Clinic n° 09 du 01/10/2012

 

SANTÉ PUBLIQUE

ACTU

ACD  

Le Val-de-Marne mène depuis 20 ans une action de promotion de la santé bucco-dentaire à l’échelle de tout le département. Fabien Cohen, qui pilote ce programme depuis l’origine, en dresse le bilan alors que de nouveaux objectifs sont fixés pour 2016.

Dans le Val-de-Marne, l’atteinte carieuse à 6 ans est passée de 1,71 au lancement du programme en 1991 à 0,69 aujourd’hui. Cette amélioration touche toutes les catégories sociales. Ainsi, l’indice des enfants dont la mère est cadre est passé dans le même temps de 0,46 à 0,30 ; celui des enfants d’une mère employée de 1,30 à 0,60. Les comparaisons avec la situation en France et dans d’autres pays sont également favorables. L’atteinte carieuse moyenne à 12 ans est de 1,2 en France (2006), 1 en Suède (2005), 0,7 en Angleterre (2009) et 0,6 (2011) dans le Val-de-Marne. « Nous avons le sentiment que notre programme a été efficace », estime Fabien Cohen.

Plusieurs facteurs peuvent, pour lui, l’expliquer. Il y a d’abord eu une volonté politique de réduire le taux de caries. Et puis, c’est un programme collectif. Inspirés du programme lancé en 1983 en Seine-Saint-Denis et de la pratique dans les pays nordiques et au Canada, les plans qui se sont succédé dans le Val-de-Marne depuis 20 ans intègrent à la fois le dépistage, l’éducation pour la santé et la prévention primaire à l’échelle d’un département. « Cet effet de masse entraîne des changements de comportement beaucoup plus rapides et efficaces que lorsqu’il s’agit d’animations ponctuelles » constate Fabien Cohen. Le programme s’inscrit aussi dans la durée. « L’adhésion est facultative. Mais dès lors qu’une ville ou une école y adhère, elle s’engage pour 6 ans au minimum. »

Un autre facteur explicatif est « la priorité donnée à la petite enfance » et le recours à l’appui des personnes travaillant au quotidien auprès d’elle. Le personnel des crèches et des PMI a été formé et une personne relais anime la prévention bucco-dentaire dans chaque structure. Le département compte maintenant 250 personnes relais. Parallèlement, les pratiques, notamment pour le fluor, ont été unifiées. Une conférence de consensus a défini dès 1999 la norme départementale. « Nous avons pris la santé bucco-dentaire au sérieux, comme une maladie telle que le sida. »

Pour mener ce programme, de 8 à 10 chirurgiens-dentistes équivalents « temps plein » du Service de santé publique dentaire du Val-de-Marne conçoivent des outils, forment les personnes, animent les 6 territoires du Conseil général et fédèrent tous ceux qui peuvent s’intéresser à la santé bucco-dentaire dans le département. Sont ainsi sollicités l’Assurance maladie avec laquelle une convention a été signée pour mettre en place les incitations du programme M’T dents dans les écoles, l’Éducation nationale, l’État, les collectivités, les chirurgiens-dentistes salariés et libéraux qui ont validé le programme et se sont engagés à soigner les enfants, les infirmiers, les sages-femmes…

Pour 2016, un nouveau défi est fixé : obtenir un taux de 90 % d’enfants en bonne santé bucco-dentaire à 10 ans (l’objectif de l’OMS en 2015) contre 82 % aujourd’hui. Pas question donc de relâcher la pression maintenue depuis 20 ans dans le département. Pour gagner les 8 % manquants, l’accent est mis particulièrement sur les populations en difficulté.