Clinic n° 07 du 01/07/2010

 

GÉRER

ÉQUIPE ET ESPACE

Catherine FAYE  

Le cabinet de Bernard Lazaroo et de Claude Harari est à l’image de son environnement, ancré dans la vie et à échelle humaine. Situé au Plessis-Paté, une petite ville de l’Essonne, il allie haute technologie et esthétique puriste, dans une atmosphère conviviale.

Bernard Lazaroo est le mentor des lieux. Il parle de la dentisterie avec passion. Ce disciple de Jean-François Gaudy donne, entre autres, des cours à la Société d’anatomie et de pathologie oro-faciale (SAPO). Son dada, c’est l’anatomie. Débordant d’énergie, il reçoit une patientèle en provenance de tout le département, mais aussi de Fontainebleau, de Paris, de province. Un réseau de correspondants lui envoie, ainsi qu’à son associé, des cas cliniques divers.

Après avoir obtenu son diplôme en 1976, à Paris Descartes, trois années de collaboration dans un cabinet « vieillot, vétuste, sans stérilisation » le décident dans un premier temps à acheter un local dans un petit centre commercial. « C’était un de ces centres typiques de l’époque », s’amuse-t-il. Il y exerce une vingtaine d’années et installe un second fauteuil à l’étage pour accueillir un collaborateur. C’est de cette façon-là qu’il rencontre Claude Harari. Ils s’associent. Mais les lieux deviennent trop exigus : ils décident alors de chercher un nouvel espace et optent pour un projet de cabinet ultramoderne.

C’est au cœur du Plessis-Paté qu’ils découvrent la perle, un grand espace au sein d’une demeure en U, de deux étages, entièrement restaurée : « Des petits bâtiments qui font partie du paysage et s’intègrent dans le village. » Dans le centre-ville, passé et présent s’entremêlent : une église vieille de quelques siècles, l’ancienne école mixte dans une maison en meulière du XIXe siècle, un café qui fait à la fois office de bistrot, de magasin de journaux et de restaurant, un petit centre commercial…

Ils achètent les locaux dont ils sont aujourd’hui propriétaires à 50/50. D’un rez-de-chaussée d’une centaine de mètres carrés, ils ne conservent que les murs, « des murs épais comme on en faisait autrefois et qui ont l’avantage d’offrir une isolation optimale ». Plutôt en longueur, l’espace est à repenser. « Notre architecte a monté les plans selon nos desiderata. Tout est conforme aux normes d’hygiène que l’on enseigne à la SAPO », expliquent les partenaires. C’était il y a 2 ans. Trois salles de soins sont créées. La troisième est louée à un omnipraticien indépendant, le docteur Bodin, avec qui les deux praticiens ont des liens de qualité. Quant au duo Lazaroo-Harari, « un vieux couple de plus de vingt ans », il fonctionne sur un plan à la fois humain et professionnel.

Pour accéder au cabinet, on entre sans sonner. C’est une fois dans la salle d’attente que l’on choisit, sur le comptoir de l’accueil, sa sonnette, en fonction du praticien que l’on vient voir : tout est indiqué, expliqué, sous l’œil vigilant de caméras. Un espace d’accueil quasi monochrome avec une signalétique claire où, dès son arrivée, on enfile des surchaussures que l’on retirera et jettera dans une poubelle spécifique en repartant.

Une porte vitrée barrée d’un grand « Soins » donne accès au long couloir caractérisé par ses lignes de fuite, un parquet en chêne, des panneaux en bois laqué aux couleurs franches. Tout de suite à droite, la salle de chirurgie. Viennent ensuite les deux salles de soins, la stérilisation et la panoramique avec téléradiographie de profil, signée Planmeca Promax. Au sous-sol, la cave est aménagée en local technique. Les appareils bruyants et imposants y ont été installés : compresseur, ballon d’eau chaude, climatisation, aspiration… Originale, la salle de stérilisation est accessible des deux salles de soins grâce à des fenêtres qui permettent, telles des passe-plats, de faire circuler directement les instruments et les plateaux. L’agencement privilégie hygiène et efficacité.

Le long du couloir, des photos de Yann Arthus-Bertrand. « Grâce aux grandes portes vitrées des salles de soins, très claires avec les fenêtres qui donnent sur la cour, la lumière naturelle se faufile jusqu’au couloir. » Des placards, sans poignées, sont intégrés dans les murs. L’atmosphère est chaleureuse. Dans la première salle de soins, celle de Claude Harari, dont la spécificité est l’implantologie, fauteuil, meuble central « no touch », avec un système de tubs, et radio sont signés Planmeca. Son assistante, Amélie Legros, jongle entre accueil, soins et stérilisation. Comme dans tous les espaces de soins, le sol est recouvert de PVC, sans joints, pour une propreté optimale. Ergonomie, convivialité, qualité et ponctualité caractérisent l’espace comme tout le reste du cabinet dont l’esprit est « plein de joie ».

Les portes des salles de soins sont généralement ouvertes et s’il arrive qu’elles soient fermées, c’est qu’il ne faut pas entrer… « On peut aller voir l’autre, lui expliquer : “J’ai un cas comme ça, qu’est-ce que tu en penses ?” On n’a pas de rétention au niveau de l’information. La transparence est totale et c’est un avantage. » Le duo de praticiens associe des personnalités complémentaires : « Rien ne lui fait peur et Bernard est très disponible », argumente Claude Harari qui, selon son associé, est « un père tranquille, plein de gentillesse, professionnel et… qui me supporte ! »Leur philosophie dans leur exercice ? Curiosité, recherche, transmission et empathie.

Enfin, au bout du couloir, se trouve la spacieuse salle de soins de Bernard Lazaroo, bleue « comme la mer, le ciel, la liberté ». Ses spécialités ? Chirurgie buccale, implantologie, parodontologie… Deux masques vénitiens en papier mâché semblent jaillir d’un mur laqué indigo. Sur la droite, un petit bureau où Évelyne Wehrle, son assistante depuis 15 ans, travaille le plus souvent. À côté du laser, à portée de main du praticien, deux aéropolisseurs et un microscope Unikon Eclipse E 200 très utile, notamment pour la parodontie, et « qui sert à tout le cabinet ». Le fauteuil, Unic by Heakdental, est « propre, ergonomique, simple ». Pour les rangements, des bacs de couleur différente, des tiroirs et des tablettes dans un grand meuble automatisé signé Ferlain. C’est là que trône un petit Bouddha : « Pour moi, c’est un peu une protection et ça me rappelle mes origines vietnamiennes. Il faut bien s’ancrer quelque part. »

ON AIME : L’humour présent dans le cabinet. Dans la salle d’attente, une statuette représente un dentiste au grand nez rouge brandissant une dent arrachée avec un sourire de satisfaction… « Mon cabinet, c’est la maison de la torture…, s’amuse Bernard Lazaroo. Je fais de l’humour noir, on me connaît ! On m’envoie beaucoup d’enfants, je leur dis : “Allez, dépêche-toi sinon je t’arrache trois dents !” »