personnes et savoir comment les mettre en confiance. Quand ils ne disent rien, je fais comme si je ne me rendais pas compte de leur état d'inquiétude, tout en étant bien attentive à leur état émotionnel. Quand ils avouent leur peur, j'ai des paroles rassurantes. Je leur explique qu'avec l'anesthésie, la douleur n'est plus un problème. Ceux qui viennent à reculons en ouvrant la bouche mais en serrant les lèvres, je leur prouve, miroir en face, que je ne peux rien faire ou alors, je reproduis leur mimique. Mais la règle est d'être toujours détendue pour donner l'impression au patient que je gère la situation sans difficulté, et d'en rester au constat. Bien entendu, je dois savoir gérer mon propre stress ! Parler est un bon moyen de faire baisser la tension éventuelle.

Pour des nouveaux patients qui, de surcroît, n'ont pas vu de chirurgien-dentiste depuis longtemps, je commence par un petit soin pour les rassurer. Je reporte un peu les soins d'un patient énervé. Et puis, il faut accepter les cas de patients réguliers hypertendus qui, de leur propre aveu, ont mal au ventre dès la prise de rendez-vous, même si je ne leur ai jamais fait mal !

Une grande attention à l'environnement

Pierre Dana (Paris - 75)

La peur du patient peut être liée au lieu et à tout ce qu'il y perçoit. Une seringue, l'odeur de l'eugénol, l'atmosphère du cabinet peuvent déclencher chez lui une peur en rapport avec ce qu'il a pu ressentir quand il était jeune. Elle est aussi liée à l'acte lui-même. Compte tenu de cela, je gère la peur en commençant par porter une grande attention à l'aspect du cabinet. Il doit être agréable, accueillant, bien aéré et éclairé. Les couleurs des murs ne sont ni sombres, ni tristes ni trop froides. On ne doit pas voir traîner d'instruments, de seringues ou de pinces. Chez l'orthodontiste, des pinces rassurent, pas chez le chirurgien-dentiste !

Et puis je dédramatise l'acte qui fait peur, toujours avec le sourire, dans la détente et, selon les patients, en ayant recours à l'humour. Je montre tranquillement la seringue à celui qui en a peur, au besoin je passe une séance à lui faire accepter une anesthésie. Je rassure celui qui a des doutes sur la stérilisation en ouvrant mes tiroirs et en lui expliquant le processus. J'explique à la femme enceinte qu'elle peut se faire soigner...