Santé bucco-dentaire : où sont les jeunes ? - Clinic n° 10 du 01/11/2009
 

Clinic n° 10 du 01/11/2009

 

UFSBD

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Alors que les praticiens constatent une baisse de fréquentation des jeunes dans les cabinets dentaires, comment se comportent les jeunes vis-à-vis de leur santé bucco-dentaire ? Quel est le rôle du chirurgien-dentiste ? Monique-Marie Rousset a proposé une explication lors d'un récent colloque de l'UFSBD.

« Toutes les démarches pour lutter contre les conduites addictives, améliorer la nutrition, l'hygiène et la perception du jeune de son image nécessitent l'implication de tous les professionnels de santé. » Monique-Marie Rousset, membre du Haut conseil de santé publique (HCSP), qui s'exprimait lors de la journée de santé publique de l'UFSBD consacrée le 9 octobre dernier aux jeunes et à la santé bucco-dentaire, invite les chirurgiens-dentistes à prendre « leur place dans ce programme ».

Car certains comportements des jeunes ont des effets négatifs sur la santé bucco-dentaire. Les conduites addictives (alcool, tabac, cannabis) ont un effet nocif sur la flore buccale et entraînent une négligence des règles d'hygiène alimentaire et bucco-dentaire. Le manque d'activité physique, l'alimentation « sur le pouce », le grignotage et les boissons très sucrées conduisent au surpoids. Il faut ajouter aussi la négligence du jeune vis-à-vis de sa santé bucco-dentaire jugée « peu importante » ou pour laquelle « les soins font peur ». D'ailleurs, les motifs de consultation « spontanée » des jeunes dans les cabinets dentaires l'expriment. Ils entrent dans un cabinet pour une dent de sagesse, une douleur « inattendue », une coloration disgracieuse (seul aspect « positif » du tabac), un souhait de détartrage (l'événement du mariage) et enfin, souvent en dernier, pour un contrôle. A contrario, la grossesse éloigne souvent les jeunes femmes du cabinet dentaire !

L'image de soi : une bonne accroche

En revanche, le besoin de « normalité », l'image de soi et la demande esthétique incitent les jeunes à s'intéresser à l'amélioration de leur état bucco-dentaire. Les désagréments du tabagisme, l'haleine et surtout l'esthétique peuvent être le facteur déclenchant une consultation et permettre au chirurgien-dentiste de délivrer un message préventif. La pratique d'un sport qui nécessite un contrôle régulier de la bouche aura aussi cet effet. C'est au praticien de saisir cette occasion.

L'importance de l'esthétique dans la recherche d'un emploi et la mode du « relooking » peuvent servir de levier au message de soins dentaires ou de rappels sur l'hygiène bucco-dentaire au quotidien.

Le comportement « de groupe » peut également être bénéfique : la généralisation du Programme national nutrition santé (PNNS) augmente l'impact d'une alimentation saine sur les jeunes en tant que groupe, et la démarche professionnelle du PNNS dentaire renforce cet impact au niveau individuel.

Il existe d'autres mesures de prévention comme le plan « Santé des jeunes » de 2008, essentiellement axé sur les 16-25 ans, et qui prévoit diverses mesures pour répondre aux comportements à risque, telle la mise en place de consultations « jeunes consommateurs », pour répondre aux déséquilibres alimentaires.

Éducation à la santé

En réalité, la prévention des pathologies bucco-dentaires doit être traitée comme celle des maladies chroniques, par « l'éducation à la santé ». Pour Monique-Marie Rousset, le message à délivrer est simple : « Naissance, enfance et adolescence, c'est là que se joue l'avenir bucco-dentaire de l'adulte. » Il nécessite un accompagnement à tous les âges. Mais attention, l'adolescent doit être reconnu « comme un individu responsable » !