Le sinus maxillaire n’est plus un obstacle anatomique ! - Clinic n° 05 du 01/05/2012
 

Clinic n° 05 du 01/05/2012

 

L’ANALYSE

À LA PAGE

Philippe Lesclous  

Le titre volontairement provocateur de cette analyse illustre simplement ma première impression à la lecture de cet ouvrage exhaustif. Bien sûr, des limites tant du côté du praticien que de celui du patient viennent rapidement et rationnellement pondérer cette impres sion. Mais il faut quand même se rendre à l’évidence, les greffes sinusiennes maxillaires en implantologie deviennent des interventions de routine fiables.

Le socle

Les bases fondamentales inaugurent ce...


Le titre volontairement provocateur de cette analyse illustre simplement ma première impression à la lecture de cet ouvrage exhaustif. Bien sûr, des limites tant du côté du praticien que de celui du patient viennent rapidement et rationnellement pondérer cette impres sion. Mais il faut quand même se rendre à l’évidence, les greffes sinusiennes maxillaires en implantologie deviennent des interventions de routine fiables.

Le socle

Les bases fondamentales inaugurent ce livre par les indispensables rappels embryologiques et anatomiques, socle de tout ouvrage de chirurgie. Les contre-indications générales et locales, les indications ainsi que l’imagerie du sinus maxillaire sont fort bien exposées. En revanche, il est dommage que les bases fondamentales de la cicatrisation osseuse et de l’ostéo-intégration soient traitées de manière trop simpliste pour constituer une information moderne. Les alternatives à la greffe sinusienne maxillaire sont envisagées avant les différentes techniques chirurgicales, rappelant ainsi que la réflexion sur le bénéfice escompté de cette intervention doit être soigneusement menée et toutes les solutions possibles étudiées au préalable et exposées au patient.

La chirurgie

La partie chirurgicale, le corpus de cet ouvrage, est remarquablement construite. Les différentes techniques – abord latéral, abord crestal – sont décrites minutieusement. Chaque temps est expliqué de façon très didactique. L’abondante iconographie est d’une qualité exceptionnelle et renforcée par des schémas illustrant de nombreux détails. L’apport de la piézochirurgie, avancée technique désormais incontestable, est bien présenté, là encore avec minutie. La discussion sur les différents matériaux disponibles pour ce type de chirurgie est très dense, solidement étayée par des données scientifiques, histologiques et histomorphométriques. Tous sont envisagés aux travers de différents cas cliniques là aussi très bien illustrés. Les auteurs considèrent encore l’os autogène comme le gold standard même si aucune différence n’est retrouvée en termes de taux de survie implantaire. Ils ont un parti pris, celui d’associer dans la très grande majorité des cas un matériau osseux ou de substitution à ce type de chirurgie. Leur démarche scientifique leur fait cependant envisager la nécessité de recourir à un tel biomatériau alors que des résultats encourageants sont enregistrés en l’absence de leur utilisation dans certaines conditions bien explicitées. Nul doute qu’il s’agisse là non seulement d’un sujet de discussion mais surtout d’un concept appelé à se développer car il repose sur un principe physiologique, le potentiel ostéogénique de la membrane sinusienne (à l’instar de celui d’une autre membrane, le périoste). La recherche clinique devrait apporter certaines réponses à ce sujet. Cette partie chirurgicale se termine par un rappel à l’ordre bien utile, nulle technique n’est exempte de complications.

Au total, ce livre permettra aux étudiants et aux praticiens débutants de s’informer sur ce sujet et de prendre conscience des compétences à acquérir. Le praticien expérimenté y trouvera une mine de renseignements fiables à l’aune des données scientifiques disponibles. Bel ouvrage, vraiment.

Les greffes de sinus en implantologie Hadi Antoun et al. CdP, JPIO, 2011