Clinic n° 01 du 01/01/2011

 

GÉRER

CHRONIQUE

Edmond BINHAS  

Alors que les fêtes de fin d’année nous ont permis de prendre quelques jours de congés, de nous retrouver en famille ou de prendre tout simplement le temps, nous revoilà plongés, avec la reprise de cette nouvelle année, dans une course effrénée contre le temps. Le temps, cette denrée qui est devenue très rare et qu’on aimerait pourtant élastique. Qui d’entre nous ne s’est pas surpris en train de dire : « Aujourd’hui, je n’ai vraiment pas le temps ! ». Cet...


Alors que les fêtes de fin d’année nous ont permis de prendre quelques jours de congés, de nous retrouver en famille ou de prendre tout simplement le temps, nous revoilà plongés, avec la reprise de cette nouvelle année, dans une course effrénée contre le temps. Le temps, cette denrée qui est devenue très rare et qu’on aimerait pourtant élastique. Qui d’entre nous ne s’est pas surpris en train de dire : « Aujourd’hui, je n’ai vraiment pas le temps ! ». Cet argument est à mes yeux irrecevable. Je m’explique. J’entends souvent dire : « Je n’arrive pas à trouver le temps de… ». Le secret réside dans le fait d’accepter que le temps ne se trouve pas. C’est à vous de le « faire ». Au quotidien, au cabinet ou dans notre vie personnelle, les sollicitations et projets, y compris très intéressants, sont de plus en plus nombreux. En réalité, en matière de gestion du temps, la question n’est pas de savoir quoi faire, mais plutôt de savoir quoi abandonner !

Par ailleurs, aujourd’hui nous sommes pressés par une société dans laquelle nous nous sentons forcés d’aller toujours plus vite et d’être toujours disponibles. On accomplit tout en deux temps et trois mouvements. Au cabinet, on se dit à peine bonjour le matin, on déjeune sur le pouce, on répond du tac au tac aux questions et aux sollicitations des patients, sans prendre le temps de revenir sur les problèmes rencontrés pour éviter leur répétition. Nous manquons de temps pour hiérarchiser nos activités en fonction de leur importance… L’urgence prime. Nous voilà entraînés dans la spirale du court terme.

Après une décennie de surenchère technologique et d’accélération des rythmes de vie, les appels à ralentir se multiplient. Objectif : « déconnecter » et « profiter de l’existence » sans être, par exemple, dérangés par un appareil électronique. Place enfin à la vraie vie : lire, sortir, voir sa famille, privilégier les rencontres, etc. Des initiatives ou des courants voient le jour comme la Journée internationale de la lenteur (21 juin), le développement du slow tourism (prendre le temps de voyager), du slow parenting (ne pas surcharger l’enfant d’activités extrascolaires) ou encore du slow media (ne pas lire ou téléphoner en regardant la télévision, le tout devant son ordinateur), pour n’en citer que quelques-uns.

Je vous invite donc à privilégier la qualité de vos activ­ités, de vos échanges par rapport à la quantité. Bien entendu, le rythme d’une journée de travail nous impose de savoir accélérer quand cela est nécessaire. Mais cette suractivité ne peut devenir une règle de fonctionnement permanente. Ralentir, c’est se poser pour réfléchir, choisir, agir selon ses convictions, maîtriser son temps pour apprendre à changer de vitesse selon ses différentes activités. Le moment est d’autant plus opportun qu’une nouvelle année professionnelle s’ouvre à vous. Pren­ez du recul vis-à-vis de votre cabinet. Quel est le bilan de l’année écoulée et son lot d’enseignements ? Quelles sont les ressources (temps, formations, congés) disponibles pour l’année à venir ? Quels sont vos projets ? Comment les mener à bien ? Prenez le temps d’en parler aux membres de votre équipe pour encore mieux les impliquer. Autant de réponses qui seront les ingrédients d’une année réussie. Pour parfaire cette réflexion, je ne peux que vous inviter à lire l’ouvrage de Jean-Louis Servan-Schreiber1, Trop vite !

1. Servan-Schreiber JL. Trop vite ! – Pourquoi nous sommes prisonniers du court terme. Paris : Albin Michel, 2010.