Redéploiements - Clinic n° 4 du 01/04/1999
 

Clinic n° 4 du 01/04/1999

 

L'ÉVÉNEMENT

On annonçait son départ, il semble au contraire revenir en force à la direction de la CNAMTS. Le 30 mars dernier, Gilles Johanet a en effet obtenu, du conseil d'administration de la Caisse, l'adoption de son « plan stratégique d'action (1999-2002) », un projet regroupé autour de 22 propositions, qui peut être qualifié de grande première, par l'ampleur des réformes proposées, la remise en question de principes fondamentaux comme le conventionnement des praticiens ou le...


On annonçait son départ, il semble au contraire revenir en force à la direction de la CNAMTS. Le 30 mars dernier, Gilles Johanet a en effet obtenu, du conseil d'administration de la Caisse, l'adoption de son « plan stratégique d'action (1999-2002) », un projet regroupé autour de 22 propositions, qui peut être qualifié de grande première, par l'ampleur des réformes proposées, la remise en question de principes fondamentaux comme le conventionnement des praticiens ou le remboursement des actes médicaux et des prescriptions médicamenteuses et enfin par l'importance de la place accordée, pour une fois, au domaine bucco-dentaire.

Simple constat préalable. On pourra toujours ensuite débattre sur l'opportunité des propositions engageant la profession. Mais, avant tout, qu'on ne s'y trompe pas : c'est bien d'une maîtrise comptable des dépenses de santé qu'il s'agit. Essentiellement. Avec quelques « redéploiements » de « masses financières » vers certains secteurs « défavorisés », comme le dentaire, lequel fait lui-même l'objet de « redéploiements internes » en fonction des classes d'âge des patients.

Globalement, le plan propose de « redéfinir le domaine d'intervention de l'assurance maladie en donnant une priorité aux jeunes de 0 à 20 ans », pour lesquels soins conservateurs et prothèses seraient pris en charge à 100 %. Ce qui entraînerait un « désengagement sur les plus âgés ». Le coût de la mesure est en effet estimé à 5,5 milliards, dont une partie pourrait être couverte par les économies réalisées sur le déremboursement ou le moindre remboursement des médicaments dont « l'efficacité thérapeutique apparaît faible, voire incertaine ». Redéploiements toujours.

Pour les adultes, il y aurait ensuite la création d'une visite dentaire obligatoire, au moins biennale, avec établissement d'un bilan dentaire, dont le respect ou le non-respect déterminerait le taux de remboursement des actes conservateurs et des soins prothétiques.

D'ici fin mai, la CNAMTS s'engage à rencontrer localement la population et les professionnels de santé dans un débat qui, dit-elle, « concerne la Nation toute entière ». A vos marques !…

Une fois de plus

Tout laisse à penser qu'on se dirige vers une annulation de la convention des médecins généralistes. On peut dire « une fois de plus »… Au cours des 20 dernières années, toutes les conventions médicales ont été annulées ! Toutes les conventions dentaires avaient connu un sort identique jusqu'au texte d'avril 1997 toujours en vigueur. Ce constat démontre en fait une indifférence au droit de la part des interlocuteurs des professions de santé. Ceux qui signent comme ceux qui valident. Indifférence qui démontre le pouvoir et le plaisir de s'abstraire aux règles sociales. Plaisir bien imaginable mais non respectable.