Chirurgie orale : anxiété liée à l’extraction dentaire - Clinic n° 12 du 01/12/2012
 

Clinic n° 12 du 01/12/2012

 

PRESSE INTERNATIONALE

NOTRE SÉLECTION

Contexte

Les extractions dentaires sont considérées par beaucoup comme très angoissantes, classées dans le « top 5 » des actes dentaires les plus anxiogènes. L’extraction de la troisième molaire est la procédure potentiellement angoissante la plus commune en chirurgie orale et maxillo-faciale. Certains patients développent même des symptômes évocateurs du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) qui n’apparaît typiquement que lors d’événements mettant la vie...


Contexte

Les extractions dentaires sont considérées par beaucoup comme très angoissantes, classées dans le « top 5 » des actes dentaires les plus anxiogènes. L’extraction de la troisième molaire est la procédure potentiellement angoissante la plus commune en chirurgie orale et maxillo-faciale. Certains patients développent même des symptômes évocateurs du syndrome de stress post-traumatique (SSPT) qui n’apparaît typiquement que lors d’événements mettant la vie en danger, comme lorsqu’on est témoin ou victime d’un viol, d’une agression ou d’une catastrophe. Les expériences angoissantes ou traumatiques peuvent rendre les patients vulnérables, augmentant le risque d’anxiété dentaire persistante et de symptômes post-traumatiques. Une étude sur 34 patients a recherché les facteurs de risque possibles capables de provoquer une anxiété ou des SSPT après l’extraction d’une troisième molaire. L’impact émotionnel de l’extraction de la dent de sagesse et les facteurs de risque psychologique pouvant provoquer une anxiété et un SSPT ont été évalués dans un échantillon de patients plus large jusqu’à un mois après la chirurgie. La douleur et l’anxiété sont fortement liées au sexe.

Méthodes

L’extraction d’une troisième molaire mandibulaire était prévue chez 71 patients (36 hommes et 35 femmes). Les variables de soins et les variables psychologiques ont été évaluées immédiatement après la chirurgie, puis une semaine et un mois plus tard.

Résultats

Les femmes avaient des scores d’anxiété dentaire significativement plus importants que les hommes bien que présentant des expériences dentaires passées négatives et des états symptomatiques post-traumatiques similaires. Les molaires ont été extraites en 8 à 50 minutes. Une analyse des scores d’anxiété dentaire a indiqué un rôle prédominant du temps. L’anxiété dentaire était significativement plus importante en préopératoire qu’immédiatement après l’extraction. Des niveaux significativement plus faibles d’anxiété ont été notés au bout d’une semaine et d’un mois, sans aucune différence entre ces dernières mesures. Les symptômes post-traumatiques au bout d’un mois étaient significativement plus faibles que les symptômes préopératoires ou que ceux à une semaine. Il y avait une augmentation, non significative, de ces symptômes une semaine après le traitement.

Les patients ayant eu plusieurs expériences antérieures angoissantes présentaient une anxiété significativement plus importante pendant le traitement, immédiatement après l’intervention, une semaine et un mois après le traitement que ceux qui n’avaient jamais eu d’expérience négative. Cependant, 10 patients seulement ont montré des SSPT plus élevés au bout de un mois qu’en préopératoire et 30 en ont montré de moins élevés. Seule la durée de l’acte chirurgical présumait de symptômes postopératoires de stress post-traumatique plus importants.

Discussion

L’impact émotionnel immédiat de l’extraction d’une dent de sagesse était relativement modeste chez ces patients. Le développement de l’anxiété et sa persistance à long terme ainsi que les autres traumatismes psychologiques n’étaient pas beaucoup influencés par l’extraction chirurgicale. Rien n’indiquait que des expériences antérieures négatives ou une anxiété psychologique sévère liée à des traitements dentaires aient provoqué de façon systématique une anxiété dentaire postopératoire accrue ou des SSPT.

APPLICATION CLINIQUE

Selon les résultats de cette étude, une approche standardisée utilisant la sédation ou l’anesthésie générale chez des patients devant subir une extraction de dent de sagesse n’influencera pas significativement les niveaux d’anxiété à long terme. Il est rassurant de savoir que l’extraction des troisièmes molaires sous anesthésie locale, sans sédation ni anesthésie générale, n’augmentera pas le degré d’anxiété des patients ou le traumatisme psychologique. Il serait intéressant de voir ce qui se passe chez les patients avec des niveaux plus élevés d’anxiété en préopératoire et avec d’autres types de soins.